jeudi 18 janvier 2024

Communiqué de presse du 18/01/2024 : abattage d'un séquoia à Avon

  


Fontainebleau Patrimoine

 

Association loi 1901 n° 9741 déclarée   au JORF du 11 décembre 1996 p. 5454

Site : fontainebleau-patrimoine.blogspot.fr Courriel : echosbleau@gmail.com Tel : 01 60 74 80 33

24, Bd Thiers 77300 Fontainebleau

 

Communiqué de presse : abattage d'un séquoia à Avon


 

Fontainebleau, le 18 janvier 2024.

 

Fontainebleau Patrimoine déplore l'abattage autorisé par la commune d'Avon d'un séquoia situé sur un terrain privé proche du monument historique des Basses loges pour permettre des constructions.

Ce séquoia d'une belle taille, était un élément important du paysage local. Il était apprécié des habitants pour sa beauté et sa majesté. Son abattage est une perte importante pour la commune et pour l'environnement. Fontainebleau Patrimoine rappelle que les arbres sont essentiels à la santé de notre planète. Ils contribuent à la purification de l'air, à la régulation du climat et à la protection de la biodiversité. Ils forment également un patrimoine culturel.

Cet abattage, d'autant plus choquant qu'il a été fait la pelle mécanique, a été rendu possible par la délibération du Conseil Communautaire du 29.09.2022 approuvant la révision allégée n°3 du plan local d'urbanisme, à la demande de la Ville d'Avon, qui a entraîné la suppression de la règle de protection des arbres en zone UX1  : "Les arbres dont la silhouette est majeure ou les essences rares doivent être conservées dans leur durée normale de vie. Ils doivent être remplacés par des sujets de même espèce à développement identique à terme" (art. UX 13). La commune aurait pu exiger cependant son maintien en se fondant sur l'article R. 111-27 du code de l'urbanisme : "Le projet peut être refusé ou n'être accepté que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales si les constructions, par leur situation, leur architecture, leurs dimensions ou l'aspect extérieur des bâtiments ou ouvrages à édifier ou à modifier, sont de nature à porter atteinte au caractère ou à l'intérêt des lieux avoisinants, aux sites, aux paysages naturels ou urbains ainsi qu'à la conservation des perspectives monumentales".

L'auteur du communiqué, en sa qualité de présidence du CDAS d'AVON, avait dénoncé une modification destinée à favoriser les constructions sous couvert de paysagisme : "Il est donc facile de conclure que la priorité apparente donnée à l'environnement emballe surtout un projet de restructuration commerciale de la zone" (https://avon-cdas.blogspot.com/2022/07/observations-du-cdas-sur-lenquete-du.html).

La commune est donc responsable de cette décision regrettable.

 

L'organisation appelle la commune d'Avon à la responsabilité sur les abattages d'arbres et à la création d'une commission d'urbanisme ouverte aux associations de défense du patrimoine naturel et culturel.

 

Le Président, Dr Guillaume Bricker

 

Annexe

 

Source : https://www.pays-fontainebleau.fr/wp-content/uploads/2022/10/1-Notice_Rev-all-3_AVON_APPROBATION-1.pdf

 

ARTICLE UX 13 - LES OBLIGATIONS IMPOSEES AUX CONSTRUCTEURS EN MATIERE DE REALISATION DES ESPACES LIBRES, D’AIRES DE JEUX ET DE LOISIRS, ET DE PLANTATIONS. "[ajouté par la modification] Dans l'ensemble de la zone UX à l'exception du secteur UX1 : L'implantation des constructions nouvelles doit être choisie de façon à préserver la plus grande partie possible des plantations existantes de qualité. Les espaces restés libres après implantation des constructions, et non occupés par des aires de stationnement doivent faire l'objet d'un traitement paysager. En clôture, les haies vives sont recommandées. Les aires de stockage doivent être dissimulées par des haies vives ou des arbres à croissance rapide. Des haies denses à feuillage essentiellement persistant ou marcescent doivent être aménagées autour des parcs de stationnement de véhicules. Les aires de stationnement en surface comportant plus de six emplacements devront être plantées à raison d'un arbre de haute tige au moins pour 200 m2 de surface affectée à cet usage. Ils pourront être plantés en bosquet. Les arbres dont la silhouette est majeure ou les essences rares doivent être conservées dans leur durée normale de vie. Ils doivent être remplacés par des sujets de même espèce à développement identique à terme. L’article 13 ne s’applique pas aux emprises du domaine public ferroviaire".

 

Justification officielle (ironie ?) : "Les nouvelles dispositions de l'article 13 visent à mettre le végétal et la biodiversité au premier plan et à inciter les pétitionnaires à leur intégration dans les projets d'aménagement et de construction. Elles doivent permettre de recréer une armature végétale forte, lien entre les deux réservoirs de biodiversité de la forêt situés de part et d'autre de la ZAE. Il s'agit de faire du paysage une composante majeure du site"



mardi 2 janvier 2024

Bulletin 2024-1 (version html)

 

 

 


Echos Bleau

Bulletin de l'association Fontainebleau Patrimoine

 

28ème année – n° 2024-1 – J a n v i  e r  2 0 2 4

 

p. 1 Vœux et nouvelles

p. 2-3 : L'ORT, cheval de Troie du béton

p. 4 Protection du patrimoine architectural et paysager  : double langage

 

Editorial :

 

Des bons vœux pour 2024

 

Il me serait doux de temps en temps d'annoncer de bonnes nouvelles. Le travail de nos associations devrait être, dans un Etat normal, de conseiller les collectivités pour qu'elles favorisent les travaux de restauration, qu'elles proposent des programmes de mise en valeur du patrimoine, bref de jouer un rôle positif.

