jeudi 8 février 2024

Bulletin 2024-2 (version html)

 Echos Bleau

Bulletin de l'association Fontainebleau Patrimoine

 

28ème année – n° 2024-2 – 4F é v r i e r  2 0 2 4

p. 1 Résidence étudiants rue des Archives

p. 2 Vive l'urbanisme positif !

p. 3 Plaine de la Chambre / SDRIF

p. 4 Avon la Bétonnée

 





Editorial  :

soyons

positifs !

 

Je n'avais pas tellement envie d'être positif. Je venais de lire la déclaration de politique générale du 30 janvier 2024 du premier ministre et franchement cela ne m'encourageait pas dans ce sens  : "Tout d’abord, nous allons simplifier massivement les normes : [...] , faciliter la densification, lever les contraintes sur le zonage et accélérer les procédures. Ensuite, nous désignerons dans deux semaines vingt territoires engagés pour le logement. Nous y accélérerons toutes les procédures comme nous avons su le faire dans le cadre de l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, avec comme objectif d’y créer 30 000 nouveaux logements d’ici trois ans. [...] nous contribuerons aussi à faire évoluer le secteur du logement social pour inciter les élus à développer de nouveaux programmes".

Rien sur la rénovation pourtant prioritaire de l'ancien (en 2023, 3,1 millions de logements sont vacants en France hors Mayotte, soit 8,2 % du parc de logements), pas un mot sur les accompagnements environnementaux économiques et sociaux qui devraient nécessairement escorter ces programmes, rien sur le cadre de vie et le patrimoine culturel : déprimant. La guerre du Béton continue entre Fontainebleau et Avon : certes la critique est exposée au grand jour, le public se réveille, mais le ciment poursuit son œuvre de destruction.

Et pourtant, s'y on y réfléchit bien, j'ai des raisons de croire à un changement. D'abord, des collectifs se montent partout dans les quartiers menacés, les élus ne peuvent plus se retrancher derrière leurs bureaux, ensuite, il reste encore des morceaux de territoires frappés de la fièvre de la construction qui ne sont pas encore perdus. Il est donc encore possible d'avoir un  autre avenir pour notre agglomération : le Bréau est encore presque vierge, il peut s'y dessiner autre chose que des constructions sans âmes (voir p. 2). Allons-y !

 

Dr Guillaume Bricker, Président

 

Note : Le premier ministre est bien en deçà de la loi relative au Grand Paris de 2010 qui fixe l'objectif de 70 000 logements par an pendant 25 ans rien qu'en Ile de France !

168 LOGEMENTS ÉTUDIANTS RUE DES ARCHIVES

(EX MAISON FORESTIÈRE D'AVON)  : LE POINT SUR LA SITUATION

On rappellera brièvement que la Société d'économie du pays de Fontainebleau (SEM, filiale de la communauté d'agglomération (CAPF) et de la Ville de Fontainebleau) a acheté la maison forestière de la rue des archives pour le prix 520.000 €  (prix très supérieur à l'évaluation des domaines du 10 mars 2021 à 175.000 €). Le projet consiste à construire 168 chambres dans un style particulièrement inadapté de boîte à chaussures en se justifiant par les erreurs du passé (la résidence des sophoras avait au moins le mérite d'être caché par des arbres et avec un recul important). Il a fallu une très discutable modification du document d'urbanisme pour le rendre possible. La prétendue concertation de la CAPF n'a fait que crisper la Ville d'Avon, les habitants et les associations, du fait d'un certain mépris pénible.

 

La ligne de front  : durcissement des parties

Depuis le 21  novembre 2023, le permis a été délivré. Le 28 novembre 2023, nos collègues du CDAS d'Avon ont fait déposer un recours concernant la modification n° 12 du plan local d'urbanisme rendant possible ledit projet, devant la Cour administrative d'appel de Paris (CAA, spécialement compétente en raison de la présence d'opérations concernant les Jeux Olympiques).  Le 6 décembre 2023, Avon faisait une réunion publique en présence du Maire de Fontainebleau du directeur général de la SEM, avec force public, furieux contre le projet, mais sans avancée concrète ni main tendue des promoteurs.

Le permis a été affiché a priori vers la mi-janvier 2024, déclenchant les délais de recours à l'égard des tiers. C'est sans doute ce qui a incité le 16 janvier Mme le Maire d'Avon à protester contre le risque d'un commencement immédiat des travaux en faisant une grève de la faim. Sa santé a été pour nous source d'inquiétude. Elle s'est terminée après une réunion de médiation du Sous-Préfet le 26 janvier 2024. D'un côté, Mme Nouhaud a avancé des arguments très justifiés contre ce projet, de l'autre, elle a proposé un contre-projet a la gare qui n'est voulu ni par les riverains ni par les associations. La SEM, la Ville de Fontainebleau comme la CAPF et le député se sont montrés totalement imperméables à ce raisonnement, mais il semble que les travaux sont repoussés à la décision du Tribunal administratif. Vu ce signe, le CDAS d'Avon et la Ville d'Avon Avon et le CDAS ont retiré leur référé-suspension contre le PLU qui devait être prochainement examiné par la CAA, gardant le recours au fond et se préparant à attaquer sans aucun doute ce permis. Le droit tranchera, même l'on eut préféré un sursaut des politiques pour abandonner cette épine dans un quartier calme. Certains trouvent que la CAPF ou le député sont bien silencieux, pourquoi ?

Baisse prétendue du projet initial  : ce n'est pas clair  !

Dans une déclaration dans la République du 19 janvier 2024, le Maire de Fontainebleau déclare  : «  Cela fait plus de trois ans que le projet est en discussion, poursuit Julien Gondard. Réunions, consultations, conseils d’administration, conseils communautaires et conseils municipaux ont fait avancer ce dossier. Nous avons baissé de près de 80 chambres et de deux étages par rapport au projet initial. »  Antérieurement, il parlait de 220 chambres  et d'un passage de R+6 à R+4 (CM du 25/9/23). Une réduction aussi importante paraît difficile à croire, d'autant que la chronologie ne va pas dans son sens.

Le 19 mars 2021, le CA de la SEM décide de l'acquisition du terrain, mais il n'est pas indiqué le nombre de chambres projetées ni le nombre d'étage. Le 12 juillet, le CA considère une fourchette de 150 à 200 logements (on ne parle toujours pas du nombre d'étages) lors du choix des FSM comme bailleur  : cela ne fait pas moins de 80 logements  ! Le communiqué du 16 juillet 2021  de la SEM suite à sa réunion publique du 15 précise «  Il est prévu de construire 165 chambres de 20 m² en moyenne.  ». Ce n'est donc pas 3 ans de discussion mais au plus 3 mois et 27 jours qui ont permis de fixer le nombre de chambres quasi définitif  !

