mercredi 13 mars 2024

Observations du 13/03/2024 concernant le projet de SDRIF

 


Fontainebleau Patrimoine

 

Association loi 1901 n° 9741 déclarée au JORF du 11 décembre 1996 p. 5454

Site : fontainebleau-patrimoine.blogspot.fr Courriel : echosbleau@gmail.com Tel : 01 60 74 80 33

24, Bd Thiers 77300 Fontainebleau

 

OBSERVATIONS CONCERNANT LE

PROJET DE SCHEMA DIRECTEUR DE LA REGION ILE DE FRANCE

 

Enquête publique du 1/2 au 16/3/24

 

Sommaire

Introduction


I. Sur les objectifs généraux et l'objectif de construction


A. Sur les facteurs limitants et en particulier les transports


B. Sur la lutte contre les îlots de chaleur


II. Sur les intérêts publics négligés


A. Sur le patrimoine et le cadre de vie


B. Sur la protection des bois et forêts


Conclusions 


 

 


 

Introduction

 

Les statuts de Fontainebleau Patrimoine précise :

"1. L'Association a pour objets :

a) la protection et la mise en valeur du patrimoine culturel ainsi que les éléments du domaine public (comme par exemple : la Villa Lavaurs, la Bibliothèque,…);

b)  la protection et la mise en valeur de l'environnement et du cadre de vie;

c) l'amélioration des services au public dans le cadre d'un aménagement du territoire harmonieux.

2. Dans ce cadre, l'Association s'assurera de la bonne information du public sur les choix et alternatives sur les domaines visés par ses objets, par tout moyen y compris des bulletins et un site internet.

De même, l'Association est compétente pour faire toute proposition et tout recours juridique devant toute juridiction relativement aux  documents suivants dès lors qu'ils ont un impact même limité sur le territoire des communes de Fontainebleau-Avon : […]

- schéma directeur de la région Ile de France; […].

3. L'Association est compétente sur l'ensemble du territoire des deux communes de Fontainebleau-Avon mais également pour l'ensemble des zones géographiques couvertes part les documents visés au 2".

 

 

Le Schéma directeur de la région Ile de France (SDRIF) réglemente l'utilisation du sol, la localisation des infrastructures de transports et des grands équipements, les moyens de protection et de mise en valeur de l'environnement, et la localisation préférentielle des extensions urbaines, ainsi que les activités industrielles, artisanales, agricoles, forestières et touristiques.

 

Il pousse à la densité et au bétonnage sans tenir compte des caractéristiques du territoire, aggrave l'artificialisation par une sur-utilisation du territoire régional en augmentant la population consommatrice de ressources naturelles, sans tenir du cadre de vie des habitants et au mépris des monuments et sites.

 

            Nous démonterons que l'évaluation stratégique de l'impact sur l'environnement est tout à fait insuffisante.

 

 


I. Sur les objectifs généraux et l'objectif de construction

 

L'article L. 123-1 du code de l'urbanisme dispose :

« Le schéma directeur de la région d'Ile-de-France a pour objectif de maîtriser la croissance urbaine et démographique et l'utilisation de l'espace tout en garantissant le rayonnement international de cette région.

Il précise les moyens à mettre en œuvre pour corriger les disparités spatiales, sociales et économiques de la région, coordonner l'offre de déplacement et préserver les zones rurales et naturelles afin d'assurer les conditions d'un développement durable de la région.

Il détermine notamment la destination générale de différentes parties du territoire, les moyens de protection et de mise en valeur de l'environnement, la localisation des grandes infrastructures de transport et des grands équipements.

Il détermine également la localisation préférentielle des extensions urbaines, ainsi que des activités industrielles, logistiques, artisanales, agricoles, forestières et touristiques.

Il fixe une trajectoire permettant d'aboutir à l'absence de toute artificialisation nette des sols ainsi que, par tranches de dix années, un objectif de réduction du rythme de l'artificialisation. »

 

Ce schéma doit respecter le principe d'équilibre de l'article L. 101-2 du code de l'urbanisme dispose :

« Dans le respect des objectifs du développement durable, l'action des collectivités publiques en matière d'urbanisme vise à atteindre les objectifs suivants :

1° L'équilibre entre :

a) Les populations résidant dans les zones urbaines et rurales ;

b) Le renouvellement urbain, le développement urbain et rural maîtrisé, la restructuration des espaces urbanisés, la revitalisation des centres urbains et ruraux, la lutte contre l'étalement urbain ;

c) Une utilisation économe des espaces naturels, la préservation des espaces affectés aux activités agricoles et forestières et la protection des sites, des milieux et paysages naturels ;

d) La sauvegarde des ensembles urbains et la protection, la conservation et la restauration du patrimoine culturel ;

e) Les besoins en matière de mobilité ;

2° La qualité urbaine, architecturale et paysagère, notamment des entrées de ville ;

3° La diversité des fonctions urbaines et rurales et la mixité sociale dans l'habitat, en prévoyant des capacités de construction et de réhabilitation suffisantes pour la satisfaction, sans discrimination, des besoins présents et futurs de l'ensemble des modes d'habitat, d'activités économiques, touristiques, sportives, culturelles et d'intérêt général ainsi que d'équipements publics et d'équipement commercial, en tenant compte en particulier des objectifs de répartition géographiquement équilibrée entre emploi, habitat, commerces et services, notamment les services aux familles, d'amélioration des performances énergétiques, de développement des communications électroniques, de diminution des obligations de déplacements motorisés et de développement des transports alternatifs à l'usage individuel de l'automobile ;

4° La sécurité et la salubrité publiques ;

5° La prévention des risques naturels prévisibles, des risques miniers, des risques technologiques, des pollutions et des nuisances de toute nature ;

6° La protection des milieux naturels et des paysages, la préservation de la qualité de l'air, de l'eau, du sol et du sous-sol, des ressources naturelles, de la biodiversité, des écosystèmes, des espaces verts ainsi que la création, la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques ;

6° bis La lutte contre l'artificialisation des sols, avec un objectif d'absence d'artificialisation nette à terme ;

7° La lutte contre le changement climatique et l'adaptation à ce changement, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l'économie des ressources fossiles, la maîtrise de l'énergie et la production énergétique à partir de sources renouvelables ;

8° La promotion du principe de conception universelle pour une société inclusive vis-à-vis des personnes en situation de handicap ou en perte d'autonomie dans les zones urbaines et rurales ».

 

Selon la note explicative (pièce n° 1-1), on comprend le projet régional  :

"le nouveau schéma ambitionne à la fois de :

1. Adapter le territoire francilien au réchauffement climatique ;

2. Préserver la nature ;

3. Accueillir 50 000 nouveaux Franciliens et permettre la construction de 70 000 nouveaux

logements par an ;

4. Inscrire la région dans la trajectoire de sobriété foncière (ZAN) ;

5. Relocaliser des activités productives pour assurer notre souveraineté économique, qui a été questionnée lors de la crise du COVID-19."

 

L'objectif 3 est parfait incompatible avec les objectifs 1, 2 et 4 et avec l'article L. 123-1 du code de l'urbanisme, puisque l'on ne répond pas à l'«objectif de maîtriser la croissance urbaine et démographique » mais au contraire on vise à l'aggraver par une augmentation de population.

 

Il est vrai qu'il s'appuie sur l'article 1er de la Loi n° 2010-597 du 3 juin 2010 relative au Grand Paris « Le Grand Paris est un projet urbain, social et économique d'intérêt national qui unit les grands territoires stratégiques de la région d'Ile-de-France, au premier rang desquels Paris et le cœur de l'agglomération parisienne, et promeut le développement économique durable, solidaire et créateur d'emplois de la région capitale. Il vise à réduire les déséquilibres sociaux, territoriaux et fiscaux au bénéfice de l'ensemble du territoire national. Les collectivités territoriales et les citoyens sont associés à l'élaboration et à la réalisation de ce projet.

Ce projet s'appuie sur la création d'un réseau de transport public de voyageurs dont le financement des infrastructures est assuré par l'Etat.

Ce réseau s'articule autour de contrats de développement territorial définis et réalisés conjointement par l'Etat, les communes et leurs groupements. Ces contrats participent à l'objectif de construire chaque année 70 000 logements géographiquement et socialement adaptés en Ile-de-France et contribuent à la maîtrise de l'étalement urbain".

 

 

L'absence d'évaluation environnementale et de concertation concernant cet objectif fait peser un très grand poids sur la licéité du futur SDRIF au regard de la Convention d'Aarhus et la directive sur l'évaluation stratégique des plans et programmes ayant un impact sur l'environnement.

La Convention d’Aarhus sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement a été adoptée sous l’égide de la Commission économique pour l’Europe des Nations Unies le 25 juin 1998, en vigueur depuis le 30 octobre 2001. Son article 6 fait obligation aux Parties de garantir  la participation du public aux processus d'adoption des décisions ayant un effet potentiellement important sur l’environnement. Certaines activités relèvent de plein droit de cette obligation, d'autres devant être précisées par les Etats. Son article 7 demande un cadre transparent et  équitable pour la participation  du public en ce qui concerne les  plans et programmes relatifs à  l’environnement.