Malheureusement, bien souvent, nous sommes obligés d'être en réaction à des projets aberrants pour l'architecture et le patrimoine, des plans et programmes destinés à bétonner plus sans tenir compte du cadre de vie et des capacités des services publics et des transports (les élus prennent-ils le train ?).

Mais loin d'être ravis de cette situation de Cassandre dans laquelle certains élus aiment à nous réduire sinon nous caricaturer, nous déplorons au contraire d'avoir à rappeler à ces maires et présidents de collectivités qu'ils ne sont pas les maîtres, mais au contraire les serviteurs du Peuple. Peuple qui en a visiblement assez d'être contraint de vivre dans des Villes qu'il ne reconnaît plus au profit d'objectifs absurdes et dans l'intérêt privé de certains promoteurs ! Les doubles discours sont de plus en plus mal venus et il y a un véritable ras-le-bol : les citoyens en ont marre de ceux qui prétendent défendre le territoire tout le détruisant.

 

Tout cela ne m'empêchera pas de vous présenter mes vœux sincères pour 2024 !

 

Dr Guillaume Bricker, Président

Nouvelles diverses

 

168 Logements étudiants rue des Archives (ex Maison Forestière d'Avon)



Une réunion publique a été organisée le 6 décembre 2023 par la Ville d'Avon en présence du directeur général de la Société d'économie mixte du Pays de Fontainebleau (SEM), promoteur, et du Maire de Fontainebleau qui pousse à cette opération. Ces derniers, campés sur leurs positions (cimentées ?), n'ont pas été très convaincants, même en promettant bien peu crédiblement de protéger en partie les sols.

La municipalité avonnaise a raison lorsqu'elle refuse la densité à Fontainebleau, mais paraît se contredire en l'acceptant à tort sur l'axe de la gare. Le public était furieux contre le béton.

La Ville d'Avon et le Comité de défense d'action et de sauvegarde d'Avon ont attaqué la modification n° 12 du Plan local d'urbanisme qui rend possible l'opération, devant la Cour administrative d'appel de Paris (la Loi sur les JO lui donne compétence en raison du Stade concerné). Le permis de construire a été déposé le 21 novembre 2023 (archi. Dumont).

 

Projet de Schéma directeur de la région Ile de France (SDRIF)

Le projet a été mis en forme par le Conseil régional du 12 juillet 2023.

Les élus régionaux, dans la continuité du Parlement, poursuivent leur délire bétonneur :

plus de logements : "Les documents  d’urbanisme doivent contribuer à la mise en œuvre de l’objectif de construction de 70 000 logements par an défini par la loi  du 3 juin 2010 relative au Grand Paris, à l’échelle [IDF]".

plus dense : le nombre de logements au sein des espaces urbanisés […] doit progresser en moyenne de  13 %, à l’horizon 2040." " La mobilisation des capacités d’urbanisation non cartographiées doit permettre d’atteindre une densité […]au moins égale à 20 logements par hectare".

La protection des paysages des parcs et jardins et des monuments  tient de l'anecdotique (le mot "monument" est cité une fois en 74 pages de règlement) : bref, la Région sous couvert de "maîtrise" poursuit son objectif de mégalopole (mégalo tout court) au détriment d'un véritable aménagement du territoire et sans tenir compte ni du cadre de vie et de l'environnement ni de l'histoire ni d'ailleurs des besoins et de la dignité des habitants d'un territoire sur-artificialisé, sur-exploité, bref de plus en plus dénaturé et inhumain.

Fontainebleau mérite une destinée différente de la banlieusardisation en marche que nos élus locaux semblent adorer tout en faisant mine de le déplorer.

 

Projet de Schéma régional de l'habitat et de l'hébergement 2024-2030 (SRHH)

Le projet de SRHH du 30/11/23 a été soumis à la consultation des collectivités :

- "Les objectifs de construction de logements, […], pour la période 2024-2030 sont les suivants : 77 CA du Pays de Fontainebleau : 300". Soit  1800 logements en 6 ans !

- "Objectifs de production de logements sociaux CA du Pays de Fontainebleau :

borne basse : 141 / borne haute : 169soit 846 – 1014 HLM en 6 ans !

Des objectifs hélas cohérents avec le délirant projet de Programme local de l'habitat (PLH) avec en 6 ans 1906 logements pour la CAPF (749 HLM) dont 1000 logements pour Fontainebleau (240 HLM) et 180 à Avon (290 HLM) !

 

Opération de revitalisation du territoire (ORT) :

grande manip pour bétonner plus


 


Les opérations de revitalisation du territoire (ORT) devaient être une opération de financement des cœurs de ville et de la rénovation urbaine. Comme toujours l'Etat impécunieux n'a rien trouvé de mieux que d'utiliser le levier le moins coûteux sur le plan financier mais le plus odieux sur le plan de l'architecture et du patrimoine : faciliter le bétonnage, c'est à dire augmenter la « charge foncière ». L’adaptation des documents d’urbanisme (SCOT, PLU) au projet de territoire contenu dans l’ORT peut être ainsi facilitée dans le cadre de la procédure intégrée prévue dans le code de l’urbanisme (art. L 300-6-1). Mais c'est surtout la possibilité de dérogation aux règles des plans d'urbanisme qui intéresse la Ville, en application de l'épouvantable article L. 152-6-4 du code de l'urbanisme (à droite) :

Le législateur permet donc de modifier de favoriser la densification sans soumettre les élus à des procédures de concertation avec le public, sans étude d'impact, avec des garanties absolument ridicules. Ce déni de démocratie aura sans doute de graves, de très graves conséquences. Précédent fâcheux (précédemment commenté dans ce bulletin) : la Ville de Fontainebleau a déjà permis à la Société d'économie mixte de recourir à cet artifice, place Patton, avec une justification qui nous apparaît comme irrecevable (quelle intégration harmonieuse !) et qui n'a pas manqué d'entraîner un contentieux.