On ne peut même pas parler de baisse par rapport au  premier chiffre rendu public (165), vu que l'on est à 168 avec une réduction du nombre de parkings de 50 à 41. A l'inverse, à aucun moment le projet prétendument initial n'a été rendu public, difficile de suivre le Maire dans son argumentation  : un  mauvais projet prétendument rabaissé reste de toute façon mauvais  !

POUR UNE VISION D'AMÉNAGEMENT STRATÉGIQUE - VERS UNE NOUVELLE OXFORD ?


Comme nous positions et cherchons à réveiller un territoire qui s’endort sur l’oreiller de la fatalité dans le sommeil radoteur d'un bétonnage passif et sclérosant, lénifié par certains élus, réfléchissons ensemble à une alternative.

Le territoire a pourtant des belles universités et écoles (INSEAD, mines de Paris, UPEC, UP7 avec la Station d'écologie forestière, CFA UTEC, CNSD). Mais qu'en fait-on ? On ne donne pas aux entreprises et aux écoles l'envie de se développer dans la région et on se contente d'une politique du chien crevé au fil de l'eau avec des bétonnages.

 

Des occasions manquées, un territoire à la dérive



En juin 2010, avec talent, Denis Oulés, président de Pôle Sud Paris, association de réflexion économique, proposait deux scénarios chocs : soit l'installation d'écoles d'ingénieurs et la dynamisation du territoire; soit la banlieusardisation définitive de Fontainebleau avec la paupérisation et le vieillissement. Face à ces deux avenirs extrêmes, force est de constater que l'on prend le chemin du pire : absence de réponses à des appels à projet permettant l'installation d'écoles d'ingénieurs, 2003 : fermeture de la recette des finances, 2004 : fermeture de la banque de France, 2011 : départ de l'ESIGETEL, de l'Ecole supérieure de commerce international (ESCI),  2013 : la direction de l'INSAED part pour Singapour, 2016 : départ des archives Nationales pour Pierreffite, 2017 : fusion de l'Hôpital de Fontainebleau avec Nemours et Montereau (et bientôt avec Melun) au détriment du nombre de lits, fermeture du service de la publicité foncière, 2018 : fermeture de la poste des Maréchaux, 2019 : fermeture de la polyclinique, menace de départ de l'ONF du boulevard de Constance et reconversion du site en logements (dans la modif n° 10 du PLU)… 2021 : fermeture de la poste de la Butte Montceau, 2022 : fermeture du Service des impôts des particuliers et des entreprises… Que font les élus à part bétonner ? En 2020, certes, Fontainebleau arrache à Nemours Picard surgelés, mais cela ne crée pas plus d'emplois, cela les transfère : chaque commune du Sud 77 veut attirer à elle un peu de la manne, sans schéma logique.. Loin d'être un incubateur qui permette des développements sur la région, la pépinière d'entreprise reste plus dans la location de bureaux. Malgré un enthousiasme forcé, personne ne croit vraiment à ce que rapporte le Grand Parquet (son déficit  est connu : 770k€/an) alors qu'il faudrait changer son modèle. Mais la réflexion semble politiquement trop risquée.

 

Des non-choix contestables, une politique atone

Certes, on peut se réjouir du renforcement de l'Université-Paris-Est, mais ce n'est pas grâce aux municipalités qui n'ont pas été proactives dans cette affaire. Le projet abandonné des Héronnières nous apparaît comme une tentative des promoteurs pour emballer d'une couverture universitaire une opération spéculative (800 logements au Clos des Ebats minimum). Ces municipalités se sont bornées à faciliter le travail des promoteurs sans proposer des aménagements dans une vision d'ensemble : il n'y a pas eu d'étude sur l'accueil des étudiants (d'où les minables opérations de constructions de logements universitaires à la limite de l'indigne) ni une proposition d'une vraie zone universitaire, qui permette des retombées pour la région.

L’économie résidentielle renvoie à l’offre territoriale non productive, publique ou sociale (revenus des navetteurs, des retraités et des touristes). L’économie attendue serait celle qui permettrait la production de  vrais revenus locaux qui ensuite permettent des emplois domestiques. Les élus ont fait le non-choix de l'économie résidentielle : bétonner uniquement pour du logement, sans tenir compte des problèmes de stationnement, de saturation des transports, sans créer d'emplois, avec des problèmes sociaux aggravés et la dégradation de l'esthétique… C'est le non-choix de la facilité, du laid et du bête, de ceux qui ne veulent ni prendre de risque ni se donner de la peine… Qui se préoccupe vraiment des problèmes, de la Plaine de la Chambre du Bréau ou des Lilas ? La politique de "refus de la gentrification" de M. Valletoux et successeur est celle pourtant qui va renforcer la densité dans ses quartiers, mais pas l'emploi ou la santé ! Mme Nouhaud fait de même aux Fougères.

A y regarder de près, la commune attire-t-elle, avec ses rues défoncées, sa saleté, ses immeubles neufs interchangeables avec n'importe quelle banlieue, sa ligne R saturée, sa piscine en mauvais état, l'insuffisance voulue de salles communales (avec en 2017 la fin de la salle des élections) ? Reste la forêt et le Château. Et les bétonnages des promoteurs !

Vers une conception d'ensemble : une priorité !

Finalement, au lieu de bâtir l'urbanisme à coup de décisions d'opportunisme sans chercher à se fatiguer, ne vaudrait-il pas mieux faire un vrai campus, avec des locaux et des logements de taille humaine, avec des services collectifs suffisants (une piscine neuve), dans un vrai parc forestier, autonome et dans le respect d'un style compatible avec le patrimoine architectural et paysager ? Orléans la Source a réussi, avec des constructions discutables quelquefois, le pari d'un renouvellement universitaire. Tentons la nouvelle Oxford !

Cela suppose d'abord de créer une agence spécialisée qui mettre tout le monde autour de la table, de faire une réelle étude d'opportunité, d'écouter les marchés, de répondre aux appels à projets, d'attirer les investisseurs par notre territoire, de disposer d'un architecte-conseil qui aime et défende l'architecture locale, de résister aux tentations des spéculateurs. C'est le choix de l'économie utile à la transition écologique et à la ré-industrialisation du pays plutôt que développer une économie purement tertiaire (qui ne peut vivre que si l'économie réelle fonctionne).