Il n'est pas discuté que la Convention engendre des obligations pour les États membres. La question  de son invocablité directe par les particuliers a été diversement appréciée. Il s'agit de déterminer si ces dispositions fondent des obligations inconditionnelles et suffisamment précises de nature à régir directement la situation juridique[1]. La jurisprudence a longtemps hésité. Des décisions récentes ont confirmé que les dispositions sur la participation du public sont d'effet direct, y compris en matière de droit de l'urbanisme.

La Directive 2001/42/CE du Parlement européen et du Conseil du 27 juin 2001 est relative à l'évaluation des incidences de certains plans et programmes sur l'environnement (dite directive ESIE[2]). Dans notre contexte, son article 3 prévoit qu'une évaluation environnementale est effectuée préalablement à l'approbation des plans et programmes élaborés pour les secteurs de l'aménagement du territoire urbain et rural ou de l'affectation des sols. Ces documents définissent le cadre dans lequel la mise en oeuvre des projets susceptibles d'avoir des incidences notables sur l'environnement[3] selon le type ou en raison de la présence d'un site Natura 2000.  Une évaluation au cas par cas est prévue pour les modifications mineures ou les autres plans et programmes (§ 3, 4 et 5). Son article 6 prévoit qu'une autorité environnementale est consultée ainsi que le public pour recueillir leurs avis. Il n'est pas douteux que cette directive trouve bien application aux documents d'urbanisme[4], indépendamment du fait que les demandes ultérieures d’autorisation d’urbanisme seront soumises à une procédure d’évaluation des incidences au sens de la directive sur l'impact des projets[5]. La directive ESIE s'étend, elle, aux règles fixant les conditions générales pour la délivrance de permis d’urbanisme ayant une telle incidence[6].

 

L'objectif se traduit ainsi selon le résumé non technique (pièce n° 1-2) :

- "le SDRIF-E se donne pour objectif que 90% de ces logements soient produits en renouvellement urbain, c'est-à-dire en remplacement de logements moins denses ou d'autres types de bâtiments existants. Les capacités d'accueil des villes pourront être augmentées en construisant des bâtiments davantage en hauteur, en construisant sur des friches ou à la place de zones commerciales peu dynamiques ou en transformant certains bureaux en logements". 

- "Le SDRIF-E fixe aussi des objectifs d'augmentation du nombre de logements à l'horizon 2040 selon les caractéristiques des territoires :

• + 13% en moyenne en Île-de-France,

• + 15% dans les communes dotées d'une gare, ainsi que dans les polarités des villes moyennes, des petites villes et des communes rurales,

• + 17% dans les polarités de coeur d'amélioration et de la couronne d'agglomération, en rose clair et jaune dans la carte ci-contre".

 

A. Sur les facteurs limitants et en particulier les transports

 

En écologie du développement comme en biologie, un facteur limitant est le facteur qui va conditionner la vitesse ou l’amplitude d’un phénomène plurifactoriel à un moment précis.

En droit de l'urbanisme, la saturation de certaines infrastructures essentielles sont de nature à interdire l'extension de la construction. On pense évidemment à la question de l'assainissement ou de l'approvisionnement en eau. Il est clair que lorsqu'une station d'épuration est saturée, l'accueil de population nouvelle entraîne nécessairement un excédent qui ne peut être traité. La jurisprudence sanctionne d'ailleurs les nouveaux permis de construire dans les communes qui ne peuvent satisfaire ses besoins essentiels.

 

La question des transports fonde une grande partie de la réflexion sur l'urbanisme moderne : c'est l'automobile qui a formaté la pratique foncière. Toute augmentation de population a des effets sur les transports et les transports conditionnent l'implantation des populations et des emplois. Le droit de l'urbanisme exige que l'évaluation environnementale de la planification d'urbanisme porte évidemment sur les transports : "La localisation préférentielle du développement de l’habitat et des activités que prévoient les SCOT et les PLU a des conséquences sur les besoins de mobilité des habitants et des actifs. Selon les modes de transport utilisés, un accroissement des déplacements peut engendrer des incidences sur les consommations d’énergie, la qualité de l’air, les émissions de gaz à effet de serre, les continuités écologiques et le bruit. Les documents d’urbanisme sont donc également des leviers très importants en termes de mobilité, et donc de maîtrise des conséquences environnementales des déplacements, principalement les SCOT et les PLU dans les territoires urbains et périurbains. Les évolutions récentes du code de l’urbanisme ont également renforcé leur rôle en la matière, en particulier l’articulation entre développement urbain et transports collectifs." (Commissariat général au développement durable, Guide de l’évaluation environnementale des documents d’urbanisme, Une démarche au service de la qualité des documents d’urbanisme, Novembre 2019).

 

Or, le schéma directeur de la Région Ile de France est fondé sur une double aporie : la volonté de construire en densifiant une région dont les transports sont saturés ou en voie de l'être. La population de la région Île-de-France est en constante augmentation, et devrait atteindre 13 millions d'habitants en 2040. Cette croissance va générer une augmentation de la demande de transport, qui devra être satisfaite de manière durable et efficace.

On relève dans les priorités du Projet d'aménagement régional (p. 20) : "5. Améliorer la mobilité des Franciliens grâce à des modes de transport robustes, décarbonés et de proximité La région poursuivra le développement des transports en commun et des mobilités actives pour améliorer la robustesse du système de déplacements, le polycentrisme régional et la qualité de vie des Franciliens."

Une telle ambition est louable, mais à la condition qu'elle soit faisable et réaliste et surtout que l'objectif de construction soit plafonné à la capacité d'absorption de la population dans les transports.

 

L'évaluation environnementale stratégique (ou prétendue telle) a raison de vouloir "lier urbanisme et transport" (p. 190). Cependant, loin d'analyser l'état initial des transports, comme la Loi lui impose d'ailleurs, elle perd dans des généralités et des affirmations partant du principe que l'écoulement du temps viendra résoudre les difficultés par un volontarisme dont seul l'affichage paraît être une garantie. Seul une allusion noyée démontrée la gravité du problème : "Le réseau de transports se trouve toutefois confronté à d’importants problèmes de saturation ; par ailleurs 43 % des habitants de grande couronne n’ont d’autre alternative que l’automobile pour se déplacer" (p. 61). Quant à l'analyse des effets probables, autre exigence de la Loi, et alors que la population, pardon, doit augmenter, ils ne sont pas analysés, ce qui condamne à notre avis tout fondement sérieux à ce SDRIF.

L'autorité environnementale constate la gravité de la situation dans son Avis délibéré n°2023-98 du 21 décembre 2023: "Avec un temps moyen de déplacement quotidien d’1h30 alors qu’il dépasse à peine une heure en moyenne nationale, et plus de 40 millions de déplacements quotidiens, la mobilité des personnes et des biens est une question centrale" et se borne à constater : "L’EES ne donne pas d’éléments d’analyse des incertitudes des effets du Sdrif-E sur la mobilité", " Les indicateurs relatifs aux évolutions de mobilité sont presque absents ou peu pertinents ".

 

Non seulement les besoins en transports ne sont pas analysés, mais l'impact de la construction sur lesdits besoins n'est pas mentionné : en d'autres termes, le projet de SDRIF s'inscrit dans une démarche irrationnelle en refusant de prendre acte des effets négatifs probables qu'il va avoir.

 

Il va de soi qu'ainsi le projet viole l'Article L. 104-4 du code de l'urbanisme : "Le rapport de présentation des documents d'urbanisme mentionnés aux articles L. 104-1 et L. 104-2 [donc le SDRIF de plein droit] :

1° Décrit et évalue les incidences notables que peut avoir le document sur l'environnement ;

2° Présente les mesures envisagées pour éviter, réduire et, dans la mesure du possible, compenser ces incidences négatives ;

3° Expose les raisons pour lesquelles, notamment du point de vue de la protection de l'environnement, parmi les partis d'aménagement envisagés, le projet a été retenu".

On rappellera selon l'annexe I de la Directive 2001/42/CE du Parlement européen et du Conseil du 27 juin 2001 relative à l'évaluation des incidences de certains plans et programmes sur l'environnement que l'on doit analyser : " f) les effets notables probables sur l'environnement(1), y compris sur des thèmes comme la diversité biologique, la population, la santé humaine, la faune, la flore, les sols, les eaux, l'air, les facteurs climatiques, les biens matériels, le patrimoine culturel, y compris le patrimoine architectural et archéologique, les paysages et les interactions entre ces facteurs".

 

Notre analyse ne s'arrête pas là : elle constate que, malgré la difficulté de disposer des statistiques sur le sujet de la saturation qui semble tabou, on peut accéder à des rapports qui dénoncent celle-ci ainsi que la dégradation de la qualité de service des transports collectifs. Nous prendrons par exemple celui de la Cour des comptes, La qualité de service du réseau express régional (RER) en Île-de-France, Rapport public thématique, 18 octobre 2023 : "Toutes les lignes présentent d’importants enjeux en termes de fréquentation (en croissance d’environ 20 % en 10 ans), d’infrastructures et de qualité de service. Certaines sont saturées (la capacité des lignes B et D plafonne alors que leur trafic augmente de 2 % par an depuis 2010) et il ne se passe pas de semaine sans que des incidents de toute nature ne viennent détériorer le niveau de service, provoquant incompréhensions et exaspérations".