De nouveaux secteurs sont menacés par l'Etat, la Ville et la Communauté d'agglomération (CAPF) complices, en vue de favoriser les intérêts purement privés de promoteurs au détriment de l'intérêt général, suite à la délibération de la CAPF du 14 décembre 2023 qui modifie de l'ORT :

"D’un point de vue opérationnel et concernant l’axe 1 du programme Action Coeur de Ville, le renouvellement de qualité attendu sur les 3 entrées de ville : Foch/Carrefour des 8 routes et Warnery permettra d’offrir des logements de qualité (sic) permettant de produire une offre diversifiée et requalifiée" (sic).

 
Article L. 152-6-4 du code de l'urbanisme

"Dans le périmètre [...] des secteurs d'intervention des opérations de revitalisation de territoire, délimités en application de l'article L. 303-2 du code de la construction et de l'habitation, des dérogations au règlement du plan local d'urbanisme ou du document en tenant lieu peuvent être autorisées, dans les conditions et selon les modalités définies au présent article, pour contribuer au développement ou à la revitalisation du territoire et pour faciliter le renouvellement urbain et la maîtrise de l'étalement urbain.

 

En tenant compte de la nature du projet, de la zone d'implantation, de son intégration harmonieuse dans le tissu urbain existant (sic), de la contribution au développement, à la transformation ou à la revitalisation de la zone concernée et à la lutte contre la consommation des espaces naturels agricoles et forestiers et dans le respect des objectifs de mixité sociale et fonctionnelle,

l'autorité compétente pour délivrer le permis de construire peut, dans les zones urbaines, par décision motivée :

 

1° Déroger aux règles de retrait fixant une distance minimale par rapport aux limites séparatives;

 

2° Déroger aux règles relatives au gabarit et à la densité, dans la limite d'une majoration de 30 % du gabarit et de la densité prévus dans le document d'urbanisme ;

 

3° Déroger aux obligations en matière de stationnement, en tenant compte de la qualité et des modes de desserte, de la densité urbaine ou des besoins propres du projet au regard des capacités de stationnement existantes à proximité ;

 

4° Autoriser une destination non autorisée par le document d'urbanisme, dès lors qu'elle contribue à la diversification des fonctions urbaines du secteur concerné ;

 

5° Autoriser une dérogation supplémentaire de 15 % des règles relatives au gabarit pour les constructions contribuant à la qualité du cadre de vie, par la création d'espaces extérieurs en continuité des habitations, assurant un équilibre entre les espaces construits et les espaces libres. Cette dérogation supplémentaire ne peut concourir à excéder 50 % de dépassement au total".



Le secteur Ouest

 

Citations de l'ORT : "La Tour Warnery constitue en soi un défi d’intégration d’entrée de ville majeure pour Fontainebleau et le territoire via le carrefour de la Libération.

Le bâtiment Henri Dunant fait également partie de ce secteur inclut dans la convention tripartite Etat-Fontainebleau-FSM.

La rénovation de la Tour mais aussi la recomposition de certaines parcelles avoisinantes, la proximité des logements et commerces de la Faisanderie, les pôles d’enseignement à proximité, générateurs de flux, font de cette entrée de ville un enjeu majeur de renouvellement urbain pour la ville de Fontainebleau."



Il s'agit très clairement pour la majorité municipale de revenir sur une opération qui avait été ratée, c'est à dire le bétonnage de l'entrée de ville projeté en 2007 (vue de droite). Visiblement cette majorité n'a rien appris et n'a rien oublié et veut gâcher une entrée de ville qui a déjà souffert en densifiant toujours plus.

 

Secteur de la Bonne Dame (Boulevard Foch)

Citations de l'ORT :"L’EPAHD qui occupe la Villa Baucis est en cours de mutation, un plateau sportif municipal est proche alors que le tissu résidentiel présente quelques tènements non bâtis alors que l’ensemble est en lisière de la forêt classée.

La ville de Fontainebleau souhaite maîtriser (sic) la mutation de cette entrée de ville patrimoniale". "Cette entrée de ville entre forêt et boulevard extérieur devra dans les formes urbaines et architecturales démontrer le lien entre ville et nature, pavillons et petits collectifs, équipements et logements."

En ce qui concerne le site de l'EHPAD Baucis fondé par le Dr Alfred Saillon et une villa voisine, le promoteur ELGEA a fait déjà réaliser une étude capacitaire par l'architecte Barbara Dumont qui prévoit 7 immeubles de 4 niveaux (R+2+C) pour environ 5000 m² de surface de plancher et une voie intérieure, tout en détruisant largement les boisements existants. Rien de tel en effet pour " démontrer le lien entre ville et nature" que prétend l'ORT !





 

Villas conservées

 

EHPAD à démolir

 

Immeubles nouveaux pris sur l'EHPAD démoli

 

Immeubles nouveaux pris sur les boisements

 

Nouvelle voirie prise sur les boisements

Plaine de la Chambre

 

Citations de l'ORT : "Par ailleurs, dans le secteur de la Plaine de la Chambre et conformément à la convention tripartite Etat-Fontainebleau-FSM, l’ensemble des résidences de logements sociaux des Foyers de Seine et Marne seront réhabilités et reconstruits afin d’offrir des conditions de confort énergétiques répondant aux nouvelles exigences environnementales".

Sous couvert de défendre la qualité des entrées de ville, il s'agit de favoriser le bétonnage de la Plaine de la Chambre au profit des Foyers de Seine-et-Marne permettant de construire 210 logements à la place de 130.  On rappellera que l'ORT permettra de déroger aux règles d'urbanisme actuelles. La Convention citée et que nous avons commenté dans un précédent Echos Bleau prévoyait en effet d'adapter les documents d'urbanisme : c'est chose faite "en douceur" et sans concertation aucune.