C'est aussi faire le pari d'une vraie association avec les villes environnantes plutôt que de tirer la couverture à soi dans la course au béton et à celui qui aura le plus de bureaux ou chambres d'étudiants en gâchant nos dernières chances : cela est dépassé, ringard ! Elles doivent en bénéficier en proposant des sites pour les applications industrielles et des logements de qualité.

La transformation de Fontainebleau en vraie ville universitaire, mais sans reniement de son passé et de son environnement, serait l'occasion, de la rénover, de devenir la locomotive de la région, de mobiliser les friches du Sud 77 plutôt que de gâcher nos terrains disponibles, et d'avoir une ville jeune de cœur et riche de patrimoine, qui soit encore attirante. C'est cela que nous demandons, positivement !


 

CHRONIQUE DE LA PLAINE DE LA CHAMBRE

LE RAS-LE-BOL: TOUJOURS PLUS DE LOGEMENTS AU DÉTRIMENT DE L’ENVIRONNEMENT

Un vent de révolte est en train de se lever car plusieurs points suscitent la colère des habitants : Un choix politique délibéré d’accroître la population, Un manque de concertation avec les habitants sur les projets d’urbanisme, Le double discours : des programmes écologiques type « Fontainebleau en transition » avec toujours plus de logements, Une  certaine complaisance des élus face aux promoteurs. Un ras-le-bol est partagé à Avon ou Bois le Roi !

Les Elus de la Ville de Fontainebleau ont des objectifs déraisonnables.

Le Programme Local de l’Habitat de la Communauté d’Agglomération du Pays de Fontainebleau pour la période 2024-2030, en cours d'approbation, fixe un objectif de 1 000 logements pour Fontainebleau en 6 ans :  600 logements neufs et la remise sur le marché de 400 logements vacants. Une convention signée, en février 2022, avec les Foyers de Seine-et-Marne et l’Etat prévoit la production de 675 logements sociaux supplémentaires d’ici 2030 (contre 240 obligatoires mentionnés dans le PLH) avec des opérations de démolition-reconstruction et surélévation dans plusieurs quartiers de la Ville. L’Opération de Revitalisation du Territoire permet de déroger aux règles d'urbanisme actuelles (notamment en termes de retrait fixant une distance minimale par rapport aux limites séparatives, de gabarit et de densité, dans la limite d'une majoration de 30% du gabarit et de densité prévus dans le document d'urbanisme, d’obligations de stationnement).

 

A la Plaine de la Chambre, les habitants sont mis devant le fait accompli :

Suite à notre tract, lors de la réunion publique du 14 janvier 2023, les Elus confirment la démolition de130 logements sociaux et la reconstruction de 210 (soit 80 de plus) pour répondre aux exigences réglementaires tant en termes de production de logements sociaux que d’exigences thermiques. Cette convention mentionne que « le site de la Plaine de la Chambre présente une configuration urbaine et des réseaux le rendant impropre à la réhabilitation : la recherche de compacité dans une zone du péricentre, la requalification environnementale et thermique du site, justifient d’y proposer une opération de démolition-reconstruction » ou encore « le patrimoine ne peut plus être rénové ».  Pour le Directeur du patrimoine des FSM : « Au titre de la loi, ce sont des passoires thermiques. La réalité économique n’est pas viable pour des rénovations ». Lors de cette annonce, les habitants sont sous le choc « les FSM ont prévu de raser le quartier sans que personne n’ait été informé ». Un Collectif est créé par les riverains et les locataires.

Le Collectif a alors mandaté des experts certifiés indépendants pour effectuer des audits (énergétiques et études de faisabilité). Les résultats sont sans appel.  Les DPE fournis par les FSM ne tiennent pas compte des isolations existantes et de la qualité réelle des constructions. Les logements ne sont pas des passoires thermiques. La rénovation est viable et économiquement beaucoup plus avantageuse que la démolition-reconstruction.

La construction de 80 logements sociaux supplémentaires au-delà du raisonnable

En effet, la Ville de Fontainebleau, par choix politique, outrepasse ses obligations légales imposées par la loi SRU sans mesurer l’impact de l’accroissement de la population sur l’environnement, les services publics, les infrastructures (réseaux, égouts) et les transports… Le projet d’urbanisme actuel est non seulement un désastre écologique, financier, mais aussi un scandale social pour les locataires, la plupart âgés, qui devront être relogés ailleurs. 

« Fontainebleau en transition » avait pour objectif de faire baisser le bilan carbone de 40 % à l’horizon 2030. Etrange manière de s’y prendre… Démolir et reconstruire est très consommateur en énergie : extraction des matières premières, transformations, transports à toutes les étapes et mise en œuvre. Le secteur de la construction-démolition est l'un des plus grands producteurs de déchets et libère une quantité très considérable de CO2. La démolition de 130 logements laisse entrevoir un impact dévastateur sur l'environnement qui caractérise ce quartier dont une cité-jardin exceptionnelle et typique de Fontainebleau qui mérite d’être préservée et réhabilitée, voire labellisée « patrimoine régional ». Les habitants s'inquiètent également des conséquences sur le plan hydrique, biologique et climatique, avec la destruction des espaces verts, la disparition des arbres et la création d’îlots de chaleur avec des bâtiments de plus grande hauteur.

 

Les Elus préfèrent écouter les promoteurs plutôt que les habitants.

Or, pour l’instant, le Maire que le Collectif de la Plaine de la Chambre a rencontré à plusieurs reprises, est resté muet à la demande d’un moratoire, le temps d’instaurer un vrai dialogue pour que le projet soit revu. Il veut faire une réunion publique : à quoi bon, si ce n'est pour prêcher sans discuter réellement ?

Ce projet urbain, qui consiste à raser tout un quartier, est non seulement aberrant, mais incompréhensible car il est basé sur des prétextes fallacieux. Sans contre-expertise, les Elus laissent les Foyers de Seine-et-Marne définir la politique urbaine de la Ville. La démocratie participative exige que les habitants soient écoutés.  Comment faire comprendre aux Elus qu’il ne faut pas prendre des décisions irréversibles, à l’encontre des habitants et de l’environnement ?

Avec ce mépris, il ne faut pas s'étonner ensuite des recours, des manifestations, des tracts et quelques fois de réactions qui vont au-delà de l'ordinaire. Le Collectif du Haut d'Avon ou les associations de Bois le Roi ne sont pas non plus surpris de ces abus.  Ras le bol du béton !

