mardi 20 juin 2023

Lettre ouverte du 20 juin 2023 sur l'aménagement du quartier du Bréau

Société pour la protection des paysages et l'esthétique de la France (SPPEF)

Correspondante de Fontainebleau

Association déclarée d’utilité publique

Courriel : inesderibes@gmail.com

104, rue Saint Merry 77300Fontainebleau

Fontainebleau Patrimoine

Association loi 1901 n° 9741 déclarée au JORF du 11 décembre 1996 p. 5454

Site : fontainebleau-patrimoine.blogspot.fr

Courriel : echosbleau@gmail.com Tel : 01 60 74 80 33

24, Bd Thiers 77300 Fontainebleau

 

 

 

 

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux,

 

 

Votre Commission Aménagement urbain, Urbanisme, Patrimoine (bâtiments publics) et Transition Ecologique se réunit le 22 juin 2023, en session plénière, avec notamment une réflexion sur l'Aménagement du quartier du Bréau qui sera ensuite soumise au conseil municipal du 3 juillet 2023.

 

A cet égard, nos associations souhaitent vous faire parvenir son commentaire sur la note de présentation pour alimenter la réflexion de votre commission et lui permettre de délibérer son avis dans les meilleures conditions d'information.

 

Nous vous prions prie d'agréer, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux,, notre considération distinguée.

 

 

Fait à Fontainebleau, le 20 juin 2023.

 

 

 

La Correspondante de la SPPEF à Fontainebleau

Inès Champetier de Ribes

Pour le directoire de Fontainebleau Patrimoine

Le Président,

Dr Guillaume Bricker

 

 

 

 

 

 


 


Document original

Commentaire des associations

CONSEIL MUNICIPAL du 3 juillet 2023

Commission Aménagement urbain, Urbanisme,

Patrimoine (bâtiments publics) et Transition Ecologique

Jeudi 22 juin 2023 à 2ohoo

Note de présentation

Objet : Aménagement du quartier du Bréau

Rapporteur :

 

 

Contexte

 

 

 

La Ville de Fontainebleau, comme le Pays de Fontainebleau, doivent aujourd’hui définir les grands axes de l’aménagement urbain de leur territoire pour les prochaines années.

 

Les différents documents d’urbanisme en cours d’élaboration (PLH, PLUi dont sa partie PADD) posent des questions fondamentales sur la vision stratégique qu’ont les élus pour leur territoire.

Le CDAS d'Avon et Fontainebleau Patrimoine vous ont fait part de nos inquiétudes à ce sujet dans une lettre ouverte aux conseillers municipaux distribuée samedi 17 juin 2023 à Avon, Bois le Roi et Fontainebleau.

 

Il n'est pas anodin de rappeler le vote du 20 avril 2023 de la CAPF sur le programme local de l'habitat (PLH) imposerait : - au total, les logements sociaux :  Fontainebleau : 198 ; Avon : 760 ; sur 6 ans, objectifs globaux de construction :   Avon : 180 dont 90 neufs       ; Fontainebleau : 1000 dont 845 neufs (à comparer avec les 9300 logements existants à Fontainebleau) ; 33 à 40 places projetées au bunker (Rocher d'Avon) pour le terrain des gens du voyage.

 

Même en conservant l'objectif de 1000 logements en abaissant le nombre de logements à créer et en augmentant le nombre de logements vacants à remettre sur le marché, le PLH doit être revu entièrement. Mais ce n'est pas l'objet principal de nos observations.

D’autres, comme le SPR à Fontainebleau, fixent une ambition claire de préservation d’un patrimoine existant au regard de son caractère remarquable.

Le périmètre du site patrimonial remarquable de Fontainebleau (SPR) exclut, soigneusement le secteur des terrains militaires, par demande de la Ville de Fontainebleau et la CAPF.  L'ambition de préservation de l'environnement du patrimoine culturelle n'est donc pas avérée.

 

 

Considérant également toutes les obligations réglementaires qui s’imposent, comme celles de la Loi SRU qui fixe un pourcentage de logements sociaux ou aidés aux communes de plus de 3500 habitants en Ile- de-France, il est évident que tout projet urbain doit désormais se réfléchir à l’échelle d’un territoire, et bien évidemment en restant à la hauteur des défis de notre époque..