Projet de requalification urbaine rue de la Gare (Avon)

Citations de l'ORT : La ville d'Avon s'engage dans un projet urbain en secteur gare, futur pôle de centralité de la ville au vu des différents projets en cours.  un projet de requalification des bâtiments le long de la rue de la gare est engagé par la ville afin de:

- Lutter contre l’habitat indigne, suspicion de marchands de sommeil (15 logements au total),

Répondre aux obligations de la loi SRU, la ville étant déficitaire en matière de logement social,[…]

Différents outils ont été lancés:

- Décision de préemption de la ville d'Avon sur un bien situé au 12 rue de la gare, et occupé par le bar hôtel restaurant « Le Départ ». Ce dossier fait l'objet d'une étude pour la fixation du prix par le juge d’expropriation.

- Une convention avec l’Etablissement Public Foncier d’Île-de-France (EPFIF) a été signée le 3 avril 2023 avec la ville d'Avon pour une opération globale, regroupant l’ensemble des parcelles voisines, aujourd’hui en ventes (sic) ou en passe de l’être.

- Délégation du droit de préemption urbain à l’EPFIF. Un dossier de préemption est en cours afin d'acquérir une des propriétés intégrées dans le périmètre de maîtrise foncière.

Cette requalification permettra la réalisation d'un programme immobilier, dont la programmation est prévue dans le cadre de la convention avec l’ EPFIF:

- 300m² de commerces en pied d’immeuble

- Maximum 60 logements dont 30% en logement social

- Résidence sociale étudiante [NDA : nbre de chambres NC]

Budget global 3,5 millions €

Note : on pourrait y ajouter encore  l'Ilot Ouest de la ZAC…



La Ville d'Avon qui critique à juste titre les bétonnages de la Ville de Fontainebleau au sud de l'agglomération semble ne pas se gêner pour bétonner un maximum l'axe de la gare : c'est regrettable de se contredire ainsi.

Lors de la réunion publique organisée par cette commune pour dénoncer le projet de résidence étudiante au sud (voir p. 1), le Maire d'Avon a saboté son argumentaire en considérant que le projet de résidence étudiants serait mieux à la gare, ce qui est absurde, les inconvénients dénoncés étant largement les mêmes (aspect architectural et densité inadaptés, saturation des voiries, des transports, des services publics... ). La SEM du Pays de Fontainebleau n'a pas manqué d'ironiser en pointant cette contradiction. Mme Nouhaud n'en a pas moins raison de refuser le bétonnage du Bréau et du Haut d'Avon !

 

On l'aura compris, les collectivités et l'Etat se sont arrangés entre eux, sans vergogne, pour détourner ce dispositif de revitalisation sous des prétextes divers pratiquement sans réelle justification (qualité des entrées de ville, amélioration de l'habitat) pour favoriser toujours et pratiquement en tous lieux les bétonnages au profit de promoteurs et de soi-disant défenseurs des mal-logés, qui seront sans doute mal-entassés, sans pratiquement d'espaces verts. Cité-jardin, c'est oui, Cité-béton, c'est non !


Défense des monuments historiques et des sites :

la parole publique de plus en plus discréditée


 

Il est apparu dans les argumentaires municipaux que la commune était protégée contre des mauvais projets qui porteraient atteintes au patrimoine et à la Ville d'Art et d'histoire. Malheureusement la politique suivie réellement trahit un discours qui ne convainc vraiment plus personne :

 

Auto-critique du Maire en façade

bétonnage par le Maire en réalité

Lors d'une visite de quartier Damesme le 9 décembre 2023, le Maire a dû faire face à des très vives critiques, notamment sur le nouvel EHPAD situé rue Matry (17 millions € de travaux). Il a reconnu que l'établissement est un ratage architectural, ce qui est d'autant plus grave qu'il est situé à proximité de la chapelle de l'hôpital. C'était pourtant visible au plan :

Projeté



Réalisé



Il l'a reconnu aussi pour la résidence étudiante à la place de la  Polyclinique. Tous ont jugé que le bâtiment était trop haut et trop massif (ci-dessous). Le quartier avait déjà souffert des constructions autour de la caserne Chataux.



Si M. le Maire se rend compte que cela ne peut plus durer, ce n'est pas trop tôt, mais qu'il en tire les conséquences. Sinon Culpa lata dolo aequiparatur (Lorsqu’elle est particulièrement lourde, la faute de négligence est assimilée au dol).

En réponse à ces opinions qu'il n'a pu que reconnaître comme justifiées, le maire de Fontainebleau a indiqué que l'adjointe à l'Urbanisme, Me Bollet, serait désormais plus attentive aux dossiers de construction afin d'éviter que de telles situations ne se reproduisent. Nous sommes sceptiques, car il faudrait que celle-ci applique l'article R.111-27 du code de l'urbanisme qui dispose : "Le projet peut être refusé ou n'être accepté que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales si les constructions, par leur situation, leur architecture, leurs dimensions ou l'aspect extérieur des bâtiments ou ouvrages à édifier ou à modifier, sont de nature à porter atteinte au caractère ou à l'intérêt des lieux avoisinants, aux sites, aux paysages naturels ou urbains ainsi qu'à la conservation des perspectives monumentales". Et si la Ville se dotait d'un architecte conseil compétent, comme l'était M. Wagon ?

Jusqu'à présent la politique de la municipalité a démontré une volonté pathologique de détruire la Ville dans son essence en la dénaturant par des projets inadaptés et qui s'opposent à toute idée d'intégration harmonieuse. Il faut que cela change !