DOUTE SUR L'EFFICACITÉ DES DIAGNOSTICS ?

La fiabilité des diagnostics est-elle remise en doute ? On lira un rapport récent du Conseil d'analyse économique (Focus

n° 103 janvier 2024 https://www.cae-eco.fr/performance-energetique-du-logement-et-consommation-d-energie-les-enseignements-des-donnees-bancaires) ?

Le rapport indique : "en cas d’erreur du diagnostic, la responsabilité du  vendeur ou du bailleur peut être engagée par l’acquéreur ou le locataire qui en subit le préjudice, les premiers pouvant  eux-mêmes se retourner contre le diagnostiqueur".

Enquête publique Schéma directeur de la région Ile de France

Le SDRIF réglemente l’utilisation du sol, la localisation des infrastructures de transports et des grands équipements, les moyens de protection et de mise en valeur de l’environnement, et la localisation préférentielle des extensions urbaines, ainsi que les activités industrielles, artisanales, agricoles, forestières et touristiques. Il pousse à la densité et au bétonnage. Vous pouvez participer du 1/2 au 16/3/24 au registre numérique : https://www.registre-numerique.fr/sdrif-e ou à la permanence : Mairie de Fontainebleau jeudi 15 février 2024  9h à 12h mercredi 13 mars 2024 9h à 12h.


AVON  : LE BETONNAGE CONTINUE SUR L'AXE GARE-VALVINS


Nous soutenons hautement la lutte contre le projet de construction sur le site de l'ex-Maison Forestière (et plus généralement du Bréau),  et constatons comme la Ville d'Avon «  Il massacre un jardin de 2 800 mètres carrés  »  «  Il dégradera fortement le cadre de vie des riverains  ».

Cependant, une partie de l'argumentation que la commune d'Avon a trouvé pour contrer ce sinistre projet nous laisse un peu dans l'expectative, car elle prévoit une alternative au niveau de la gare que les riverains repoussent comme les associations de défense du cadre de vieDire que la municipalité d'Avon bétonne moins que celle de Fontainebleau, carte à l'appui, ce n'est pas vraiment un bon argument. Il vaudrait mieux arrêter le massacre de part et d'autre.

Le Communiqué du 19 janvier 2024 de la Ville d'Avon indique : «  Ce sujet hélas clivant entre les deux villes, est dévié par certains sur un autre débat pour occulter le caractère violent et brutal du projet de l’ex maison forestière : le « bétonnage » d’Avon. « Bétonner » c’est construire sur des surfaces naturelles non construites. À ce jour, depuis 2014, tous les projets immobiliers d’envergure sur Avon ont évité de le faire. Notre stratégie urbaine concentre le plus possible les nouvelles constructions sur des friches industrielles (ZAC de la gare) ou des parcelles déjà bâties". Cependantnous n'avons pas la même définition, le bétonnage désigne le fait de couvrir une surface importante de sol avec du béton, généralement pour créer des infrastructures urbaines comme des routes, des parkings, des trottoirs, des bâtiments, etc. Ce processus a pour effet de densifier l'espace urbain en réduisant les espaces verts et perméables.

Plusieurs constructions ont bien été faites sur des terrains libres et non des friches  : par exemple le secteur de l'Odéon ou les Fougères (suppression des espaces devant les bâtiments). L'argument n'est d'ailleurs pas très bon, car la Ville de Fontainebleau pourrait s'en targuer sur La polyclinique, les Subsistances, le Bréau... Or, nous réfutons cet argument  : la densification a aussi des effets pervers.

Le communiqué poursuit : " Nous concentrons les constructions autour de la gare, et sur l‘axe central Valvins Roosevelt, pour limiter les déplacements en voiture des nouveaux arrivants, qui trouvent ainsi à proximité immédiate tous les commerces et services nécessaires. C’est aussi l’axe de la ligne de bus 1, la plus importante, qui relie les deux centres villes d’Avon et de Fontainebleau." Cette stratégie urbaine de densification n'est nullement approuvée par les Avonnais comme les Bellifontains, le Conseil municipal d'Avon n'en a même pas discuté. Par ailleurs, elle omet totalement le problème de la saturation des transports publics et des voiries, tout cela se fait sans aucune étude sur les besoins économiques et sociaux des populations.

Le communiqué présente une carte des projets d'urbanisme de septembre 2022 (voir supra) : "La carte ci-dessous le prouve : en rouge les projets refusés, en vert les projets autorisés, en bleu les projets en instruction. Cette urbanisation régulée exige un travail considérable de négociation avec les nombreux promoteurs qui ne cessent de venir nous solliciter. Car les règles actuelles du PLU, pour nous comme pour Fontainebleau, ne nous permettent pas toujours de refuser ou de mener à notre guise les projets.  » Contre vérité, nombre de projets ont été rendus possibles par une modification des documents d’urbanisme, comme sur le site de la gare, comme sur le site des Fougères, comme sur le site de Valvins. Avant de négocier avec de sinistres promoteurs, il serait bon d'éviter de leur ouvrir la porte  ! La commune est donc coupable de faciliter le travail des constructeurs au contraire !

Le communique précise enfin des chiffres de construction : " De 2016 à 2021, Avon a construit 438 logements, Fontainebleau 442 ( chiffres issus du PLH ). De 2022 à aujourd’hui, le nombre de logements projetés est de 339 sur Avon. Sur Fontainebleau, le seul projet des Subsistances en prévoit 511. Mais on doit y ajouter, a minima, les 80 logements de la Plaine de la Chambre, les 332 logements d’une future résidence pour étudiants et jeunes actifs, ce qui nous amène déjà à 923 logements. Sans doute, mais cette course à échalote doit cesser  : les deux villes doivent arrêter ce bétonnage et cette densification  : Fontainebleau a sans doute plus de possibilités qu'Avon, ce n'est pas une raison pour en abuser  ! On notera que l'esthétique de ces nouveaux bâtiments est pour le moins indigente et ne fait pas honneur à la Ville d'Avon qui accueille pourtant nombre de touristes !

 

Brèves avonnaises

- L'abattage du séquoia devant le centre Odéon a bien été rendu possible par la révision simplifiée n° 3 du PLU voulu par la Ville d'Avon : elle a supprimé la règle de protection des arbres remarquables. L'engagement de planter 60 arbres ne compense pas cette destruction d'un espace vert.