A cet égard, la Ville de Fontainebleau va au-delà des obligations, déjà fort discutables et qui auraient du être discutées avec la Préfecture, de logements sociaux.

En effet, Le Conseil municipal du 7 février 2022 a accepté une convention avec l'entreprise de HLM les Foyers de Seine et Marne (FSM). Le programme prévoit l'accroissement du parc de 675 logements sociaux à terme soit par des démolitions suivies de reconstructions plus denses (Bréau, Plaine de la Chambre) soit directement par des constructions nouvelles (Bd de Constance par exemple). A comparer avec les 198 que l'Etat souhaite !

Plus concrètement, il n’est plus possible d’imaginer un projet urbain à Fontainebleau sans en mesurer les impacts immédiats sur l’équilibre global de la ville elle-même, ou sur celui du coeur urbain qu’elle forme avec la Ville d’Avon ; il est également devenu impossible d’ignorer les conséquences de chaque projet sur notre environnement, sur les équilibres en termes d’équipements ou de services publics.

Nos associations se réjouissent de voir repris ici les principes de bon sens qu'elles ne cessent de répéter alors que s'égrènent sans vergogne les projets immobiliers de plus en plus denses, et sans aucune évaluation d'impact digne de ce nom sur les transports, les services publics, la sauvegarde des espaces verts ou le patrimoine culturel.

Ces principes seront-ils appliqués ? C'est à voir.

Ainsi, alors que se profilent les premières décisions relatives à l’aménagement du quartier du Bréau à Fontainebleau, il est indispensable de fixer les exigences qui devront guider les projets et les décisions publiques

Contrairement à ce qui est indiqué, des décisions ont déjà engagé le secteur du Bréau : la création d'un hôpital public-privé qui a échoué, la création d'un cinéma, la rénovation plus dense du quartier HLM existant du Bréau et bien évidemment la construction, contestée, de 511 logements aux Subsistances militaires.

 

 

Par ailleurs, cette note exclut regrettablement la réflexion sur les autres terrains du sud de l'agglomération : Héronnières, Clos des Ebats, Subsistances, Maison forestière dite d'Avon, pour lesquels il n'y a pas de vision globale.

 

 

 

 

 

 

Les postulats

 

 

L’aménagement du quartier du Bréau va dessiner l’avenir de la Ville de Fontainebleau pour des dizaines d’années : les choix d’aménagement qui seront faits doivent être pensés à la hauteur des défis sociétaux, environnementaux et climatiques qui se présentent.

Il ne faut pas confondre contraintes et objectifs, ce ne sont pas les "défis" en question qui conditionnement le programme de l'opération. Or, finalement cette note ne se prononce pas réellement sur les objectifs en la matière.

Sans oublier les défis qui visent à ne plus générer de pollution directe sur notre environnement par des choix d’aménagement ou l’encouragement de pratiques nuisibles à la biodiversité. Ils doivent clairement anticiper ce qui est désormais inéluctable, à savoir une variation importante de nos conditions de vie, eu égard au réchauffement climatique.

La construction est sans doute l'un des facteurs d'atteintes les plus importants à la biodiversité.

Le paradigme qui a guidé l’aménagement urbain ces dernières années doit être renversé : la définition des justes besoins guidera les réponses, elles-mêmes traduites à l’aune de cette certitude qui nous fixe comme horizon climatique de court terme, à Fontainebleau, celui actuel de Séville en Espagne.

Le paradigme des années précédentes consistait d'abord et avant tout à favoriser les promoteurs de logements.

 

Le choix de l'artificialisation est celui qui conduit à l'aggravation du confort climatique urbain. L'autorité semble ignorer par exemple le phénomène de l'îlot de chaleur, c'est à dire l'absorption et la restitution de la chaleur par les bâtiments et les voiries. En ajouter de nouvelles, est-ce la bonne réponse à cet horizon ?

Si Fontainebleau dispose d’un patrimoine naturel exceptionnel, ce dernier ne doit pas exonérer chaque projet nouveau d’une réflexion poussée sur la réinsertion du végétal et de la biodiversité dans l’organisation de nos espaces urbains.

Ces affirmations seraient vertueuses si elles étaient vérifiées dans la réalité. Or, la collectivité ne se propose nullement de restituer ce qui était un terrain forestier à la nature. Si nous n'en demandons pas autant, nous notons la contradiction de la commune dans cette affaire.