L'architecte des bâtiments de France (ABF),

Le subterfuge d'une fausse protection

Le Maire a ajouté l'argument selon lequel la Ville était protégée par l'avis de l'architecte des bâtiments de France dans le périmètre du site patrimonial remarquable (SPR).

Voilà un argument sans grande valeur, car l'ABF disposait déjà d'un avis conforme (droit de veto pour faire simple) dans le périmètre de 500 m des monuments historiques et en site classé, ce qui recouvre déjà la grande majorité de la Ville !  Cet argument nous a été sorti tellement de fois qu'il en est éculé. Ainsi, il avait été utilisé par la Ville d'Avon pour refuser le classement du Parc des Basses-loges : l'ABF le protègerait déjà. Cela n'a pas empêché un projet d'EHPAD très laid, qui heureusement a avorté (voir ci-dessous).



Lors de la modification  n° 12 du PLU, le Maire a justifié l'absence de réglementation dans le quartier justement de l'Hôpital par la protection du SPR : et dans le passé (ci-contre), l'ABF a-t-il pris des bonnes mesures ? Non ! Le rédacteur de cet article enseigne le droit de l'urbanisme à l'Université : il peut donc affirmer que la protection du patrimoine relève tant du Ministère de la Culture que des collectivités territoriales et que la compétence juridique du premier ne justifie nullement l'abstention des dernières, chacun à sa responsabilité propre. Non content de se défausser sur l'ABF (qui malheureusement semble un filet bien lâche), la commune promeut la densité sans aucune conscience.

Reste que le site patrimonial remarquable a  bien été délimité (en excluant scandaleuse les terrains du sud de l'agglomération), mais il n'y a toujours pas de réglementation (soit un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV), soit d’un Plan de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine (PVAP)). On s'inquiète même de ce futur règlement qui risque certes de contraindre beaucoup l'ancien, mais de laisser la bride sur le cou aux constructions contemporaines (infra) !

 

Conclusion : le Classement UNESCO menacé

par la faute de la municipalité

Il va de soi que ces méthodes inacceptables de la commune mettent gravement en péril le projet de classement à l'UNESCO de la forêt au titre du patrimoine culturel mondial et qui exige un périmètre de protection urbain. Notre association ne manque jamais de tenir au courant l'UNESCO des derniers bétonnages.

La municipalité sera désormais tenue en haut-lieu pour responsable de ces pratiques. Il ne faudra pas ensuite venir pleurer !


 

Extraits d'un document "gestion des travaux en espaces protégés"

par l'ABF Mme Michard (5/12/2017) :

 


 

Bulletin 2024-1

 





mardi 20 juin 2023

Lettre ouverte du 20 juin 2023 sur l'aménagement du quartier du Bréau

Société pour la protection des paysages et l'esthétique de la France (SPPEF)

Correspondante de Fontainebleau

Association déclarée d’utilité publique

Courriel : inesderibes@gmail.com

104, rue Saint Merry 77300Fontainebleau

Fontainebleau Patrimoine

Association loi 1901 n° 9741 déclarée au JORF du 11 décembre 1996 p. 5454

Site : fontainebleau-patrimoine.blogspot.fr

Courriel : echosbleau@gmail.com Tel : 01 60 74 80 33

24, Bd Thiers 77300 Fontainebleau

 

 

 

 

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux,

 

 

Votre Commission Aménagement urbain, Urbanisme, Patrimoine (bâtiments publics) et Transition Ecologique se réunit le 22 juin 2023, en session plénière, avec notamment une réflexion sur l'Aménagement du quartier du Bréau qui sera ensuite soumise au conseil municipal du 3 juillet 2023.

 

A cet égard, nos associations souhaitent vous faire parvenir son commentaire sur la note de présentation pour alimenter la réflexion de votre commission et lui permettre de délibérer son avis dans les meilleures conditions d'information.

 

Nous vous prions prie d'agréer, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux,, notre considération distinguée.

 

 

Fait à Fontainebleau, le 20 juin 2023.

 

 

 

La Correspondante de la SPPEF à Fontainebleau

Inès Champetier de Ribes

Pour le directoire de Fontainebleau Patrimoine

Le Président,

Dr Guillaume Bricker

 

 

 

 

 

 


 


Document original

Commentaire des associations

CONSEIL MUNICIPAL du 3 juillet 2023

Commission Aménagement urbain, Urbanisme,

Patrimoine (bâtiments publics) et Transition Ecologique

Jeudi 22 juin 2023 à 2ohoo

Note de présentation

Objet : Aménagement du quartier du Bréau

Rapporteur :

 

 

Contexte

 

 

 

La Ville de Fontainebleau, comme le Pays de Fontainebleau, doivent aujourd’hui définir les grands axes de l’aménagement urbain de leur territoire pour les prochaines années.

 

Les différents documents d’urbanisme en cours d’élaboration (PLH, PLUi dont sa partie PADD) posent des questions fondamentales sur la vision stratégique qu’ont les élus pour leur territoire.

Le CDAS d'Avon et Fontainebleau Patrimoine vous ont fait part de nos inquiétudes à ce sujet dans une lettre ouverte aux conseillers municipaux distribuée samedi 17 juin 2023 à Avon, Bois le Roi et Fontainebleau.

 

Il n'est pas anodin de rappeler le vote du 20 avril 2023 de la CAPF sur le programme local de l'habitat (PLH) imposerait : - au total, les logements sociaux :  Fontainebleau : 198 ; Avon : 760 ; sur 6 ans, objectifs globaux de construction :   Avon : 180 dont 90 neufs       ; Fontainebleau : 1000 dont 845 neufs (à comparer avec les 9300 logements existants à Fontainebleau) ; 33 à 40 places projetées au bunker (Rocher d'Avon) pour le terrain des gens du voyage.