- La Ville d'Avon maintient le projet de piste cyclable Haut d'Avon – Butte-Montceau via le chemin de Nemours au lieu de passer par la route de Diane préférée par la Commission du temps long (pour la transition écologique) et nombre d'usagers du fait de son moindre dénivelé. Motif : cette alternative passe à Fontainebleau, ce qui ferait perdre la subvention régionale. On gaspille l'argent du contribuable pour un itinéraire moins bien.

- La Commission du temps long travaille actuellement sur des protections d'éléments comme les sources ou le petit patrimoine mais également les parcs et jardins : pourvu qu'elle soit entendue pour le futur Plan intercommunal d'urbanisme.

jeudi 18 janvier 2024

Communiqué de presse du 18/01/2024 : abattage d'un séquoia à Avon

  


Fontainebleau Patrimoine

 

Association loi 1901 n° 9741 déclarée   au JORF du 11 décembre 1996 p. 5454

Site : fontainebleau-patrimoine.blogspot.fr Courriel : echosbleau@gmail.com Tel : 01 60 74 80 33

24, Bd Thiers 77300 Fontainebleau

 

Communiqué de presse : abattage d'un séquoia à Avon


 

Fontainebleau, le 18 janvier 2024.

 

Fontainebleau Patrimoine déplore l'abattage autorisé par la commune d'Avon d'un séquoia situé sur un terrain privé proche du monument historique des Basses loges pour permettre des constructions.

Ce séquoia d'une belle taille, était un élément important du paysage local. Il était apprécié des habitants pour sa beauté et sa majesté. Son abattage est une perte importante pour la commune et pour l'environnement. Fontainebleau Patrimoine rappelle que les arbres sont essentiels à la santé de notre planète. Ils contribuent à la purification de l'air, à la régulation du climat et à la protection de la biodiversité. Ils forment également un patrimoine culturel.

Cet abattage, d'autant plus choquant qu'il a été fait la pelle mécanique, a été rendu possible par la délibération du Conseil Communautaire du 29.09.2022 approuvant la révision allégée n°3 du plan local d'urbanisme, à la demande de la Ville d'Avon, qui a entraîné la suppression de la règle de protection des arbres en zone UX1  : "Les arbres dont la silhouette est majeure ou les essences rares doivent être conservées dans leur durée normale de vie. Ils doivent être remplacés par des sujets de même espèce à développement identique à terme" (art. UX 13). La commune aurait pu exiger cependant son maintien en se fondant sur l'article R. 111-27 du code de l'urbanisme : "Le projet peut être refusé ou n'être accepté que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales si les constructions, par leur situation, leur architecture, leurs dimensions ou l'aspect extérieur des bâtiments ou ouvrages à édifier ou à modifier, sont de nature à porter atteinte au caractère ou à l'intérêt des lieux avoisinants, aux sites, aux paysages naturels ou urbains ainsi qu'à la conservation des perspectives monumentales".

L'auteur du communiqué, en sa qualité de présidence du CDAS d'AVON, avait dénoncé une modification destinée à favoriser les constructions sous couvert de paysagisme : "Il est donc facile de conclure que la priorité apparente donnée à l'environnement emballe surtout un projet de restructuration commerciale de la zone" (https://avon-cdas.blogspot.com/2022/07/observations-du-cdas-sur-lenquete-du.html).

La commune est donc responsable de cette décision regrettable.

 

L'organisation appelle la commune d'Avon à la responsabilité sur les abattages d'arbres et à la création d'une commission d'urbanisme ouverte aux associations de défense du patrimoine naturel et culturel.

 

Le Président, Dr Guillaume Bricker

 

Annexe

 

Source : https://www.pays-fontainebleau.fr/wp-content/uploads/2022/10/1-Notice_Rev-all-3_AVON_APPROBATION-1.pdf

 

ARTICLE UX 13 - LES OBLIGATIONS IMPOSEES AUX CONSTRUCTEURS EN MATIERE DE REALISATION DES ESPACES LIBRES, D’AIRES DE JEUX ET DE LOISIRS, ET DE PLANTATIONS. "[ajouté par la modification] Dans l'ensemble de la zone UX à l'exception du secteur UX1 : L'implantation des constructions nouvelles doit être choisie de façon à préserver la plus grande partie possible des plantations existantes de qualité. Les espaces restés libres après implantation des constructions, et non occupés par des aires de stationnement doivent faire l'objet d'un traitement paysager. En clôture, les haies vives sont recommandées. Les aires de stockage doivent être dissimulées par des haies vives ou des arbres à croissance rapide. Des haies denses à feuillage essentiellement persistant ou marcescent doivent être aménagées autour des parcs de stationnement de véhicules. Les aires de stationnement en surface comportant plus de six emplacements devront être plantées à raison d'un arbre de haute tige au moins pour 200 m2 de surface affectée à cet usage. Ils pourront être plantés en bosquet. Les arbres dont la silhouette est majeure ou les essences rares doivent être conservées dans leur durée normale de vie. Ils doivent être remplacés par des sujets de même espèce à développement identique à terme. L’article 13 ne s’applique pas aux emprises du domaine public ferroviaire".

 

Justification officielle (ironie ?) : "Les nouvelles dispositions de l'article 13 visent à mettre le végétal et la biodiversité au premier plan et à inciter les pétitionnaires à leur intégration dans les projets d'aménagement et de construction. Elles doivent permettre de recréer une armature végétale forte, lien entre les deux réservoirs de biodiversité de la forêt situés de part et d'autre de la ZAE. Il s'agit de faire du paysage une composante majeure du site"



mardi 2 janvier 2024

Bulletin 2024-1 (version html)

 

 

 


Echos Bleau

Bulletin de l'association Fontainebleau Patrimoine

 

28ème année – n° 2024-1 – J a n v i  e r  2 0 2 4

 

p. 1 Vœux et nouvelles

p. 2-3 : L'ORT, cheval de Troie du béton

p. 4 Protection du patrimoine architectural et paysager  : double langage

 

Editorial :

 

Des bons vœux pour 2024

 

Il me serait doux de temps en temps d'annoncer de bonnes nouvelles. Le travail de nos associations devrait être, dans un Etat normal, de conseiller les collectivités pour qu'elles favorisent les travaux de restauration, qu'elles proposent des programmes de mise en valeur du patrimoine, bref de jouer un rôle positif.

Malheureusement, bien souvent, nous sommes obligés d'être en réaction à des projets aberrants pour l'architecture et le patrimoine, des plans et programmes destinés à bétonner plus sans tenir compte du cadre de vie et des capacités des services publics et des transports (les élus prennent-ils le train ?).