Dans le contexte local de Fontainebleau, on constate régulièrement que le réseau ferroviaire n'est plus en mesure d'absorber les usagers, d'autant que les projets urbains de Melun aggrave la situation. M. Alain Krakovitch, ancien directeur des lignes D et R du réseau transilien indiquait que la pression urbaine est de nature à aggraver la situation de saturation actuelle des transports ferroviaires et demandait aux élus d'arréter d'augmenter une population que le réseau ne peut plus absorber.

Par ailleurs, cette saturation s'aggrave avec de nouveaux besoins générés par l'accroissement de la population issue des projets d'urbanisation et de densification massives. En d'autres termes, il est irresponsable d'accueillir de nouveaux logements alors que l'accès à l'emploi et aux services supposent de recourir à des réseaux qui ne satisfont pas les besoins du public. Il est en plus demander aux Franciliens de changer de mode de transport en passant de la mobilité automobile individuelle à des modes collectifs, ce qui augmente mécaniquement les besoins.

Alors que le réseau doit faire l'objet d'investissements à taille constante, il est continuellement sous la pression de besoins grandissants impliqués par l'augmentation du nombre de logements. De nombreux projets d'urbanisation ne tiennent pas compte de l'état des transports collectifs, alors qu'il s'agit d'une obligation prévue par le code de l'urbanisme dans le cadre du diagnostic obligatoire des documents d'urbanisme et une raison logique à améliorer la cohérence entre la construction et la disponibilité. Les collectivités locales n'ont pas toujours l'expertise pour faire le bilan coûts/avantages entre l'accroissement de l'habitat et l'insuffisance des mobilités.

 

Il paraît donc irresponsable en l'état du réseau d'aggraver la charge, le SDRIF devrait donc maîtriser la démographie en limitant la construction dans l'atteinte que des capacités réelles existent et en tenant compte en outre des disparités infra-régionales. De toute façon l'état dégradé du réseau actuel n'incite pas à un report modal. Cela suppose un travail autrement plus approfondi que les seules affirmations données en pâture au public.

B. Sur la lutte contre les îlots de chaleur

 

Une Communication de la commission Agriculture, environnement et ruralité du Conseil économique social et environnemental régional d'Ile de France "L’Agriculture, l’alimentation, la forêt et les sols face au défi du changement climatique" du 10 décembre 2015 (p. 16) : "La ville, de par sa forme et constitution mêmes, génère un phénomène de surchauffe, connu sous le nom « d’îlot de chaleur urbain », qui engendre un écart entre la température moyenne de Paris intra-muros et celle des zones rurales d’Île-de-France. Or, cet îlot de chaleur s’aggrave sous l’effet du dérèglement climatique".

 

Dans son Avis délibéré n°2023-98 du 21 décembre 2023, l'autorité environnementale note sans commentaire : "En matière de lutte contre les îlots de chaleur urbains, le Sdrif-E fixe des orientations portant sur l’accroissement des espaces végétalisés ouverts au public (OR 28, 29, 30 et 11) et aquatiques (OR 22 et 23)."

 

Tout cela paraît très insuffisant : la surdensité et la suppression des espaces libres des villes aggravent les îlots de chaleur. Bien évidemment, cet aspect des choses est superbement ignoré et même l'orientation OR 28 présente une incohérence "Le développement urbain et l’accroissement de la densité doivent s’accompagner du développement d’un maillage d’espaces verts accessibles aux habitants et aux usagers du territoire, prioritairement dans les secteurs les plus carencés". La plupart du temps le développement urbain et l’accroissement de la densité s’accompagne de la destruction d’un maillage d’espaces verts.

Nous soulignons par exemple un rapport : "La végétalisation de pleine terre est plus efficace que celle des toits pour rafraîchir l’air de la ville" (projet MUSCADE Modélisation Urbaine et Stratégie d’adaptation au Changement climatique pour Anticiper la Demande et la production Énergétique de Météo France-CNRS).

 

 

 


II. Sur les intérêts publics négligés

A. Sur le patrimoine et le cadre de vie

 

Dans l'introduction de la Présidence de la région au Projet d'aménagement régional (PAR) (pièce n° 2-1 p. 6) : il est écrit : "Loin des critiques permanentes, l'Île-de-France se différencie par la qualité de vie qu'elle offre à ses habitants. Les siècles écoulés sur ce territoire, coeur vibrant des plus grands évènements de notre histoire, nous ont laissé en héritage un patrimoine culturel d'une richesse exceptionnelle qui explique que l'Île-de-France reste, année après année, la première destination touristique au monde".

On lit plus loin dans le PAR (p. 92) : "Le patrimoine francilien est reconnu internationalement, avec notamment l'inscription sur la liste du patrimoine mondial des rives de Seine à Paris, des châteaux de Versailles et Fontainebleau […] De nombreux monuments historiques et sites classés témoignent quant à eux d'une reconnaissance nationale. Le patrimoine urbain comme le patrimoine vernaculaire, ou ordinaire (pavillons en meulière, corps de ferme, etc.) participent eux aussi de l'identité francilienne. Ce patrimoine, qu'il soit exceptionnel ou plus ordinaire, doit être protégé et pleinement intégré à l'aménagement d'une région dont les tissus urbains et les paysages se transforment. - il s'agit de poursuivre la politique de protection et de préservation, à la fois des édifices et des paysages bâtis et non bâtis. En parallèle, la région se transforme : le renouvellement urbain*, l'adaptation au changement climatique, l'accélération de la transition énergétique pour atteindre la neutralité carbone, la réindustrialisation, les nouveaux besoins résidentiels bousculent le cadre que l'on connaît aujourd'hui et posent l'enjeu de la participation des tissus anciens à ces transformations".

 

Nous passerons sur le reste du texte qui approuve l'idée de non-dénaturation, sachant que les orientations réglementaires, elles, ne le prévoient pas réellement :  (PAR, p. 97) : "Les évolutions architecturales (surélévations, extensions latérales, divisions de grands bâtiments, etc.) devront être encadrées afin de ne pas dénaturer le bâti et d'adopter des stratégies urbaines cohérentes (insertion des nouveaux projets dans leur environnement, maintien d'espaces de respiration : cœurs d'îlot, jardins, etc.). Le parc de logements anciens, qui représente 23 % des logements vacants dans les communes rurales de la région, devra évoluer pour s'adapter aux attentes contemporaines (grandes surfaces, luminosité, espace extérieur), en privilégiant les réhabilitations plutôt que les démolitions-reconstructions". 

 

L'objectif de défense du patrimoine culturel bâti semble bien rester lettre morte dans les orientations réglementaires qui ne comporte aucune orientation pour sa protection ou les précautions nécessaires : la densification est donc le seul maître mot.

On lira une vague précaution visant parmi d'autres sujets ce patrimoine, mais dans une introduction au contenu juridiquement faible (prendre en compte n'est pas appliqué en compatibilité, ce qui est d'autant plus absurde en cas de risques!) : "Elles ne font pas obstacle à la prise en compte par les documents d'urbanisme locaux des servitudes d'urbanisme et des servitudes d'utilité publique, notamment celles concernant la prévention des risques naturels et technologiques et la protection du patrimoine (monuments historiques, sites naturels inscrits et classés, patrimoine architectural, etc.) et les plans d'exposition au bruit des aérodromes. »(pièce n° 2-2 p. 8),

La qualité et l'insertion architecturale ne font pas de développement très intéressant et reste dans des généralités : "OR 63 Les documents d'urbanisme ne doivent pas obérer la mise en oeuvre d'actions visant la rénovation énergétique du parc immobilier existant, dans le respect de la qualité patrimoniale et architecturale du bâti et des qualités paysagères des sites ».

On mentionnera cependant une prise en compte, dont on rappelle que ce n'est donc pas une priorité: "OR 76 Les développements urbains et l'intensification des espaces urbanisés existants doivent prendre en compte les caractéristiques paysagères, les éléments patrimoniaux d'urbanisation traditionnelle et le patrimoine vernaculaire. Dans le cadre du renouvellement urbain, la reconversion et la réhabilitation du bâti existant présentant un intérêt patrimonial ou architectural doit être privilégiée à la démolition. »

 

Le principe d'équilibre de l'article L. 101-2 du code de l'urbanisme prévoit cependant une meilleure prise en considération de : "1. c) Une utilisation économe des espaces naturels, la préservation des espaces affectés aux activités agricoles et forestières et la protection des sites, des milieux et paysages naturels ; d) La sauvegarde des ensembles urbains et la protection, la conservation et la restauration du patrimoine culturel ; […] 2° La qualité urbaine, architecturale et paysagère, notamment des entrées de ville ; ».Il y a donc un déséquilibre significatif dans les objectifs du SDRIF.

L'évaluation environnementale stratégique précise : "les logiques patrimoniales se sont étendues à l'espace autour des monuments puis aux territoires présentant un intérêt historique, architectural ou artistique : les abords des monuments et les sites patrimoniaux remarquables couvrent ainsi près de 12 % de la superficie régionale. Au total, 17 % du territoire francilien est concerné par des protections fortes du patrimoine bâti". 