 

Même en conservant l'objectif de 1000 logements en abaissant le nombre de logements à créer et en augmentant le nombre de logements vacants à remettre sur le marché, le PLH doit être revu entièrement. Mais ce n'est pas l'objet principal de nos observations.

D’autres, comme le SPR à Fontainebleau, fixent une ambition claire de préservation d’un patrimoine existant au regard de son caractère remarquable.

Le périmètre du site patrimonial remarquable de Fontainebleau (SPR) exclut, soigneusement le secteur des terrains militaires, par demande de la Ville de Fontainebleau et la CAPF.  L'ambition de préservation de l'environnement du patrimoine culturelle n'est donc pas avérée.

 

 

Considérant également toutes les obligations réglementaires qui s’imposent, comme celles de la Loi SRU qui fixe un pourcentage de logements sociaux ou aidés aux communes de plus de 3500 habitants en Ile- de-France, il est évident que tout projet urbain doit désormais se réfléchir à l’échelle d’un territoire, et bien évidemment en restant à la hauteur des défis de notre époque..

A cet égard, la Ville de Fontainebleau va au-delà des obligations, déjà fort discutables et qui auraient du être discutées avec la Préfecture, de logements sociaux.

En effet, Le Conseil municipal du 7 février 2022 a accepté une convention avec l'entreprise de HLM les Foyers de Seine et Marne (FSM). Le programme prévoit l'accroissement du parc de 675 logements sociaux à terme soit par des démolitions suivies de reconstructions plus denses (Bréau, Plaine de la Chambre) soit directement par des constructions nouvelles (Bd de Constance par exemple). A comparer avec les 198 que l'Etat souhaite !

Plus concrètement, il n’est plus possible d’imaginer un projet urbain à Fontainebleau sans en mesurer les impacts immédiats sur l’équilibre global de la ville elle-même, ou sur celui du coeur urbain qu’elle forme avec la Ville d’Avon ; il est également devenu impossible d’ignorer les conséquences de chaque projet sur notre environnement, sur les équilibres en termes d’équipements ou de services publics.

Nos associations se réjouissent de voir repris ici les principes de bon sens qu'elles ne cessent de répéter alors que s'égrènent sans vergogne les projets immobiliers de plus en plus denses, et sans aucune évaluation d'impact digne de ce nom sur les transports, les services publics, la sauvegarde des espaces verts ou le patrimoine culturel.

Ces principes seront-ils appliqués ? C'est à voir.

Ainsi, alors que se profilent les premières décisions relatives à l’aménagement du quartier du Bréau à Fontainebleau, il est indispensable de fixer les exigences qui devront guider les projets et les décisions publiques

Contrairement à ce qui est indiqué, des décisions ont déjà engagé le secteur du Bréau : la création d'un hôpital public-privé qui a échoué, la création d'un cinéma, la rénovation plus dense du quartier HLM existant du Bréau et bien évidemment la construction, contestée, de 511 logements aux Subsistances militaires.

 

 

Par ailleurs, cette note exclut regrettablement la réflexion sur les autres terrains du sud de l'agglomération : Héronnières, Clos des Ebats, Subsistances, Maison forestière dite d'Avon, pour lesquels il n'y a pas de vision globale.

 

 

 

 

 

 

Les postulats

 

 

L’aménagement du quartier du Bréau va dessiner l’avenir de la Ville de Fontainebleau pour des dizaines d’années : les choix d’aménagement qui seront faits doivent être pensés à la hauteur des défis sociétaux, environnementaux et climatiques qui se présentent.

Il ne faut pas confondre contraintes et objectifs, ce ne sont pas les "défis" en question qui conditionnement le programme de l'opération. Or, finalement cette note ne se prononce pas réellement sur les objectifs en la matière.

Sans oublier les défis qui visent à ne plus générer de pollution directe sur notre environnement par des choix d’aménagement ou l’encouragement de pratiques nuisibles à la biodiversité. Ils doivent clairement anticiper ce qui est désormais inéluctable, à savoir une variation importante de nos conditions de vie, eu égard au réchauffement climatique.

La construction est sans doute l'un des facteurs d'atteintes les plus importants à la biodiversité.

Le paradigme qui a guidé l’aménagement urbain ces dernières années doit être renversé : la définition des justes besoins guidera les réponses, elles-mêmes traduites à l’aune de cette certitude qui nous fixe comme horizon climatique de court terme, à Fontainebleau, celui actuel de Séville en Espagne.

Le paradigme des années précédentes consistait d'abord et avant tout à favoriser les promoteurs de logements.

 

Le choix de l'artificialisation est celui qui conduit à l'aggravation du confort climatique urbain. L'autorité semble ignorer par exemple le phénomène de l'îlot de chaleur, c'est à dire l'absorption et la restitution de la chaleur par les bâtiments et les voiries. En ajouter de nouvelles, est-ce la bonne réponse à cet horizon ?

Si Fontainebleau dispose d’un patrimoine naturel exceptionnel, ce dernier ne doit pas exonérer chaque projet nouveau d’une réflexion poussée sur la réinsertion du végétal et de la biodiversité dans l’organisation de nos espaces urbains.

Ces affirmations seraient vertueuses si elles étaient vérifiées dans la réalité. Or, la collectivité ne se propose nullement de restituer ce qui était un terrain forestier à la nature. Si nous n'en demandons pas autant, nous notons la contradiction de la commune dans cette affaire.

Quant à intégrer le végétal, les projets actuels ou à venir (Quartier Chataux, résidences étudiantes rue Lagorsse-rue Matry, Maison forestière dite d'Avon, Plaine de la Chambre, etc.) ne démontrent pas encore cette volonté, que l'on espère sincère.