Mais loin d'être ravis de cette situation de Cassandre dans laquelle certains élus aiment à nous réduire sinon nous caricaturer, nous déplorons au contraire d'avoir à rappeler à ces maires et présidents de collectivités qu'ils ne sont pas les maîtres, mais au contraire les serviteurs du Peuple. Peuple qui en a visiblement assez d'être contraint de vivre dans des Villes qu'il ne reconnaît plus au profit d'objectifs absurdes et dans l'intérêt privé de certains promoteurs ! Les doubles discours sont de plus en plus mal venus et il y a un véritable ras-le-bol : les citoyens en ont marre de ceux qui prétendent défendre le territoire tout le détruisant.

 

Tout cela ne m'empêchera pas de vous présenter mes vœux sincères pour 2024 !

 

Dr Guillaume Bricker, Président

Nouvelles diverses

 

168 Logements étudiants rue des Archives (ex Maison Forestière d'Avon)



Une réunion publique a été organisée le 6 décembre 2023 par la Ville d'Avon en présence du directeur général de la Société d'économie mixte du Pays de Fontainebleau (SEM), promoteur, et du Maire de Fontainebleau qui pousse à cette opération. Ces derniers, campés sur leurs positions (cimentées ?), n'ont pas été très convaincants, même en promettant bien peu crédiblement de protéger en partie les sols.

La municipalité avonnaise a raison lorsqu'elle refuse la densité à Fontainebleau, mais paraît se contredire en l'acceptant à tort sur l'axe de la gare. Le public était furieux contre le béton.

La Ville d'Avon et le Comité de défense d'action et de sauvegarde d'Avon ont attaqué la modification n° 12 du Plan local d'urbanisme qui rend possible l'opération, devant la Cour administrative d'appel de Paris (la Loi sur les JO lui donne compétence en raison du Stade concerné). Le permis de construire a été déposé le 21 novembre 2023 (archi. Dumont).

 

Projet de Schéma directeur de la région Ile de France (SDRIF)

Le projet a été mis en forme par le Conseil régional du 12 juillet 2023.

Les élus régionaux, dans la continuité du Parlement, poursuivent leur délire bétonneur :

plus de logements : "Les documents  d’urbanisme doivent contribuer à la mise en œuvre de l’objectif de construction de 70 000 logements par an défini par la loi  du 3 juin 2010 relative au Grand Paris, à l’échelle [IDF]".

plus dense : le nombre de logements au sein des espaces urbanisés […] doit progresser en moyenne de  13 %, à l’horizon 2040." " La mobilisation des capacités d’urbanisation non cartographiées doit permettre d’atteindre une densité […]au moins égale à 20 logements par hectare".

La protection des paysages des parcs et jardins et des monuments  tient de l'anecdotique (le mot "monument" est cité une fois en 74 pages de règlement) : bref, la Région sous couvert de "maîtrise" poursuit son objectif de mégalopole (mégalo tout court) au détriment d'un véritable aménagement du territoire et sans tenir compte ni du cadre de vie et de l'environnement ni de l'histoire ni d'ailleurs des besoins et de la dignité des habitants d'un territoire sur-artificialisé, sur-exploité, bref de plus en plus dénaturé et inhumain.

Fontainebleau mérite une destinée différente de la banlieusardisation en marche que nos élus locaux semblent adorer tout en faisant mine de le déplorer.

 

Projet de Schéma régional de l'habitat et de l'hébergement 2024-2030 (SRHH)

Le projet de SRHH du 30/11/23 a été soumis à la consultation des collectivités :

- "Les objectifs de construction de logements, […], pour la période 2024-2030 sont les suivants : 77 CA du Pays de Fontainebleau : 300". Soit  1800 logements en 6 ans !

- "Objectifs de production de logements sociaux CA du Pays de Fontainebleau :

borne basse : 141 / borne haute : 169soit 846 – 1014 HLM en 6 ans !

Des objectifs hélas cohérents avec le délirant projet de Programme local de l'habitat (PLH) avec en 6 ans 1906 logements pour la CAPF (749 HLM) dont 1000 logements pour Fontainebleau (240 HLM) et 180 à Avon (290 HLM) !

 

Opération de revitalisation du territoire (ORT) :

grande manip pour bétonner plus


 


Les opérations de revitalisation du territoire (ORT) devaient être une opération de financement des cœurs de ville et de la rénovation urbaine. Comme toujours l'Etat impécunieux n'a rien trouvé de mieux que d'utiliser le levier le moins coûteux sur le plan financier mais le plus odieux sur le plan de l'architecture et du patrimoine : faciliter le bétonnage, c'est à dire augmenter la « charge foncière ». L’adaptation des documents d’urbanisme (SCOT, PLU) au projet de territoire contenu dans l’ORT peut être ainsi facilitée dans le cadre de la procédure intégrée prévue dans le code de l’urbanisme (art. L 300-6-1). Mais c'est surtout la possibilité de dérogation aux règles des plans d'urbanisme qui intéresse la Ville, en application de l'épouvantable article L. 152-6-4 du code de l'urbanisme (à droite) :

Le législateur permet donc de modifier de favoriser la densification sans soumettre les élus à des procédures de concertation avec le public, sans étude d'impact, avec des garanties absolument ridicules. Ce déni de démocratie aura sans doute de graves, de très graves conséquences. Précédent fâcheux (précédemment commenté dans ce bulletin) : la Ville de Fontainebleau a déjà permis à la Société d'économie mixte de recourir à cet artifice, place Patton, avec une justification qui nous apparaît comme irrecevable (quelle intégration harmonieuse !) et qui n'a pas manqué d'entraîner un contentieux.

De nouveaux secteurs sont menacés par l'Etat, la Ville et la Communauté d'agglomération (CAPF) complices, en vue de favoriser les intérêts purement privés de promoteurs au détriment de l'intérêt général, suite à la délibération de la CAPF du 14 décembre 2023 qui modifie de l'ORT :

"D’un point de vue opérationnel et concernant l’axe 1 du programme Action Coeur de Ville, le renouvellement de qualité attendu sur les 3 entrées de ville : Foch/Carrefour des 8 routes et Warnery permettra d’offrir des logements de qualité (sic) permettant de produire une offre diversifiée et requalifiée" (sic).