De bonnes questions sont posées, mais sans réponses (p. 214) :

"• Les dispositions du SDRIF-E sont-elles susceptibles d'avoir des impacts sur les paysages, d'obstruer des points de vue remarquables, des belvédères, ou de porter atteinte aux sites remarquables (classés, inscrits, UNESCO…) ?

• Le SDRIF-E favorise-t-il l'insertion urbaine, architecturale, et paysagère des projets futurs ou des extensions de bâtiments, ouvrages existants ".

 

Dans son Avis délibéré n°2023-98 du 21 décembre 2023, l'autorité environnementale souligne portant l'importance de la question : "Les paysages de la région Ile-de-France cumulent à la fois des grands massifs boisés (Fontainebleau, Rambouillet), des grands champs ouverts sur des plateaux et un patrimoine bâti exceptionnel dont 17 % sont l’objet de protections fortes. Ce paysage est sujet à une altération liée à l’étalement urbain et à la réalisation de nouveaux équipements. L’enjeu de la préservation du patrimoine bâti doit se concilier avec les objectifs de recyclage dans la perspective d’absence d’artificialisation nette en 2050".

Nous sommes malheureusement en désaccord avec Avis délibéré n°2023-98 du 21 décembre 2023 de l'autorité environnementale "Le patrimoine paysager fait l’objet d’une attention particulière : les OR 72 à 76 imposent la préservation et la valorisation des grands paysages structurants, des belvédères, encouragent la requalification des entrées de villes et des centres-villes dégradés, et la reconversion/réhabilitation du bâti existant, développent l’accessibilité aux éléments paysagers patrimoniaux (notamment pour des mobilités actives)". L'analyse tient plus du résumé, et malheureusement certains termes comme requalification ne sont pas synonymes de préservation.

B. Sur la protection des bois et forêts

 

Malgré des affirmations nombreuses, la protection des bois et forêts présente de très graves défectuosités et nous pensons qu'il existe un déséquilibre entre les orientations poussant à al construction et celles défendant les espaces boisés.

 

Des questions excellentes sont posées dans l'évaluation environnementale, mais on dirait bien qu'elles n'ont pas des réponses excellentes :

 

Les massifs forestiers

et la ressource en bois

• Anticiper le dérèglement climatique, adapter la sylviculture et dynamiser la séquestration du carbone par la forêt

• Préserver la multifonctionnalité des forêts (biodiversité, ressourcement et accueil du public, production de matériaux et d'énergie)

• Développer la filière bois francilienne, en réimplantant première et deuxième transformation en Île-de-France

• Protéger les forêts franciliennes de l'urbanisation et stopper l'enclavement des massifs forestiers par l'urbanisation

• Les dispositions du SDRIF-E préservent-elles la multifonctionnalité  des forêts franciliennes (biodiversité, ressourcement et accueil du public, production de matériaux et d'énergie) ?

• Le SDRIF-E réduit-il les pressions de l'urbanisation sur les massifs forestiers, notamment leur enclavement ?

• Les dispositions du SDRIF-E favorisent-elles le développement de la filière bois francilienne

 

Dans son Avis délibéré n°2023-98 du 21 décembre 2023, l'autorité environnementale souligne portant l'importance de la question : "Les paysages de la région Ile-de-France cumulent à la fois des grands massifs boisés (Fontainebleau, Rambouillet), des grands champs ouverts sur des plateaux et un patrimoine bâti exceptionnel dont 17 % sont l’objet de protections fortes. Ce paysage est sujet à une altération liée à l’étalement urbain et à la réalisation de nouveaux équipements. L’enjeu de la préservation du patrimoine bâti doit se concilier avec les objectifs de recyclage dans la perspective d’absence d’artificialisation nette en 2050".

1. Une protection foncière insuffisante

 

Une orientation semble protéger les bois et forêts : "OR 17 Les espaces boisés et les espaces naturels doivent être préservés de toute nouvelle urbanisation, y compris s'ils ne figurent pas sur les cartes réglementaires du SDRIF-E. Cette orientation s'applique sans préjudice des dispositions du code forestier et du code de l'environnement permettant sous conditions la réalisation de certaines opérations dans ces espaces. "

Mais elle annonce des exceptions portées par une autre orientation. Elle fragilise grandement cette prétendue protection ou alors constitue une magnifique contradiction dans les termes: "OR18 À titre exceptionnel, à condition de ne pas être incompatibles avec l'exercice d'une activité pastorale ou forestière en place et de ne pas porter pas atteinte à la sauvegarde des espaces naturels et des paysages, peuvent être autorisés dans les espaces boisés et les espaces naturels, sous réserve que les dispositions législatives et réglementaires applicables à ces espaces permettent de l'envisager : a. le passage des infrastructures, sous réserves qu'aucune autre solution ne soit techniquement possible à un coût raisonnable et que son impact soit limité, notamment par une adaptation de l'ouvrage à son environnement ; b. l'exploitation des carrières, sous réserve de ne pas engendrer des destructions irréversibles et de garantir le retour à une vocation naturelle ou boisée des sols concernés ; […] ; d. les installations permettant d'accueillir du public à la condition qu'elles n'engendrent pas d'artificialisation des sols ; […]".

2. Une portée affaiblie de la règle de protection des lisières des bois et forêts

 

La règle sur la protection des lisières des bois et forêts souffre de plusieurs vices constitutifs qui ne sont pas faciles à distinguer à la lecture : "OR 20 Les lisières des espaces boisés doivent être protégées. En dehors des sites urbains constitués, toute nouvelle urbanisation, à l'exception des bâtiments agricoles, ne peut être implantée qu'à une distance d'au moins 50 mètres des lisières des massifs boisés de plus de 100 hectares. Le calcul des 50 mètres s'effectue à partir de la lisière observée à la date d'approbation du SDRIF-E".

 

La première difficulté vient de l'application par les juridictions administratives d'une règle qui est opposable en compatibilité limitée conformément aux articles L. 131-1 et L. 131-6 du code de l'urbanisme . Or, la jurisprudence a tiré des conséquences négatives de cette relation en rendant hasardeuse l'application d'une règle pourtant très favorable à l'espace forestier francilien. Ainsi, en l'état de la législation, les dispositions de ce schéma ne sauraient avoir légalement pour effet d'imposer aux documents d'urbanisme une stricte conformité à leur égard (par exemple : CE, 29 juillet 2002, Association seine-et-marnaise pour la sauvegarde de la nature c/ maire de Fontainebleau, Req. N° 232582). Compte tenu de cette situation, le juge permet aux autorités compétentes de relativiser les empiétements par rapport aux périmètres des grands massifs, ce qui revient à vider la règle de sa substance. En d'autres termes, la règle est privée de toute application en raison de la comparaison entre l'atteinte envisagée la taille des massifs (comme pour la Forêt de Fontainebleau.

 

La seconde difficulté est issue du concept de site urbain constituée qui malgré les années reste difficiles à préciser : "Un ensemble de constructions éparses ne saurait être regardé comme un site urbain constitué. […] Un site urbain constitué est un espace bâti présentant une densité, une continuité et une structuration par des voies de circulation et des réseaux que l'on rencontre dans les zones agglomérées. Son existence et ses limites seront appréciées au cas par cas en tenant compte notamment des limites physiques et des voiries existantes".

 

La dernière difficulté est l'atténuation donnée permettant la création d'infrastructures comme les parkings : "Peuvent être autorisés dans ces lisières les aménagements et les installations nécessaires à la vocation multifonctionnelle de la forêt, permettant : • l'accès pour les besoins de la gestion forestière, • le développement économique de la filière bois, • l'extension du patrimoine forestier ouvert au public, notamment en secteur périurbain et dans les secteurs carencés du cœur de l'agglomération".

 

Il y a donc des effets négatifs que l'évaluation environnementale confirmait (p. 188).

La création de forêts de protection es alors portée comme indicateur d'amélioration de l'impact (évaluation environnementale p. 220). Il nous apparaît que l'intervention du Décret n° 2023-1402 du 29 décembre 2023, relatif à la modification du classement comme forêt de protection et au régime spécial prévu à l'article L. 141-4 du code forestier, a mis à mal la conception des forêts de protection qui était une catégorie d'instrument juridique de conservation foncière efficace. En effet, seul un décret en conseil d'État après enquête publique pouvait prévoir un déclassement. La tentation des pouvoirs publics a donc été d'abaisser la qualité de cette protection.

Le nouveau décret permet des déclassements par arrêté simple du ministre chargé des forêts, dans la limite de 100 hectares. Il permet également de déroger à la protection par des autorisations préfectorales pour des défrichements, fouilles, extractions de matériaux, emprises, exhaussements du sol ou dépôts. Le texte a donc été pratiquement vidé de sa substance et permet donc les mitages et les emprises.

En effet, le statut actuel permet les mêmes atteintes absurdes que celles qui motivaient antérieurement le classement en forêt de protection pour mettre à l'abri les massifs de la pression urbaine ou des infrastructures nouvelles.