Quant à intégrer le végétal, les projets actuels ou à venir (Quartier Chataux, résidences étudiantes rue Lagorsse-rue Matry, Maison forestière dite d'Avon, Plaine de la Chambre, etc.) ne démontrent pas encore cette volonté, que l'on espère sincère.

 

Le paragraphe précédent est d'autant plus regrettable qu'il semble omettre le patrimoine culturel. A cet égard, les projets réalisés ou projetés démontrent l'absence de réflexion et de prise en considération de ce patrimoine d'une Ville d'art et d'histoire. L'administration communale s'est privée d'un architecte conseil qui eut pu mieux réaliser l'intégration des immeubles récents, dont la densité, la hauteur, les matériaux, le rythmes des façades démontrent clairement l'inadaptation au cadre architectural urbain et paysager !

De plus, afin de mieux appréhender les enjeux de développement du Bréau que souhaitent porter les élus de Fontainebleau, il nous semble nécessaire de replacer le curseur dans les éléments de contexte du territoire tels que nous en avons la responsabilité.

 

Il est important de rappeler également que Fontainebleau assure les charges de centralité que lui confère son positionnement de ville centre avec son rayonnement culturel et touristique, son attractivité commerciale, et ses ressources en enseignements, servant (ou irrigant ?) ainsi tout le Pays de Fontainebleau. Chaque commune sait déjà, pour ce qui la concerne, combien atteindre ou conserver un équilibre fonctionnel est délicat, qui plus est dans ce contexte économique, sociétal et environnemental en mutation.

 

C’est pourquoi il est primordial que le développement du Bréau ne perturbe pas les habitants et les acteurs de la ville actuelle, ni ne rende ingérables ou dysfonctionnels les équipements et les services publics qui soutiennent la vie bellifontaine d’aujourd’hui. S’il est évident que les sujets structurels et préalables à tout aménagement que sont l’approvisionnement en eau potable, les capacités d’assainissement, la fourniture d’énergie mais aussi le réseau viaire et l’offre de transports, seront étudiés comme invariants des choix d’aménagement, il est indispensable également de conserver en objectif, un seuil raisonnable et maitrisé de développement de population. Cet objectif est essentiel afin de conserver notre capacité à faire fonctionner qualitativement tous les services publics induits et les conditions de vie et d’activités, agréables pour tous.

A cet égard, nous ne pouvons que souscrire à cette affirmation. Tout le problème c'est qu'elle risque bien de rester lettre-morte si elle n'est pas accompagnée d'études indépendantes et pertinentes.

Nous ne sommes pas sans connaître les enjeux de construction de logements dans notre territoire, mais il nous semble que Fontainebleau a su déjà, et saura dans les années futures, répondre à cet enjeu avec les principaux programmes connus à ce jour.

Phrase qui, outre son ambiguïté sur lesdits enjeux, est plus que sujette à caution si elle invoque de prétendues réussites du passé pour justifier les erreurs du futur.

Imaginer construire au-delà des besoins identifiés n’est ni raisonnable, ni soutenable.

Nous sommes parfaitement d'accord sur le principe, à condition que celui-ci soit appliqué dans la réalité. Ainsi, il faudrait préciser comment ses besoins sont identifiés et sur quelles bases.

Rappelons encore que le Bréau est souvent présenté comme un secteur en friches, vide de toute occupation. Or, le Bréau accueille d’ores et déjà de nombreux habitants. Il est important de noter que sur ce secteur l’habitat est essentiellement composé de logements sociaux, soit près de 300 logements, propriétés des Foyers de Seine-et-Marne. Par ailleurs, des activités importantes pour le Pays de Fontainebleau l’animent (complexe de loisirs Halles de Villars, le siège de Picard, ...).

Cette observation est tout à fait justifiée. Faut-il encore aggraver les inconvénients de ce quartier ?

 

 

Cet état des lieux exclut bien évidemment le nombre croissant de gens du voyage, au sujet desquels nous demandons dans les meilleurs délais la réalisation de l’aire d’accueil réglementaire au titre du quota de la Ville de Fontainebleau sur le site du Bunker.