 
Article L. 152-6-4 du code de l'urbanisme

"Dans le périmètre [...] des secteurs d'intervention des opérations de revitalisation de territoire, délimités en application de l'article L. 303-2 du code de la construction et de l'habitation, des dérogations au règlement du plan local d'urbanisme ou du document en tenant lieu peuvent être autorisées, dans les conditions et selon les modalités définies au présent article, pour contribuer au développement ou à la revitalisation du territoire et pour faciliter le renouvellement urbain et la maîtrise de l'étalement urbain.

 

En tenant compte de la nature du projet, de la zone d'implantation, de son intégration harmonieuse dans le tissu urbain existant (sic), de la contribution au développement, à la transformation ou à la revitalisation de la zone concernée et à la lutte contre la consommation des espaces naturels agricoles et forestiers et dans le respect des objectifs de mixité sociale et fonctionnelle,

l'autorité compétente pour délivrer le permis de construire peut, dans les zones urbaines, par décision motivée :

 

1° Déroger aux règles de retrait fixant une distance minimale par rapport aux limites séparatives;

 

2° Déroger aux règles relatives au gabarit et à la densité, dans la limite d'une majoration de 30 % du gabarit et de la densité prévus dans le document d'urbanisme ;

 

3° Déroger aux obligations en matière de stationnement, en tenant compte de la qualité et des modes de desserte, de la densité urbaine ou des besoins propres du projet au regard des capacités de stationnement existantes à proximité ;

 

4° Autoriser une destination non autorisée par le document d'urbanisme, dès lors qu'elle contribue à la diversification des fonctions urbaines du secteur concerné ;

 

5° Autoriser une dérogation supplémentaire de 15 % des règles relatives au gabarit pour les constructions contribuant à la qualité du cadre de vie, par la création d'espaces extérieurs en continuité des habitations, assurant un équilibre entre les espaces construits et les espaces libres. Cette dérogation supplémentaire ne peut concourir à excéder 50 % de dépassement au total".



Le secteur Ouest

 

Citations de l'ORT : "La Tour Warnery constitue en soi un défi d’intégration d’entrée de ville majeure pour Fontainebleau et le territoire via le carrefour de la Libération.

Le bâtiment Henri Dunant fait également partie de ce secteur inclut dans la convention tripartite Etat-Fontainebleau-FSM.

La rénovation de la Tour mais aussi la recomposition de certaines parcelles avoisinantes, la proximité des logements et commerces de la Faisanderie, les pôles d’enseignement à proximité, générateurs de flux, font de cette entrée de ville un enjeu majeur de renouvellement urbain pour la ville de Fontainebleau."



Il s'agit très clairement pour la majorité municipale de revenir sur une opération qui avait été ratée, c'est à dire le bétonnage de l'entrée de ville projeté en 2007 (vue de droite). Visiblement cette majorité n'a rien appris et n'a rien oublié et veut gâcher une entrée de ville qui a déjà souffert en densifiant toujours plus.

 

Secteur de la Bonne Dame (Boulevard Foch)

Citations de l'ORT :"L’EPAHD qui occupe la Villa Baucis est en cours de mutation, un plateau sportif municipal est proche alors que le tissu résidentiel présente quelques tènements non bâtis alors que l’ensemble est en lisière de la forêt classée.

La ville de Fontainebleau souhaite maîtriser (sic) la mutation de cette entrée de ville patrimoniale". "Cette entrée de ville entre forêt et boulevard extérieur devra dans les formes urbaines et architecturales démontrer le lien entre ville et nature, pavillons et petits collectifs, équipements et logements."

En ce qui concerne le site de l'EHPAD Baucis fondé par le Dr Alfred Saillon et une villa voisine, le promoteur ELGEA a fait déjà réaliser une étude capacitaire par l'architecte Barbara Dumont qui prévoit 7 immeubles de 4 niveaux (R+2+C) pour environ 5000 m² de surface de plancher et une voie intérieure, tout en détruisant largement les boisements existants. Rien de tel en effet pour " démontrer le lien entre ville et nature" que prétend l'ORT !





 

Villas conservées

 

EHPAD à démolir

 

Immeubles nouveaux pris sur l'EHPAD démoli

 

Immeubles nouveaux pris sur les boisements

 

Nouvelle voirie prise sur les boisements

Plaine de la Chambre

 

Citations de l'ORT : "Par ailleurs, dans le secteur de la Plaine de la Chambre et conformément à la convention tripartite Etat-Fontainebleau-FSM, l’ensemble des résidences de logements sociaux des Foyers de Seine et Marne seront réhabilités et reconstruits afin d’offrir des conditions de confort énergétiques répondant aux nouvelles exigences environnementales".

Sous couvert de défendre la qualité des entrées de ville, il s'agit de favoriser le bétonnage de la Plaine de la Chambre au profit des Foyers de Seine-et-Marne permettant de construire 210 logements à la place de 130.  On rappellera que l'ORT permettra de déroger aux règles d'urbanisme actuelles. La Convention citée et que nous avons commenté dans un précédent Echos Bleau prévoyait en effet d'adapter les documents d'urbanisme : c'est chose faite "en douceur" et sans concertation aucune.

Projet de requalification urbaine rue de la Gare (Avon)

Citations de l'ORT : La ville d'Avon s'engage dans un projet urbain en secteur gare, futur pôle de centralité de la ville au vu des différents projets en cours.  un projet de requalification des bâtiments le long de la rue de la gare est engagé par la ville afin de:

- Lutter contre l’habitat indigne, suspicion de marchands de sommeil (15 logements au total),

Répondre aux obligations de la loi SRU, la ville étant déficitaire en matière de logement social,[…]

Différents outils ont été lancés:

- Décision de préemption de la ville d'Avon sur un bien situé au 12 rue de la gare, et occupé par le bar hôtel restaurant « Le Départ ». Ce dossier fait l'objet d'une étude pour la fixation du prix par le juge d’expropriation.

- Une convention avec l’Etablissement Public Foncier d’Île-de-France (EPFIF) a été signée le 3 avril 2023 avec la ville d'Avon pour une opération globale, regroupant l’ensemble des parcelles voisines, aujourd’hui en ventes (sic) ou en passe de l’être.

- Délégation du droit de préemption urbain à l’EPFIF. Un dossier de préemption est en cours afin d'acquérir une des propriétés intégrées dans le périmètre de maîtrise foncière.

Cette requalification permettra la réalisation d'un programme immobilier, dont la programmation est prévue dans le cadre de la convention avec l’ EPFIF:

- 300m² de commerces en pied d’immeuble

- Maximum 60 logements dont 30% en logement social

- Résidence sociale étudiante [NDA : nbre de chambres NC]

Budget global 3,5 millions €

Note : on pourrait y ajouter encore  l'Ilot Ouest de la ZAC…



La Ville d'Avon qui critique à juste titre les bétonnages de la Ville de Fontainebleau au sud de l'agglomération semble ne pas se gêner pour bétonner un maximum l'axe de la gare : c'est regrettable de se contredire ainsi.