 


Conclusions

Nous concluons au fait que le SDRIF aura des inconvénients graves, et nous invitons la Commission d'enquête à donner un AVIS NEGATIF ainsi motivé :

 

1. Artificialisation des sols et étalement urbain :

Le projet prévoit la construction de nombreux nouveaux logements et infrastructures, ce qui pourrait entraîner une artificialisation accrue des sols et un étalement urbain non contrôlé.

Cela pourrait avoir des conséquences négatives sur la biodiversité, les espaces naturels et agricoles, et la qualité des paysages.

 

2. Impact sur les transports et la pollution atmosphérique :

L'augmentation de la population et de l'activité économique risque d'aggraver la congestion du trafic et la pollution atmosphérique, surtout si l'accent n'est pas mis sur des modes de transport durables.

Cela pourrait avoir des impacts négatifs sur la santé publique et le bien-être des habitants.

 

3. Manque de concertation et d'implication des citoyens :

Nous soulignons un manque de concertation et d'implication des citoyens dans les différentes phases de son élaboration : aucun débat sur le projet n'a par exemple été organisé à Fontainebleau et les effets ne sont pas correctement indiqués au public sachant que la densification entraîne une transformation profonde du tissu urbain et social, ce qui peut se traduire par une perte d'identité et de lien social pour les habitants..

Cela pourrait fragiliser la légitimité du projet et générer des conflits d'intérêts.

 

4. Incertitudes et risques financiers :

Le contexte économique et financier actuel rend difficile l'estimation des coûts réels du projet et sa faisabilité à long terme.

Cela soulève des questions sur la capacité des pouvoirs publics à assumer les risques financiers associés au projet.

 

5. Impact sur le patrimoine et l'identité culturelle :

Le développement urbain et les nouvelles constructions peuvent avoir un impact négatif sur le patrimoine historique et l'identité culturelle de la région.

Il est important de veiller à la préservation des sites et monuments historiques et à la valorisation du patrimoine culturel.

Or, le SDRIF ne comporte pas de règles suffisamment crédibles sur cette question.

 

6. Manque de prise en compte des enjeux environnementaux et de cadre de vie

Le projet ne prend pas suffisamment en compte les enjeux environnementaux comme le changement climatique, la préservation des ressources naturelles et la transition écologique, mais aussi les effets négatifs sur le cadre de vie des habitants, la densification

Il est important de renforcer les aspects du projet qui visent à réduire l'empreinte environnementale et à promouvoir un développement durable.

 

Fait à Fontainebleau,  le 13 mars 2024.                                       Pour le Directoire,

Le Président,

Dr Guillaume Bricker



[1]              CE Ass. 11 avril 2012 GISTI n° 322326 : "une stipulation doit être reconnue d’effet direct par le juge administratif lorsque, eu égard à l’intention exprimée des parties et à l’économie générale du traité invoqué, ainsi qu’à son contenu et à ses termes, elle n’a pas pour objet exclusif de régir les relations entre États et ne requiert l’intervention d’aucun acte complémentaire pour produire des effets à l’égard des particuliers. L’absence de tels effets ne saurait être déduite de la seule circonstance que la stipulation désigne les États parties comme sujets de l’obligation qu’elle définit".

[2]              ESIE : évaluation stratégique des incidences sur l'environnement.

[3]              Directive 2011/92/UE du Parlement européen et du Conseil du 13 décembre 2011 concernant l’évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l’environnement (dite directive EIE) qui fait suite à la Directive 85/337/CEE du Conseil du 27 juin 1985.

[4]              CJUE, 22 mars 2012, Inter-Environnement Bruxelles e.a., C-567/10 : "la notion de plans et programmes «exigés par des dispositions législatives, réglementaires ou administratives», figurant à l’article 2, sous a), de la directive 2001/42, doit être interprétée en ce sens qu’elle concerne également les plans particuliers d’aménagement des sols"

[5]              CJUE, 7 juin 2018, Inter-Environnement Bruxelles e.a. (2), C-671/16 : "un règlement régional d’urbanisme, tel que celui en cause au principal, fixant certaines prescriptions pour la réalisation de projets immobiliers, relève de la notion de « plans et programmes"

[6]              CJUE, 27 octobre 2016, Patrice D’Oultremont e.a., C-290/15; CJUE, 25 juin 2020, A e.a. (Éoliennes à Aalter et à Nevele), C-24/19.

samedi 2 mars 2024

Bulletin spécial mars 2024 : Bétonnisation entrée ville Boulevard Foch (html)

 

Echos Bleau

Mars 2024

 

 

 



 

Bulletin spécial de l'association Fontainebleau Patrimoine

 

MENACE DE BETONISATION DE

L'ENTREE DE VILLE BOULEVARD FOCH

 

Vous êtes concernés !     Que faire ?

Si vous habitez le quartier : vous êtes concernés.

Un certain nombre de propriétés de l'entrée de ville Boulevard Foch comme la Villa Baucis et ses voisines font actuellement l'objet d'études en vue de leur densification (p. 1).

Il est évident que ces projets auront un impact négatif sur le quartier en dégradant les espaces verts présents, en aggravant la circulation routière, bref n'ont aucun intérêt et que des inconvénients pour le voisinage. A part les bénéfices des intéressés, la valeur de vos biens est menacée.

La municipalité de Fontainebleau est non seulement au courant, mais encore complice de cette opération. La mairie a mis en place une dérogation aux règles d'urbanisme via une modification du périmètre d'une opération de revitalisation urbaine (ORT) (p. 2). A la clef une réelle menace de bétonnage.

Les habitants intéressés sont invités à contacter :

- la mairie pour se protester contre ce type d'opérations non concertées et dissimulées,

- la presse et les élus locaux pour signaler leur opposition à cette bétonisation,

- la protection juridique de leur assurance en vue d'agir sur le plan du droit pour protéger vos intérêts.

 

PROJET DE DENSIFICATION AU NIVEAU DE LA VILLA BAUCIS

 

 

En ce qui concerne le site de l'EHPAD Baucis et une villa voisine, le promoteur ELGEA a fait déjà réaliser une première étude capacitaire par l'architecte Barbara Dumont. Nous disposons d'un plan d'étude provisoire (ci-contre haut).

 




Cette étude prévoit 7 immeubles de 4 niveaux (R+2+C) pour environ 5000 m² de surface de plancher et une voie intérieure, tout en détruisant largement les boisements existants.

Rien de tel en effet pour "démontrer le lien entre ville et nature" que prétend la municipalité dans l'ORT (voir p. 2) !

 

Pour mieux comprendre l'impact, nous avons superposé ce plan d'étude avec une photographie aérienne, ce qui permet de voir les atteintes aux parcs (ci-contre bas).






Projet

Immeubles

 


 


 


 
Bd Foch




LA MUNICIPALITE AUGMENTE LA CONSTRUCTIBILITE

DE L'ENTREE DE VILLE BOULEVARD FOCH

 


Les opérations de revitalisation du territoire (ORT) devaient être un financement des cœurs de ville et de la rénovation urbaine. Le levier le moins coûteux sur le plan financier, mais le plus odieux sur le plan de l'architecture et du patrimoine consiste à faciliter le bétonnage, au détriment de la qualité et du cadre de vie.

 

L'ORT crée ainsi la  possibilité de dérogation aux règles des plans d'urbanisme, c'est ce qui intéresse la Ville. En application de l'article L. 152-6-4 du code de l'urbanisme, le maire pourra déroger aux règles relatives au gabarit et à la densité, dans la limite d'une majoration de 30 % par rapport au document d'urbanisme ; Déroger aux obligations en matière de stationnement...


Il s'agit donc de favoriser la densification sans soumettre les élus à des procédures de concertation avec le public, et sans la moindre étude d'impact, avec des garanties dérisoires. Ce déni de démocratie aura sans doute de graves, de très graves conséquences. Pour certains spécialistes du droit de l'urbanisme, cette absence d'étude d'impact serait contraire au droit européen.

 

Votre quartier est donc directement menacé par l'Etat, la Ville et la Communauté d'agglomération (CAPF) complices, en vue de favoriser les intérêts purement privés de promoteurs au détriment de l'intérêt général, suite à la délibération de la Ville du 11 décembre 2023 qui modifie le périmètre de l'ORT :


 

Citations de l'ORT :" Secteur de la Bonne Dame (Boulevard Foch)

"D’un point de vue opérationnel et concernant l’axe 1 du programme Action Coeur de Ville, le renouvellement de qualité (sic) attendu sur les 3 entrées de ville : Foch/Carrefour des 8 routes et Warnery permettra d’offrir des logements de qualité (sic) permettant de produire une offre diversifiée et requalifiée" (sic).

[…] L’EPHAD qui occupe la Villa Baucis est en cours de mutation, un plateau sportif municipal est proche alors que le tissu résidentiel présente quelques tènements non bâtis [note : donc restant à bétonner] alors que l’ensemble est en lisière de la forêt classée.

La ville de Fontainebleau souhaite maîtriser [sic] la mutation de cette entrée de ville patrimoniale". "Cette entrée de ville entre forêt et boulevard extérieur devra dans les formes urbaines et architecturales démontrer le lien entre ville et nature, pavillons et petits collectifs, équipements et logements."