L'affirmation conclusive selon laquelle "il est évident que tous les projets urbains déployés sur la ville voisine d’Avon doivent entrer dans une même logique de co-définition des enjeux. On ne peut plus avoir d’opposition de principes à des projets selon qu’ils sont situés de part ou d’autre d’une limite communale, ceci est le fondement et la raison d’être de l’intercommunalité" (voir infra) est bien évidemment démenti par ces décisions motu proprio de la Ville de Fontainebleau d'imposer un terrain pour les gens du voyage à côté de la Ville d'Avon, sans concertation avec elle ni avec ses habitants.

 

 

C’est pourquoi le nombre et la typologie des logements qui pourraient être implantés au Bréau ne pourront pas être la variable d’ajustement d’un quelconque projet d’aménagement et du bilan qui l’accompagnerait. Il est impératif que le dessein précède le bilan financier sous peine d’en payer les prix sociaux, environnementaux et de fonctionnement pendant de très longues années.

Nous sommes bien d'accord, cependant, il ne faut pas non plus que le déficit d'un bilan financier futur vienne justifier, la dégradation du programme et favoriser la densité, comme c'est trop souvent le cas (Quartier Magenta-1ère partie, ZAC des Yèbles à la gare d'Avon).

Le développement futur du Bréau devra répondre à différents enjeux qui dépassent et intègrent nos sujets bellifontains. La transition énergétique et la sauvegarde du vivant est l’un d’entre eux. A ce titre nous devons être visionnaires et exemplaires, pour assumer notre responsabilité collective et l’héritage sociétal que nous allons laisser aux générations futures. Quel que soit le programme qui pourra être établi, celui-ci devra assurer son articulation avec les capacités naturelles et structurelles (eau-biodiversité-énergie-déplacements), avec les besoins futurs de Fontainebleau en logements et en activités économiques, il nous parait indispensable d’exiger des propositions réversibles, non seulement dans la forme urbaine (plan-découpage parcellaire) mais aussi dans les fonctions (bâtiments d’activités pouvant devenir logements et vice-versa).

L'autorité omet de souligner que ledit terrain du Bréau en application du décret Carnot de 1894 n'était que prêté au mInistère de la Guerre et que lors de son abandon, le terrain devait être restitué à la forêt domaniale de Fontainebleau et reboisé. Ce n'est que grâce (à cause ?) de l'intercommunalité et de la Ville de Fontainebleau que l'Etat a renoncé au retour de ce terrain au domaine forestier pour mieux le vendre.

On peut difficilement considérer que l'on s'inscrive dans l'écologie en action vers une transition en faveur des générations futures. La bienséance eut été de ne pas mentionner de tels arguments dont on sait qu'ils sont viciés à la base. Quant à la réversibilité, ces projets d'urbanisme n'en sont donc que la négation la plus exacte.

Par ailleurs l’incidence du développement économique ne peut pas être négligée. Nous devons rendre possible l’accueil au Bréau de toutes sortes d’opportunités d’activités, qu’elles soient déjà présentes dans le Pays de Fontainebleau et/ou qu’elles puissent s’intégrer à l’ADN du territoire en créant globalement des emplois et de la valeur ajoutée. Des sièges d’entreprises, des locaux adaptés à des activités tertiaires permettront de répondre aux défis de l’emploi et du développement économique dans notre territoire.

Cette réflexion paraît tellement frappé du coin du bon sens que le commissaire-enquêteur lors de la modification du plan local d'urbanisme concernant les Subsistances (donc une partie du Bréau) avait souligné avec force "il s'agit dans la modification n°10 du PLU de ne plus classer le site du Parc des Subsistances en zone d'habitat, mais de définir une zone qui soit le réceptacle d'activités (économiques, culturelles, de service, d'enseignement... avec un traitement paysager) (Les réserves s'imposent dans un projet et elles doivent être levées. Faute de quoi, l'avis du Commissaire Enquêteur devient défavorable) ".

Force est de constater que cette réserve n'a pas été levée. Et qu'un contentieux est en cours contre le PLU et le PC qui a suivi…

Les modalités de circulation et les flux urbains du futur quartier du Bréau devront également être pris en considération en renversant là encore le paradigme de ce qui existe à Fontainebleau : les transports publics, les modes de déplacement alternatifs à la voiture thermique doivent être au cœur des réflexions d’aménagement.

Nous constatons surtout que la trame viaire et les besoins en transports vont encore aggraver la situation.

La ligne ferroviaire R est en voie de saturation, est-il responsable de penser à construire dans cette circonstance en ajoutant de la population consommatrice ? Personne, et surtout pas les usagers, ne peut le croire.