Lors de la réunion publique organisée par cette commune pour dénoncer le projet de résidence étudiante au sud (voir p. 1), le Maire d'Avon a saboté son argumentaire en considérant que le projet de résidence étudiants serait mieux à la gare, ce qui est absurde, les inconvénients dénoncés étant largement les mêmes (aspect architectural et densité inadaptés, saturation des voiries, des transports, des services publics... ). La SEM du Pays de Fontainebleau n'a pas manqué d'ironiser en pointant cette contradiction. Mme Nouhaud n'en a pas moins raison de refuser le bétonnage du Bréau et du Haut d'Avon !

 

On l'aura compris, les collectivités et l'Etat se sont arrangés entre eux, sans vergogne, pour détourner ce dispositif de revitalisation sous des prétextes divers pratiquement sans réelle justification (qualité des entrées de ville, amélioration de l'habitat) pour favoriser toujours et pratiquement en tous lieux les bétonnages au profit de promoteurs et de soi-disant défenseurs des mal-logés, qui seront sans doute mal-entassés, sans pratiquement d'espaces verts. Cité-jardin, c'est oui, Cité-béton, c'est non !


Défense des monuments historiques et des sites :

la parole publique de plus en plus discréditée


 

Il est apparu dans les argumentaires municipaux que la commune était protégée contre des mauvais projets qui porteraient atteintes au patrimoine et à la Ville d'Art et d'histoire. Malheureusement la politique suivie réellement trahit un discours qui ne convainc vraiment plus personne :

 

Auto-critique du Maire en façade

bétonnage par le Maire en réalité

Lors d'une visite de quartier Damesme le 9 décembre 2023, le Maire a dû faire face à des très vives critiques, notamment sur le nouvel EHPAD situé rue Matry (17 millions € de travaux). Il a reconnu que l'établissement est un ratage architectural, ce qui est d'autant plus grave qu'il est situé à proximité de la chapelle de l'hôpital. C'était pourtant visible au plan :

Projeté



Réalisé



Il l'a reconnu aussi pour la résidence étudiante à la place de la  Polyclinique. Tous ont jugé que le bâtiment était trop haut et trop massif (ci-dessous). Le quartier avait déjà souffert des constructions autour de la caserne Chataux.



Si M. le Maire se rend compte que cela ne peut plus durer, ce n'est pas trop tôt, mais qu'il en tire les conséquences. Sinon Culpa lata dolo aequiparatur (Lorsqu’elle est particulièrement lourde, la faute de négligence est assimilée au dol).

En réponse à ces opinions qu'il n'a pu que reconnaître comme justifiées, le maire de Fontainebleau a indiqué que l'adjointe à l'Urbanisme, Me Bollet, serait désormais plus attentive aux dossiers de construction afin d'éviter que de telles situations ne se reproduisent. Nous sommes sceptiques, car il faudrait que celle-ci applique l'article R.111-27 du code de l'urbanisme qui dispose : "Le projet peut être refusé ou n'être accepté que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales si les constructions, par leur situation, leur architecture, leurs dimensions ou l'aspect extérieur des bâtiments ou ouvrages à édifier ou à modifier, sont de nature à porter atteinte au caractère ou à l'intérêt des lieux avoisinants, aux sites, aux paysages naturels ou urbains ainsi qu'à la conservation des perspectives monumentales". Et si la Ville se dotait d'un architecte conseil compétent, comme l'était M. Wagon ?

Jusqu'à présent la politique de la municipalité a démontré une volonté pathologique de détruire la Ville dans son essence en la dénaturant par des projets inadaptés et qui s'opposent à toute idée d'intégration harmonieuse. Il faut que cela change !


L'architecte des bâtiments de France (ABF),

Le subterfuge d'une fausse protection

Le Maire a ajouté l'argument selon lequel la Ville était protégée par l'avis de l'architecte des bâtiments de France dans le périmètre du site patrimonial remarquable (SPR).

Voilà un argument sans grande valeur, car l'ABF disposait déjà d'un avis conforme (droit de veto pour faire simple) dans le périmètre de 500 m des monuments historiques et en site classé, ce qui recouvre déjà la grande majorité de la Ville !  Cet argument nous a été sorti tellement de fois qu'il en est éculé. Ainsi, il avait été utilisé par la Ville d'Avon pour refuser le classement du Parc des Basses-loges : l'ABF le protègerait déjà. Cela n'a pas empêché un projet d'EHPAD très laid, qui heureusement a avorté (voir ci-dessous).



Lors de la modification  n° 12 du PLU, le Maire a justifié l'absence de réglementation dans le quartier justement de l'Hôpital par la protection du SPR : et dans le passé (ci-contre), l'ABF a-t-il pris des bonnes mesures ? Non ! Le rédacteur de cet article enseigne le droit de l'urbanisme à l'Université : il peut donc affirmer que la protection du patrimoine relève tant du Ministère de la Culture que des collectivités territoriales et que la compétence juridique du premier ne justifie nullement l'abstention des dernières, chacun à sa responsabilité propre. Non content de se défausser sur l'ABF (qui malheureusement semble un filet bien lâche), la commune promeut la densité sans aucune conscience.

Reste que le site patrimonial remarquable a  bien été délimité (en excluant scandaleuse les terrains du sud de l'agglomération), mais il n'y a toujours pas de réglementation (soit un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV), soit d’un Plan de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine (PVAP)). On s'inquiète même de ce futur règlement qui risque certes de contraindre beaucoup l'ancien, mais de laisser la bride sur le cou aux constructions contemporaines (infra) !

 

Conclusion : le Classement UNESCO menacé

par la faute de la municipalité

Il va de soi que ces méthodes inacceptables de la commune mettent gravement en péril le projet de classement à l'UNESCO de la forêt au titre du patrimoine culturel mondial et qui exige un périmètre de protection urbain. Notre association ne manque jamais de tenir au courant l'UNESCO des derniers bétonnages.

La municipalité sera désormais tenue en haut-lieu pour responsable de ces pratiques. Il ne faudra pas ensuite venir pleurer !


 

Extraits d'un document "gestion des travaux en espaces protégés"

par l'ABF Mme Michard (5/12/2017) :

 


 

Bulletin 2024-1