 

Loin de "requalifier" dans le bon sens, les entrées de ville et de maîtriser les bétonnages, cette décision, non concertée, aux effets tenus secrets pour le public, permet d'aggraver la situation du quartier par une densification, supprimant des espaces verts, au bénéfice de quelques propriétaires et au détriment de tous. Les habitants doivent réagir.

 


Fontainebleau Patrimoine

Association loi 1901 n° 9741 déclarée au JORF du 11 décembre 1996 p. 5454

24, boulevard Thiers 77300 Fontainebleau   

Courriel :  echosbleau@gmail.com

Site : fontainebleau-patrimoine.blogspot.com

 Fontainebleau Patrimoine a pour objets (article 2-1 des statuts) : a) la protection et la mise en valeur du patrimoine culturel ainsi que les éléments du domaine public (comme par exemple : la Villa Lavaurs, la Bibliothèque,…); b) la protection et la mise en valeur de l'environnement et du cadre de vie; c) l'amélioration des services au public dans le cadre d'un aménagement du territoire harmonieux

 

jeudi 8 février 2024

Bulletin 2024-2 (version html)

 Echos Bleau

Bulletin de l'association Fontainebleau Patrimoine

 

28ème année – n° 2024-2 – 4F é v r i e r  2 0 2 4

p. 1 Résidence étudiants rue des Archives

p. 2 Vive l'urbanisme positif !

p. 3 Plaine de la Chambre / SDRIF

p. 4 Avon la Bétonnée

 





Editorial  :

soyons

positifs !

 

Je n'avais pas tellement envie d'être positif. Je venais de lire la déclaration de politique générale du 30 janvier 2024 du premier ministre et franchement cela ne m'encourageait pas dans ce sens  : "Tout d’abord, nous allons simplifier massivement les normes : [...] , faciliter la densification, lever les contraintes sur le zonage et accélérer les procédures. Ensuite, nous désignerons dans deux semaines vingt territoires engagés pour le logement. Nous y accélérerons toutes les procédures comme nous avons su le faire dans le cadre de l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, avec comme objectif d’y créer 30 000 nouveaux logements d’ici trois ans. [...] nous contribuerons aussi à faire évoluer le secteur du logement social pour inciter les élus à développer de nouveaux programmes".

Rien sur la rénovation pourtant prioritaire de l'ancien (en 2023, 3,1 millions de logements sont vacants en France hors Mayotte, soit 8,2 % du parc de logements), pas un mot sur les accompagnements environnementaux économiques et sociaux qui devraient nécessairement escorter ces programmes, rien sur le cadre de vie et le patrimoine culturel : déprimant. La guerre du Béton continue entre Fontainebleau et Avon : certes la critique est exposée au grand jour, le public se réveille, mais le ciment poursuit son œuvre de destruction.

Et pourtant, s'y on y réfléchit bien, j'ai des raisons de croire à un changement. D'abord, des collectifs se montent partout dans les quartiers menacés, les élus ne peuvent plus se retrancher derrière leurs bureaux, ensuite, il reste encore des morceaux de territoires frappés de la fièvre de la construction qui ne sont pas encore perdus. Il est donc encore possible d'avoir un  autre avenir pour notre agglomération : le Bréau est encore presque vierge, il peut s'y dessiner autre chose que des constructions sans âmes (voir p. 2). Allons-y !

 

Dr Guillaume Bricker, Président

 

Note : Le premier ministre est bien en deçà de la loi relative au Grand Paris de 2010 qui fixe l'objectif de 70 000 logements par an pendant 25 ans rien qu'en Ile de France !

168 LOGEMENTS ÉTUDIANTS RUE DES ARCHIVES

(EX MAISON FORESTIÈRE D'AVON)  : LE POINT SUR LA SITUATION

On rappellera brièvement que la Société d'économie du pays de Fontainebleau (SEM, filiale de la communauté d'agglomération (CAPF) et de la Ville de Fontainebleau) a acheté la maison forestière de la rue des archives pour le prix 520.000 €  (prix très supérieur à l'évaluation des domaines du 10 mars 2021 à 175.000 €). Le projet consiste à construire 168 chambres dans un style particulièrement inadapté de boîte à chaussures en se justifiant par les erreurs du passé (la résidence des sophoras avait au moins le mérite d'être caché par des arbres et avec un recul important). Il a fallu une très discutable modification du document d'urbanisme pour le rendre possible. La prétendue concertation de la CAPF n'a fait que crisper la Ville d'Avon, les habitants et les associations, du fait d'un certain mépris pénible.

 

La ligne de front  : durcissement des parties

Depuis le 21  novembre 2023, le permis a été délivré. Le 28 novembre 2023, nos collègues du CDAS d'Avon ont fait déposer un recours concernant la modification n° 12 du plan local d'urbanisme rendant possible ledit projet, devant la Cour administrative d'appel de Paris (CAA, spécialement compétente en raison de la présence d'opérations concernant les Jeux Olympiques).  Le 6 décembre 2023, Avon faisait une réunion publique en présence du Maire de Fontainebleau du directeur général de la SEM, avec force public, furieux contre le projet, mais sans avancée concrète ni main tendue des promoteurs.

Le permis a été affiché a priori vers la mi-janvier 2024, déclenchant les délais de recours à l'égard des tiers. C'est sans doute ce qui a incité le 16 janvier Mme le Maire d'Avon à protester contre le risque d'un commencement immédiat des travaux en faisant une grève de la faim. Sa santé a été pour nous source d'inquiétude. Elle s'est terminée après une réunion de médiation du Sous-Préfet le 26 janvier 2024. D'un côté, Mme Nouhaud a avancé des arguments très justifiés contre ce projet, de l'autre, elle a proposé un contre-projet a la gare qui n'est voulu ni par les riverains ni par les associations. La SEM, la Ville de Fontainebleau comme la CAPF et le député se sont montrés totalement imperméables à ce raisonnement, mais il semble que les travaux sont repoussés à la décision du Tribunal administratif. Vu ce signe, le CDAS d'Avon et la Ville d'Avon Avon et le CDAS ont retiré leur référé-suspension contre le PLU qui devait être prochainement examiné par la CAA, gardant le recours au fond et se préparant à attaquer sans aucun doute ce permis. Le droit tranchera, même l'on eut préféré un sursaut des politiques pour abandonner cette épine dans un quartier calme. Certains trouvent que la CAPF ou le député sont bien silencieux, pourquoi ?

Baisse prétendue du projet initial  : ce n'est pas clair  !

Dans une déclaration dans la République du 19 janvier 2024, le Maire de Fontainebleau déclare  : «  Cela fait plus de trois ans que le projet est en discussion, poursuit Julien Gondard. Réunions, consultations, conseils d’administration, conseils communautaires et conseils municipaux ont fait avancer ce dossier. Nous avons baissé de près de 80 chambres et de deux étages par rapport au projet initial. »  Antérieurement, il parlait de 220 chambres  et d'un passage de R+6 à R+4 (CM du 25/9/23). Une réduction aussi importante paraît difficile à croire, d'autant que la chronologie ne va pas dans son sens.

Le 19 mars 2021, le CA de la SEM décide de l'acquisition du terrain, mais il n'est pas indiqué le nombre de chambres projetées ni le nombre d'étage. Le 12 juillet, le CA considère une fourchette de 150 à 200 logements (on ne parle toujours pas du nombre d'étages) lors du choix des FSM comme bailleur  : cela ne fait pas moins de 80 logements  ! Le communiqué du 16 juillet 2021  de la SEM suite à sa réunion publique du 15 précise «  Il est prévu de construire 165 chambres de 20 m² en moyenne.  ». Ce n'est donc pas 3 ans de discussion mais au plus 3 mois et 27 jours qui ont permis de fixer le nombre de chambres quasi définitif  !

On ne peut même pas parler de baisse par rapport au  premier chiffre rendu public (165), vu que l'on est à 168 avec une réduction du nombre de parkings de 50 à 41. A l'inverse, à aucun moment le projet prétendument initial n'a été rendu public, difficile de suivre le Maire dans son argumentation  : un  mauvais projet prétendument rabaissé reste de toute façon mauvais  !

POUR UNE VISION D'AMÉNAGEMENT STRATÉGIQUE - VERS UNE NOUVELLE OXFORD ?


Comme nous positions et cherchons à réveiller un territoire qui s’endort sur l’oreiller de la fatalité dans le sommeil radoteur d'un bétonnage passif et sclérosant, lénifié par certains élus, réfléchissons ensemble à une alternative.

Le territoire a pourtant des belles universités et écoles (INSEAD, mines de Paris, UPEC, UP7 avec la Station d'écologie forestière, CFA UTEC, CNSD). Mais qu'en fait-on ? On ne donne pas aux entreprises et aux écoles l'envie de se développer dans la région et on se contente d'une politique du chien crevé au fil de l'eau avec des bétonnages.