Le réseau viaire ne doit pas être celui d’une ville qui laisse encore la place centrale aux déplacements individuels polluants.

Ainsi, le projet de rond-point sur la RD606 (à proximité de l'ancienne loge maçonnique Brie-Champagne) va prendre encore un peu de forêt domaniale, alors qu'il eut été plus écologique en matière de foncier de réactiver le rond point de Maintenon.

Enfin, et préalablement à tout démarrage de projet, il nous semble important de commencer à animer le lieu par une gestion temporaire, qui restera au service du territoire en anticipant sur son devenir. A titre d’exemple le développement d’une pépinière de préfiguration ou toutes autres activités provisoires /apporteraient une nouvelle vie au Bréau. Cette action d’urbanisme de transition, cadrée par l’agglomération, pourrait accompagner la réflexion sur le devenir du site en testant les réponses à apporter aux besoins du territoire. Cette démarche aura également pour avantage d’acter l’intérêt que porte la collectivité à ce secteur et de renforcer progressivement l’usage que fera la population d’un périmètre dont l’aménagement sera d’importance majeure pour la Ville et pour notre territoire.

Il s'agit d'une démarche essentiellement publicitaire destinée à faire croire, car personne n'est dupe, à l'irréversibilité de l'artificialisation du secteur du Bréau.

La définition du futur programme d’aménagement ne doit pas être pensé dans une logique de rentabilité économique pour le propriétaire public qu’est la CAPF mais bien dans une logique d’investissement pour le cœur de ville de demain de notre agglomération.

Si nous sommes d'accord que la seule rentabilité n'est pas le critérium du service public, on discutera en revanche largement de la durabilité des investissements et du coût de fonctionnement. Le contribuable n'a pas vocation à payer pour le seul plaisir de payer des déficits.

 

 

Les mesures à intégrer pour assurer les équilibres de quartier en termes d’équipements structurants et de destinations au sein d’une armature urbaine végétalisée :

Nous ne commenterons pas toutes les propositions dont certaines peuvent relever du bon sens et d'autres moins, sinon de vœux plus ou moins pieux. On pourra se demander s'il s'agit de faire passer la pilule en la dorant de services au public ou de l'expression d'un certain aveuglement.

Sur le plan environnemental, on constatera surtout qu'il s'agit d'un indiscutable surcroît d'artificialisation liée à l'augmentation de la population.

Sur le plan financier, les conseillers municipaux responsables d'interrogeront sur les ressources qui devront nécessairement abonder les investissements et le fonctionnement de ce programme d'équipements publics. Il va de soi que le contribuable bellifontain (doublé du contribuable communautaire) habitant déjà ici n'a pas très envie de payer de nouveaux impôts, alors même qu'il constate que nombre de services et réseaux dont il devrait disposer ne fonctionnent pas correctement (par exemple voirie largement dégradée comme l'audit l'a souligné récemment). Bref, nous demandons respectueusement combien tout cela va coûter et qui paiera.

Amélioration des conditions d’accessibilité et de stationnement : parking d’entrée de ville, en silo, pour les touristes, visiteurs.

 

Renforcement de l’offre culturelle : accueil d’une infrastructure couverte polyvalente et modulable destinée au spectacle, à l’expression artistique, aux activités associatives

 

Renforcement des infrastructures sportives, avec un complexe couvert pour répondre aux besoins de Fontainebleau et d’Avon

 

Accueil de professionnels de santé : aménagement de locaux adaptés

En la matière ce ne sont pas les locaux qui manquent le plus…

Offre de services publics à l’échelle du quartier : annexes, compléments de services publics

 

Création d’espaces publics multifonctions pour événements de rue, marchés, brocantes, vie de quartier

 

Mixité fonctionnelle ; accueil d’entreprises par la dévolution de m2 au profit du développement économique territorial, destinations adaptées à l’implantation d’entreprises de type artisanal (volumes, accessibilité, travail en synergie entre prestataires ou métiers)

 

Offre de surfaces dédiées à l’immobilier tertiaire

 

Maintien d’une part congrue et adaptée de nature en ville ponctuée d’aires de jeux et de sports pour tous, y compris pour les jeunes du quartier (aire de jeux, city stade, plateau de basket 3X3, etc...)