 

Le paragraphe précédent est d'autant plus regrettable qu'il semble omettre le patrimoine culturel. A cet égard, les projets réalisés ou projetés démontrent l'absence de réflexion et de prise en considération de ce patrimoine d'une Ville d'art et d'histoire. L'administration communale s'est privée d'un architecte conseil qui eut pu mieux réaliser l'intégration des immeubles récents, dont la densité, la hauteur, les matériaux, le rythmes des façades démontrent clairement l'inadaptation au cadre architectural urbain et paysager !

De plus, afin de mieux appréhender les enjeux de développement du Bréau que souhaitent porter les élus de Fontainebleau, il nous semble nécessaire de replacer le curseur dans les éléments de contexte du territoire tels que nous en avons la responsabilité.

 

Il est important de rappeler également que Fontainebleau assure les charges de centralité que lui confère son positionnement de ville centre avec son rayonnement culturel et touristique, son attractivité commerciale, et ses ressources en enseignements, servant (ou irrigant ?) ainsi tout le Pays de Fontainebleau. Chaque commune sait déjà, pour ce qui la concerne, combien atteindre ou conserver un équilibre fonctionnel est délicat, qui plus est dans ce contexte économique, sociétal et environnemental en mutation.

 

C’est pourquoi il est primordial que le développement du Bréau ne perturbe pas les habitants et les acteurs de la ville actuelle, ni ne rende ingérables ou dysfonctionnels les équipements et les services publics qui soutiennent la vie bellifontaine d’aujourd’hui. S’il est évident que les sujets structurels et préalables à tout aménagement que sont l’approvisionnement en eau potable, les capacités d’assainissement, la fourniture d’énergie mais aussi le réseau viaire et l’offre de transports, seront étudiés comme invariants des choix d’aménagement, il est indispensable également de conserver en objectif, un seuil raisonnable et maitrisé de développement de population. Cet objectif est essentiel afin de conserver notre capacité à faire fonctionner qualitativement tous les services publics induits et les conditions de vie et d’activités, agréables pour tous.

A cet égard, nous ne pouvons que souscrire à cette affirmation. Tout le problème c'est qu'elle risque bien de rester lettre-morte si elle n'est pas accompagnée d'études indépendantes et pertinentes.

Nous ne sommes pas sans connaître les enjeux de construction de logements dans notre territoire, mais il nous semble que Fontainebleau a su déjà, et saura dans les années futures, répondre à cet enjeu avec les principaux programmes connus à ce jour.

Phrase qui, outre son ambiguïté sur lesdits enjeux, est plus que sujette à caution si elle invoque de prétendues réussites du passé pour justifier les erreurs du futur.

Imaginer construire au-delà des besoins identifiés n’est ni raisonnable, ni soutenable.

Nous sommes parfaitement d'accord sur le principe, à condition que celui-ci soit appliqué dans la réalité. Ainsi, il faudrait préciser comment ses besoins sont identifiés et sur quelles bases.

Rappelons encore que le Bréau est souvent présenté comme un secteur en friches, vide de toute occupation. Or, le Bréau accueille d’ores et déjà de nombreux habitants. Il est important de noter que sur ce secteur l’habitat est essentiellement composé de logements sociaux, soit près de 300 logements, propriétés des Foyers de Seine-et-Marne. Par ailleurs, des activités importantes pour le Pays de Fontainebleau l’animent (complexe de loisirs Halles de Villars, le siège de Picard, ...).

Cette observation est tout à fait justifiée. Faut-il encore aggraver les inconvénients de ce quartier ?

 

 

Cet état des lieux exclut bien évidemment le nombre croissant de gens du voyage, au sujet desquels nous demandons dans les meilleurs délais la réalisation de l’aire d’accueil réglementaire au titre du quota de la Ville de Fontainebleau sur le site du Bunker.

L'affirmation conclusive selon laquelle "il est évident que tous les projets urbains déployés sur la ville voisine d’Avon doivent entrer dans une même logique de co-définition des enjeux. On ne peut plus avoir d’opposition de principes à des projets selon qu’ils sont situés de part ou d’autre d’une limite communale, ceci est le fondement et la raison d’être de l’intercommunalité" (voir infra) est bien évidemment démenti par ces décisions motu proprio de la Ville de Fontainebleau d'imposer un terrain pour les gens du voyage à côté de la Ville d'Avon, sans concertation avec elle ni avec ses habitants.

 

 

C’est pourquoi le nombre et la typologie des logements qui pourraient être implantés au Bréau ne pourront pas être la variable d’ajustement d’un quelconque projet d’aménagement et du bilan qui l’accompagnerait. Il est impératif que le dessein précède le bilan financier sous peine d’en payer les prix sociaux, environnementaux et de fonctionnement pendant de très longues années.

Nous sommes bien d'accord, cependant, il ne faut pas non plus que le déficit d'un bilan financier futur vienne justifier, la dégradation du programme et favoriser la densité, comme c'est trop souvent le cas (Quartier Magenta-1ère partie, ZAC des Yèbles à la gare d'Avon).

Le développement futur du Bréau devra répondre à différents enjeux qui dépassent et intègrent nos sujets bellifontains. La transition énergétique et la sauvegarde du vivant est l’un d’entre eux. A ce titre nous devons être visionnaires et exemplaires, pour assumer notre responsabilité collective et l’héritage sociétal que nous allons laisser aux générations futures. Quel que soit le programme qui pourra être établi, celui-ci devra assurer son articulation avec les capacités naturelles et structurelles (eau-biodiversité-énergie-déplacements), avec les besoins futurs de Fontainebleau en logements et en activités économiques, il nous parait indispensable d’exiger des propositions réversibles, non seulement dans la forme urbaine (plan-découpage parcellaire) mais aussi dans les fonctions (bâtiments d’activités pouvant devenir logements et vice-versa).