 

Des occasions manquées, un territoire à la dérive



En juin 2010, avec talent, Denis Oulés, président de Pôle Sud Paris, association de réflexion économique, proposait deux scénarios chocs : soit l'installation d'écoles d'ingénieurs et la dynamisation du territoire; soit la banlieusardisation définitive de Fontainebleau avec la paupérisation et le vieillissement. Face à ces deux avenirs extrêmes, force est de constater que l'on prend le chemin du pire : absence de réponses à des appels à projet permettant l'installation d'écoles d'ingénieurs, 2003 : fermeture de la recette des finances, 2004 : fermeture de la banque de France, 2011 : départ de l'ESIGETEL, de l'Ecole supérieure de commerce international (ESCI),  2013 : la direction de l'INSAED part pour Singapour, 2016 : départ des archives Nationales pour Pierreffite, 2017 : fusion de l'Hôpital de Fontainebleau avec Nemours et Montereau (et bientôt avec Melun) au détriment du nombre de lits, fermeture du service de la publicité foncière, 2018 : fermeture de la poste des Maréchaux, 2019 : fermeture de la polyclinique, menace de départ de l'ONF du boulevard de Constance et reconversion du site en logements (dans la modif n° 10 du PLU)… 2021 : fermeture de la poste de la Butte Montceau, 2022 : fermeture du Service des impôts des particuliers et des entreprises… Que font les élus à part bétonner ? En 2020, certes, Fontainebleau arrache à Nemours Picard surgelés, mais cela ne crée pas plus d'emplois, cela les transfère : chaque commune du Sud 77 veut attirer à elle un peu de la manne, sans schéma logique.. Loin d'être un incubateur qui permette des développements sur la région, la pépinière d'entreprise reste plus dans la location de bureaux. Malgré un enthousiasme forcé, personne ne croit vraiment à ce que rapporte le Grand Parquet (son déficit  est connu : 770k€/an) alors qu'il faudrait changer son modèle. Mais la réflexion semble politiquement trop risquée.

 

Des non-choix contestables, une politique atone

Certes, on peut se réjouir du renforcement de l'Université-Paris-Est, mais ce n'est pas grâce aux municipalités qui n'ont pas été proactives dans cette affaire. Le projet abandonné des Héronnières nous apparaît comme une tentative des promoteurs pour emballer d'une couverture universitaire une opération spéculative (800 logements au Clos des Ebats minimum). Ces municipalités se sont bornées à faciliter le travail des promoteurs sans proposer des aménagements dans une vision d'ensemble : il n'y a pas eu d'étude sur l'accueil des étudiants (d'où les minables opérations de constructions de logements universitaires à la limite de l'indigne) ni une proposition d'une vraie zone universitaire, qui permette des retombées pour la région.

L’économie résidentielle renvoie à l’offre territoriale non productive, publique ou sociale (revenus des navetteurs, des retraités et des touristes). L’économie attendue serait celle qui permettrait la production de  vrais revenus locaux qui ensuite permettent des emplois domestiques. Les élus ont fait le non-choix de l'économie résidentielle : bétonner uniquement pour du logement, sans tenir compte des problèmes de stationnement, de saturation des transports, sans créer d'emplois, avec des problèmes sociaux aggravés et la dégradation de l'esthétique… C'est le non-choix de la facilité, du laid et du bête, de ceux qui ne veulent ni prendre de risque ni se donner de la peine… Qui se préoccupe vraiment des problèmes, de la Plaine de la Chambre du Bréau ou des Lilas ? La politique de "refus de la gentrification" de M. Valletoux et successeur est celle pourtant qui va renforcer la densité dans ses quartiers, mais pas l'emploi ou la santé ! Mme Nouhaud fait de même aux Fougères.

A y regarder de près, la commune attire-t-elle, avec ses rues défoncées, sa saleté, ses immeubles neufs interchangeables avec n'importe quelle banlieue, sa ligne R saturée, sa piscine en mauvais état, l'insuffisance voulue de salles communales (avec en 2017 la fin de la salle des élections) ? Reste la forêt et le Château. Et les bétonnages des promoteurs !

Vers une conception d'ensemble : une priorité !

Finalement, au lieu de bâtir l'urbanisme à coup de décisions d'opportunisme sans chercher à se fatiguer, ne vaudrait-il pas mieux faire un vrai campus, avec des locaux et des logements de taille humaine, avec des services collectifs suffisants (une piscine neuve), dans un vrai parc forestier, autonome et dans le respect d'un style compatible avec le patrimoine architectural et paysager ? Orléans la Source a réussi, avec des constructions discutables quelquefois, le pari d'un renouvellement universitaire. Tentons la nouvelle Oxford !

Cela suppose d'abord de créer une agence spécialisée qui mettre tout le monde autour de la table, de faire une réelle étude d'opportunité, d'écouter les marchés, de répondre aux appels à projets, d'attirer les investisseurs par notre territoire, de disposer d'un architecte-conseil qui aime et défende l'architecture locale, de résister aux tentations des spéculateurs. C'est le choix de l'économie utile à la transition écologique et à la ré-industrialisation du pays plutôt que développer une économie purement tertiaire (qui ne peut vivre que si l'économie réelle fonctionne).

C'est aussi faire le pari d'une vraie association avec les villes environnantes plutôt que de tirer la couverture à soi dans la course au béton et à celui qui aura le plus de bureaux ou chambres d'étudiants en gâchant nos dernières chances : cela est dépassé, ringard ! Elles doivent en bénéficier en proposant des sites pour les applications industrielles et des logements de qualité.

La transformation de Fontainebleau en vraie ville universitaire, mais sans reniement de son passé et de son environnement, serait l'occasion, de la rénover, de devenir la locomotive de la région, de mobiliser les friches du Sud 77 plutôt que de gâcher nos terrains disponibles, et d'avoir une ville jeune de cœur et riche de patrimoine, qui soit encore attirante. C'est cela que nous demandons, positivement !


 

CHRONIQUE DE LA PLAINE DE LA CHAMBRE

LE RAS-LE-BOL: TOUJOURS PLUS DE LOGEMENTS AU DÉTRIMENT DE L’ENVIRONNEMENT

Un vent de révolte est en train de se lever car plusieurs points suscitent la colère des habitants : Un choix politique délibéré d’accroître la population, Un manque de concertation avec les habitants sur les projets d’urbanisme, Le double discours : des programmes écologiques type « Fontainebleau en transition » avec toujours plus de logements, Une  certaine complaisance des élus face aux promoteurs. Un ras-le-bol est partagé à Avon ou Bois le Roi !

Les Elus de la Ville de Fontainebleau ont des objectifs déraisonnables.

Le Programme Local de l’Habitat de la Communauté d’Agglomération du Pays de Fontainebleau pour la période 2024-2030, en cours d'approbation, fixe un objectif de 1 000 logements pour Fontainebleau en 6 ans :  600 logements neufs et la remise sur le marché de 400 logements vacants. Une convention signée, en février 2022, avec les Foyers de Seine-et-Marne et l’Etat prévoit la production de 675 logements sociaux supplémentaires d’ici 2030 (contre 240 obligatoires mentionnés dans le PLH) avec des opérations de démolition-reconstruction et surélévation dans plusieurs quartiers de la Ville. L’Opération de Revitalisation du Territoire permet de déroger aux règles d'urbanisme actuelles (notamment en termes de retrait fixant une distance minimale par rapport aux limites séparatives, de gabarit et de densité, dans la limite d'une majoration de 30% du gabarit et de densité prévus dans le document d'urbanisme, d’obligations de stationnement).

 

A la Plaine de la Chambre, les habitants sont mis devant le fait accompli :

Suite à notre tract, lors de la réunion publique du 14 janvier 2023, les Elus confirment la démolition de130 logements sociaux et la reconstruction de 210 (soit 80 de plus) pour répondre aux exigences réglementaires tant en termes de production de logements sociaux que d’exigences thermiques. Cette convention mentionne que « le site de la Plaine de la Chambre présente une configuration urbaine et des réseaux le rendant impropre à la réhabilitation : la recherche de compacité dans une zone du péricentre, la requalification environnementale et thermique du site, justifient d’y proposer une opération de démolition-reconstruction » ou encore « le patrimoine ne peut plus être rénové ».  Pour le Directeur du patrimoine des FSM : « Au titre de la loi, ce sont des passoires thermiques. La réalité économique n’est pas viable pour des rénovations ». Lors de cette annonce, les habitants sont sous le choc « les FSM ont prévu de raser le quartier sans que personne n’ait été informé ». Un Collectif est créé par les riverains et les locataires.

Le Collectif a alors mandaté des experts certifiés indépendants pour effectuer des audits (énergétiques et études de faisabilité). Les résultats sont sans appel.  Les DPE fournis par les FSM ne tiennent pas compte des isolations existantes et de la qualité réelle des constructions. Les logements ne sont pas des passoires thermiques. La rénovation est viable et économiquement beaucoup plus avantageuse que la démolition-reconstruction.

La construction de 80 logements sociaux supplémentaires au-delà du raisonnable

En effet, la Ville de Fontainebleau, par choix politique, outrepasse ses obligations légales imposées par la loi SRU sans mesurer l’impact de l’accroissement de la population sur l’environnement, les services publics, les infrastructures (réseaux, égouts) et les transports… Le projet d’urbanisme actuel est non seulement un désastre écologique, financier, mais aussi un scandale social pour les locataires, la plupart âgés, qui devront être relogés ailleurs. 