L'expression de "réduire à la portion congrue" (dont l'origine religieuse démontrait déjà des méthodes regrettables pour le clergé séculier) convient parfaitement au dessein de la collectivité, c'est à dire laisser moins que le nécessaire.

 

 

La méthode

La méthode nous paraît que trop imparfaitement esquissé pour être opératoire. Nous suggérons à l'autorité de lire la charte de la concertation du Ministère de l'environnement de 1996 (https://i-cpc.org/wp-content/uploads/2013/04/Minist%C3%A8re-environnement-1996-Charte-de-la-concertation.pdf) .

Réussir ce pari demande une prise de conscience générale de la nécessité de coopération permanente. La Ville de Fontainebleau ne peut pas être en dehors des processus de décisions pour le devenir de ce périmètre compris au sein de ses limites communales mais doit en être au cœur.

Mais, ni les associations ni le public ne souhaitent non plus continuer à être mis en dehors du processionnel décisionnel, comme cela l'a été de longue date.

Les divers contentieux du passé comme en cours démontrent que la méthodologie d'exclusion ne fonctionne jamais et se brise sur le principe de réalité.

Enfin, alors que la Ville de Fontainebleau propose que ce quartier devienne une signature exemplaire pour le Pays de Fontainebleau, il est évident que tous les projets urbains déployés sur la ville voisine d’Avon doivent entrer dans une même logique de co-définition des enjeux. On ne peut plus avoir d’opposition de principes à des projets selon qu’ils sont situés de part ou d’autre d’une limite communale, ceci est le fondement et la raison d’être de l’intercommunalité. Nous devons parvenir à créer au Bréau un espace de ville commun qui sera profitable à l’ensemble de l’agglomération par le modèle qu’il donnera à voir et à vivre

S'il s'agit de dénier à la Ville d'Avon son droit de critiquer l'impact des opérations que la Ville de Fontainebleau ou l'intercommunalité croient de leur seul ressort (cf. Héronnières, Bréau, maison forestière dite d'Avon, bunker…), nous ne pouvons y souscrire .

S'il s'agit au contraire de dire à la Ville d'Avon que ses projets d'urbanisme sont inacceptables, sur l'axe de la gare ou ailleurs (ZAC de la gare, intervention de l'EPFIF, diverses promotions sur les avenues F.D0 Roosevelt et de Gaule…), en raison de l'impact sur l'agglomération, nous sommes alors parfaitement d'accord.

Bref, contrairement à la réflexion sous-jacente qui consistera à faire croire que l'opposition aux projets relève d'une simple et purement formelle querelle de clochers entre deux municipalités, il y a en réalité des motifs plus profonds et opposables aux deux collectivités. La mise en accord pour bétonner plus ne serait que plus désastreuse et resterait tout aussi critiquable.

La gouvernance de ce projet exige transparence, exigence et co-responsabilité permanente.

Elles seront donc à mettre à l'essai dès maintenant. La CAPF, comme la Ville de Fontainebleau, ont jusqu'à présent conserver par-devers elles leurs projets...

 


 

En conclusion rapide de nos observations :

 

Nous invitons la collectivité à hiérarchiser dans ses invariants :

- la protection réelle du patrimoine naturel et culturel, ce qui implique de se doter d'un architecte-conseil qui soit à même de faire respecter la Ville d'Art et d'Histoire (et imposer, y compris et surtout pour le neuf, une densité, des hauteurs, des matériaux, des styles de façades qui soient compatibles avec le site historique et le respect du cadre de vie) pour éviter de revenir sur les récents projets inadaptés, hors sols ou sans aucun lien avec la Ville; mais aussi de réfléchir à conserver de véritables espaces verts source de biodiversité et de fraîcheur en ville;

- la proportionnalité entre les capacités des services publics et notamment des transports dont la saturation est avérée (en particulier ferroviaire) et le développement éventuel de l'immobilier;

- la priorité absolue qui doit être donner à la rénovation des logements vacants ou en mauvais état (respectueuse du cadre de vie) sur le neuf;

- pour ce qui est d'un éventuel programme, prioriser la santé, la formation et la recherche, les affaires économiques, le secteur social ou le tourisme raisonnable avant le logement, non pas en pensant en terme de charge foncière (c'est à dire uniquement le placement de surface de plancher) mais en terme de ce qui est possible et réellement réalisable, et surtout utiles d'abord aux habitants de la Ville ; cela suppose une étude de marché complète pour ne pas gâcher la dernière réserve foncière de l'agglomération.

 

En terme de méthode, et sans développer plus avant, nous invitons la commune à

- se doter d'une expertise en matière de patrimoine, d'architecture, de programmation qui ne visera plus à faire du simple placement de masse mais à inscrire sincèrement et sans arrière pensée l'extension de la Ville dans la continuité de celle-ci, sur le plan historique, architectural, urbain et paysager plutôt qu'à vouloir créer une ville nouvelle de banlieue sans lien et avec une programmation hors sol;

- mettre en œuvre un véritable débat public avec les associations et les citoyens habitants la collectivité qui doivent être au cœur de la décision, ce sont eux qui doivent contribuer à définir ce qu'ils veulent pour notre agglomération (tout en tenant compte de l'avis des résidents de la Ville d'Avon qui sont aussi concernés). 

 

C'est comme cela que Fontainebleau pourra garder sa place, sa différence, sa spécificité patrimoniale et environnementale plutôt que se fondre dans la banalité et le béton.


samedi 17 juin 2023

Lettre ouverte du 17 juin 2023 aux Maires et Conseillers municipaux du Pays de Fontainebleau concernant la politique d'urbanisme communautaire

 Comité de défense d'action
et de sauvegarde d'Avon
Association JO 9 mai 1976
Asso. agréée CU  L. 132-12
avon-cdas.blogspot.com  cdas-avon@orange.fr
MDLV, case 18
27, rue du Vieux Ru 77210 Avon


Fontainebleau Patrimoine
Association loi 1901 n° 9741
JORF 11 décembre 1996 p. 5454
fontainebleau-patrimoine.blogspot.fr
echosbleau@gmail.com
01 60 74 80 33
24, Bd Thiers 77300 Fontainebleau

 

Lettre ouverte aux Maires et Conseillers municipaux du Pays de Fontainebleau

concernant la politique d'urbanisme communautaire

 

Le 20 avril 2023, le Conseil communautaire du Pays de Fontainebleau a débattu du Projet d'Aménagement et de Développement Durable (PADD) du futur Plan Local d'Urbanisme intercommunal (PLUi) et a approuvé la première version du Programme Local de l'Habitat (PLH). Vos Conseils municipaux vont débattre à leur tour de ces documents. Les associations signataires vous invitent à donner un avis défavorable en raison des graves conséquences qu'ils emporteraient en l'état.

 

Le PADD du PLUi débattu présente nombre d'orientations, séduisantes sur le papier, qui visent en réalité à faire passer l'essentiel : une artificialisation massive. En principe, ces orientations doivent s'inscrire dans la réalité spécifique du territoire, et être légalement, financièrement et techniquement applicables. Beaucoup d'orientations sont déconnectées de la réalité locale et des contraintes juridiques et matérielles. Certaines ne relèvent pas de la compétence de la CAPF, faisant douter de la capacité à les réaliser : "Gérer durablement les ressources naturelles", "Valoriser les ressources agricoles et sylvicoles". D'autres, pourtant utiles, ne présentent pas les moyens d'y parvenir : "Assurer une offre de santé de proximité et mutualisée correspondant aux besoins" … On oscille entre vœux pieux et promesses irréalistes. Pour que votre vote soit suffisamment éclairé, un rapport  justifiant la soutenabilité de ces orientations était nécessaire. Son absence nuit gravement à la crédibilité du PADD.

De plus, ce PADD exprime la volonté très claire de bétonner davantage, de densifier les communes de l’agglomération, au mépris de la qualité de la vie et de la biodiversité, notamment "en comblant les espaces libres (dents creuses) au sein des tissus existants " alors que certains de ces espaces sont fondamentaux pour garantir les continuités au sein des communes. Le document demande de" favoriser des densités plus élevées", de "porter une attention particulière aux espaces de densité bâtie moindre présentant des capacités de densification", "d’accompagner une densification raisonnée et maîtrisée des noyaux historiques" (phrase ambiguë qui laisse penser à la volonté de densifier des zones d'intérêt patrimonial). Y-a-t-il une volonté réelle d'élaborer une vraie trame verte et bleue, non seulement dans la zone rurale mais également au sein des villes ?