« Fontainebleau en transition » avait pour objectif de faire baisser le bilan carbone de 40 % à l’horizon 2030. Etrange manière de s’y prendre… Démolir et reconstruire est très consommateur en énergie : extraction des matières premières, transformations, transports à toutes les étapes et mise en œuvre. Le secteur de la construction-démolition est l'un des plus grands producteurs de déchets et libère une quantité très considérable de CO2. La démolition de 130 logements laisse entrevoir un impact dévastateur sur l'environnement qui caractérise ce quartier dont une cité-jardin exceptionnelle et typique de Fontainebleau qui mérite d’être préservée et réhabilitée, voire labellisée « patrimoine régional ». Les habitants s'inquiètent également des conséquences sur le plan hydrique, biologique et climatique, avec la destruction des espaces verts, la disparition des arbres et la création d’îlots de chaleur avec des bâtiments de plus grande hauteur.

 

Les Elus préfèrent écouter les promoteurs plutôt que les habitants.

Or, pour l’instant, le Maire que le Collectif de la Plaine de la Chambre a rencontré à plusieurs reprises, est resté muet à la demande d’un moratoire, le temps d’instaurer un vrai dialogue pour que le projet soit revu. Il veut faire une réunion publique : à quoi bon, si ce n'est pour prêcher sans discuter réellement ?

Ce projet urbain, qui consiste à raser tout un quartier, est non seulement aberrant, mais incompréhensible car il est basé sur des prétextes fallacieux. Sans contre-expertise, les Elus laissent les Foyers de Seine-et-Marne définir la politique urbaine de la Ville. La démocratie participative exige que les habitants soient écoutés.  Comment faire comprendre aux Elus qu’il ne faut pas prendre des décisions irréversibles, à l’encontre des habitants et de l’environnement ?

Avec ce mépris, il ne faut pas s'étonner ensuite des recours, des manifestations, des tracts et quelques fois de réactions qui vont au-delà de l'ordinaire. Le Collectif du Haut d'Avon ou les associations de Bois le Roi ne sont pas non plus surpris de ces abus.  Ras le bol du béton !

DOUTE SUR L'EFFICACITÉ DES DIAGNOSTICS ?

La fiabilité des diagnostics est-elle remise en doute ? On lira un rapport récent du Conseil d'analyse économique (Focus

n° 103 janvier 2024 https://www.cae-eco.fr/performance-energetique-du-logement-et-consommation-d-energie-les-enseignements-des-donnees-bancaires) ?

Le rapport indique : "en cas d’erreur du diagnostic, la responsabilité du  vendeur ou du bailleur peut être engagée par l’acquéreur ou le locataire qui en subit le préjudice, les premiers pouvant  eux-mêmes se retourner contre le diagnostiqueur".

Enquête publique Schéma directeur de la région Ile de France

Le SDRIF réglemente l’utilisation du sol, la localisation des infrastructures de transports et des grands équipements, les moyens de protection et de mise en valeur de l’environnement, et la localisation préférentielle des extensions urbaines, ainsi que les activités industrielles, artisanales, agricoles, forestières et touristiques. Il pousse à la densité et au bétonnage. Vous pouvez participer du 1/2 au 16/3/24 au registre numérique : https://www.registre-numerique.fr/sdrif-e ou à la permanence : Mairie de Fontainebleau jeudi 15 février 2024  9h à 12h mercredi 13 mars 2024 9h à 12h.


AVON  : LE BETONNAGE CONTINUE SUR L'AXE GARE-VALVINS


Nous soutenons hautement la lutte contre le projet de construction sur le site de l'ex-Maison Forestière (et plus généralement du Bréau),  et constatons comme la Ville d'Avon «  Il massacre un jardin de 2 800 mètres carrés  »  «  Il dégradera fortement le cadre de vie des riverains  ».

Cependant, une partie de l'argumentation que la commune d'Avon a trouvé pour contrer ce sinistre projet nous laisse un peu dans l'expectative, car elle prévoit une alternative au niveau de la gare que les riverains repoussent comme les associations de défense du cadre de vieDire que la municipalité d'Avon bétonne moins que celle de Fontainebleau, carte à l'appui, ce n'est pas vraiment un bon argument. Il vaudrait mieux arrêter le massacre de part et d'autre.

Le Communiqué du 19 janvier 2024 de la Ville d'Avon indique : «  Ce sujet hélas clivant entre les deux villes, est dévié par certains sur un autre débat pour occulter le caractère violent et brutal du projet de l’ex maison forestière : le « bétonnage » d’Avon. « Bétonner » c’est construire sur des surfaces naturelles non construites. À ce jour, depuis 2014, tous les projets immobiliers d’envergure sur Avon ont évité de le faire. Notre stratégie urbaine concentre le plus possible les nouvelles constructions sur des friches industrielles (ZAC de la gare) ou des parcelles déjà bâties". Cependantnous n'avons pas la même définition, le bétonnage désigne le fait de couvrir une surface importante de sol avec du béton, généralement pour créer des infrastructures urbaines comme des routes, des parkings, des trottoirs, des bâtiments, etc. Ce processus a pour effet de densifier l'espace urbain en réduisant les espaces verts et perméables.

Plusieurs constructions ont bien été faites sur des terrains libres et non des friches  : par exemple le secteur de l'Odéon ou les Fougères (suppression des espaces devant les bâtiments). L'argument n'est d'ailleurs pas très bon, car la Ville de Fontainebleau pourrait s'en targuer sur La polyclinique, les Subsistances, le Bréau... Or, nous réfutons cet argument  : la densification a aussi des effets pervers.

Le communiqué poursuit : " Nous concentrons les constructions autour de la gare, et sur l‘axe central Valvins Roosevelt, pour limiter les déplacements en voiture des nouveaux arrivants, qui trouvent ainsi à proximité immédiate tous les commerces et services nécessaires. C’est aussi l’axe de la ligne de bus 1, la plus importante, qui relie les deux centres villes d’Avon et de Fontainebleau." Cette stratégie urbaine de densification n'est nullement approuvée par les Avonnais comme les Bellifontains, le Conseil municipal d'Avon n'en a même pas discuté. Par ailleurs, elle omet totalement le problème de la saturation des transports publics et des voiries, tout cela se fait sans aucune étude sur les besoins économiques et sociaux des populations.

Le communiqué présente une carte des projets d'urbanisme de septembre 2022 (voir supra) : "La carte ci-dessous le prouve : en rouge les projets refusés, en vert les projets autorisés, en bleu les projets en instruction. Cette urbanisation régulée exige un travail considérable de négociation avec les nombreux promoteurs qui ne cessent de venir nous solliciter. Car les règles actuelles du PLU, pour nous comme pour Fontainebleau, ne nous permettent pas toujours de refuser ou de mener à notre guise les projets.  » Contre vérité, nombre de projets ont été rendus possibles par une modification des documents d’urbanisme, comme sur le site de la gare, comme sur le site des Fougères, comme sur le site de Valvins. Avant de négocier avec de sinistres promoteurs, il serait bon d'éviter de leur ouvrir la porte  ! La commune est donc coupable de faciliter le travail des constructeurs au contraire !

Le communique précise enfin des chiffres de construction : " De 2016 à 2021, Avon a construit 438 logements, Fontainebleau 442 ( chiffres issus du PLH ). De 2022 à aujourd’hui, le nombre de logements projetés est de 339 sur Avon. Sur Fontainebleau, le seul projet des Subsistances en prévoit 511. Mais on doit y ajouter, a minima, les 80 logements de la Plaine de la Chambre, les 332 logements d’une future résidence pour étudiants et jeunes actifs, ce qui nous amène déjà à 923 logements. Sans doute, mais cette course à échalote doit cesser  : les deux villes doivent arrêter ce bétonnage et cette densification  : Fontainebleau a sans doute plus de possibilités qu'Avon, ce n'est pas une raison pour en abuser  ! On notera que l'esthétique de ces nouveaux bâtiments est pour le moins indigente et ne fait pas honneur à la Ville d'Avon qui accueille pourtant nombre de touristes !

 

Brèves avonnaises

- L'abattage du séquoia devant le centre Odéon a bien été rendu possible par la révision simplifiée n° 3 du PLU voulu par la Ville d'Avon : elle a supprimé la règle de protection des arbres remarquables. L'engagement de planter 60 arbres ne compense pas cette destruction d'un espace vert.

- La Ville d'Avon maintient le projet de piste cyclable Haut d'Avon – Butte-Montceau via le chemin de Nemours au lieu de passer par la route de Diane préférée par la Commission du temps long (pour la transition écologique) et nombre d'usagers du fait de son moindre dénivelé. Motif : cette alternative passe à Fontainebleau, ce qui ferait perdre la subvention régionale. On gaspille l'argent du contribuable pour un itinéraire moins bien.

- La Commission du temps long travaille actuellement sur des protections d'éléments comme les sources ou le petit patrimoine mais également les parcs et jardins : pourvu qu'elle soit entendue pour le futur Plan intercommunal d'urbanisme.