Tout habitant du Pays de Fontainebleau connaît la saturation de la ligne R, les graves atteintes déjà portées au patrimoine culturel et à la qualité de l'architecture (caserne Chataux, Subsistances sur la ville de Fontainebleau, ZAC de la gare à Avon…) que ce PADD risque d'aggraver. Les bois, parcs, jardins et espaces verts, espaces riches en espèces à protéger et d'intérêt pour la qualité de vie, les continuités écologiques et les changements climatiques (îlots de fraîcheur), sont actuellement menacés par des projets (Bois de la Source à Bois-le-Roi par ex.) : le PADD noie la question. L'absence d'évaluation préalable à l'adoption du document des conséquences sur les transports, les besoins de services, le patrimoine, la consommation des espaces verts, ou la ressource en eau ne peut que renforcer les inquiétudes au regard des nombreux projets immobiliers déjà lancés.

                       

 

Le PLH, qui s'impose au PLUi, propose des objectifs aussi précis qu'absurdes. Ce PLH prévoit la création de 1906 logements en 6 ans pour la CAPF. Il faudrait, rien qu'à Fontainebleau, 1000 logements, dont 845 neufs (à mettre en perspective les 9300 logements existants). L’État imposerait de créer 1536 logements sociaux à terme (198 à Fontainebleau, 760 à Avon, 578 à Bois-le-Roi). Il faut expliquer et répéter que ce n'est pas tenable. Dans le même temps, les 3 230 logements vacants de la CAPF auraient dû faire l'objet d'une action prioritaire pour valoriser le territoire. 

Cette politique urbaine et d'habitat aura de lourdes conséquences sur les finances des communes rurales à travers la CAPF (la rédaction du PLUi coûte 950 000 € à lui seul). Le budget prévisionnel pour le PLH s’établit à 3 048 000 € pour les six prochaines années, auxquels il faut ajouter les dépenses liées à l’aménagement d’aires pour les gens du voyage à hauteur de 10 M€, aux opérations d'amélioration de l'habitat pour 2,2 à 5,85 M€ (p. 52-53 du doc. 3 du PLH), soit une dépense globale de 19,48 millions d'euros. Et encore… Les documents explicatifs omettent les dépenses liées à l'accroissement de la population, en termes de réseaux, d'infrastructures ou de services. Pour un PLH théoriquement obligatoire, mais sans aucune sanction réelle en cas de rejet, cela fait cher. Votre vote n'engage pas que votre commune mais l'intégralité du territoire.

         Certains élus ont été invités à se soumettre aux injonctions bétonnières de l’État ou de promoteurs. Mais ni l'Etat ni les promoteurs ne vous élisent, ni ne paieront les nouveaux services publics que les populations nouvelles et déjà sur place exigeront. Ce ne sont pas non plus eux qui auront à répondre de la dégradation de nos villes et de leur qualité de vie, de transports saturés, d’un patrimoine et d’espaces verts irrémédiablement altérés par la surdensité… Lors de l'adoption de cette première version du PLH, les délégués communautaires d'Avon et de Fontainebleau se sont abstenus, avec quelques autres. Loin de faire consensus la rédaction actuelle inquiète, à juste titre. Nous vous encourageons au contraire à défendre vos administrés en mettant en valeur la particularité de notre territoire, son environnement, sa qualité de vie, son patrimoine et à refuser des objectifs qui viendraient le dénaturer. C'est cette responsabilité que nous vous invitons à exercer en expliquant à l’État que les chiffres assignés ne sont pas adaptés et en exigeant qu'il tienne compte des spécificités de notre territoire.

 

Confiant dans votre esprit de responsabilité pour l'avenir du Pays de Fontainebleau, nous invitons donc les Conseils municipaux à donner un avis défavorable à ce PADD et à ce PLH et à proposer une version alternative qui :

1° mette en avant les qualités spécifiques paysagères, historiques et écologiques du territoire dont le respect est impératif,

2° souligne que les transports publics sont saturés, les services publics sont insuffisants pour recevoir de nouvelles populations et ne permettent plus un développement raisonnable de l'urbanisation, et à un coût économiquement acceptable,

3° et donc s'oppose à de nouvelles constructions, trop denses et sans architecture intégrée tout en protégeant désormais de manière plus efficace les bois, parcs, jardins et autres espaces verts comme source de bien être et de biodiversité.

 

Le Président du CDAS d'Avon

Le Président de Fontainebleau Patrimoine

Sébastien LABORDE

Dr Guillaume BRICKER