L'autorité omet de souligner que ledit terrain du Bréau en application du décret Carnot de 1894 n'était que prêté au mInistère de la Guerre et que lors de son abandon, le terrain devait être restitué à la forêt domaniale de Fontainebleau et reboisé. Ce n'est que grâce (à cause ?) de l'intercommunalité et de la Ville de Fontainebleau que l'Etat a renoncé au retour de ce terrain au domaine forestier pour mieux le vendre.

On peut difficilement considérer que l'on s'inscrive dans l'écologie en action vers une transition en faveur des générations futures. La bienséance eut été de ne pas mentionner de tels arguments dont on sait qu'ils sont viciés à la base. Quant à la réversibilité, ces projets d'urbanisme n'en sont donc que la négation la plus exacte.

Par ailleurs l’incidence du développement économique ne peut pas être négligée. Nous devons rendre possible l’accueil au Bréau de toutes sortes d’opportunités d’activités, qu’elles soient déjà présentes dans le Pays de Fontainebleau et/ou qu’elles puissent s’intégrer à l’ADN du territoire en créant globalement des emplois et de la valeur ajoutée. Des sièges d’entreprises, des locaux adaptés à des activités tertiaires permettront de répondre aux défis de l’emploi et du développement économique dans notre territoire.

Cette réflexion paraît tellement frappé du coin du bon sens que le commissaire-enquêteur lors de la modification du plan local d'urbanisme concernant les Subsistances (donc une partie du Bréau) avait souligné avec force "il s'agit dans la modification n°10 du PLU de ne plus classer le site du Parc des Subsistances en zone d'habitat, mais de définir une zone qui soit le réceptacle d'activités (économiques, culturelles, de service, d'enseignement... avec un traitement paysager) (Les réserves s'imposent dans un projet et elles doivent être levées. Faute de quoi, l'avis du Commissaire Enquêteur devient défavorable) ".

Force est de constater que cette réserve n'a pas été levée. Et qu'un contentieux est en cours contre le PLU et le PC qui a suivi…

Les modalités de circulation et les flux urbains du futur quartier du Bréau devront également être pris en considération en renversant là encore le paradigme de ce qui existe à Fontainebleau : les transports publics, les modes de déplacement alternatifs à la voiture thermique doivent être au cœur des réflexions d’aménagement.

Nous constatons surtout que la trame viaire et les besoins en transports vont encore aggraver la situation.

La ligne ferroviaire R est en voie de saturation, est-il responsable de penser à construire dans cette circonstance en ajoutant de la population consommatrice ? Personne, et surtout pas les usagers, ne peut le croire.

Le réseau viaire ne doit pas être celui d’une ville qui laisse encore la place centrale aux déplacements individuels polluants.

Ainsi, le projet de rond-point sur la RD606 (à proximité de l'ancienne loge maçonnique Brie-Champagne) va prendre encore un peu de forêt domaniale, alors qu'il eut été plus écologique en matière de foncier de réactiver le rond point de Maintenon.

Enfin, et préalablement à tout démarrage de projet, il nous semble important de commencer à animer le lieu par une gestion temporaire, qui restera au service du territoire en anticipant sur son devenir. A titre d’exemple le développement d’une pépinière de préfiguration ou toutes autres activités provisoires /apporteraient une nouvelle vie au Bréau. Cette action d’urbanisme de transition, cadrée par l’agglomération, pourrait accompagner la réflexion sur le devenir du site en testant les réponses à apporter aux besoins du territoire. Cette démarche aura également pour avantage d’acter l’intérêt que porte la collectivité à ce secteur et de renforcer progressivement l’usage que fera la population d’un périmètre dont l’aménagement sera d’importance majeure pour la Ville et pour notre territoire.

Il s'agit d'une démarche essentiellement publicitaire destinée à faire croire, car personne n'est dupe, à l'irréversibilité de l'artificialisation du secteur du Bréau.

La définition du futur programme d’aménagement ne doit pas être pensé dans une logique de rentabilité économique pour le propriétaire public qu’est la CAPF mais bien dans une logique d’investissement pour le cœur de ville de demain de notre agglomération.

Si nous sommes d'accord que la seule rentabilité n'est pas le critérium du service public, on discutera en revanche largement de la durabilité des investissements et du coût de fonctionnement. Le contribuable n'a pas vocation à payer pour le seul plaisir de payer des déficits.

 

 

Les mesures à intégrer pour assurer les équilibres de quartier en termes d’équipements structurants et de destinations au sein d’une armature urbaine végétalisée :

Nous ne commenterons pas toutes les propositions dont certaines peuvent relever du bon sens et d'autres moins, sinon de vœux plus ou moins pieux. On pourra se demander s'il s'agit de faire passer la pilule en la dorant de services au public ou de l'expression d'un certain aveuglement.

Sur le plan environnemental, on constatera surtout qu'il s'agit d'un indiscutable surcroît d'artificialisation liée à l'augmentation de la population.

Sur le plan financier, les conseillers municipaux responsables d'interrogeront sur les ressources qui devront nécessairement abonder les investissements et le fonctionnement de ce programme d'équipements publics. Il va de soi que le contribuable bellifontain (doublé du contribuable communautaire) habitant déjà ici n'a pas très envie de payer de nouveaux impôts, alors même qu'il constate que nombre de services et réseaux dont il devrait disposer ne fonctionnent pas correctement (par exemple voirie largement dégradée comme l'audit l'a souligné récemment). Bref, nous demandons respectueusement combien tout cela va coûter et qui paiera.

Amélioration des conditions d’accessibilité et de stationnement : parking d’entrée de ville, en silo, pour les touristes, visiteurs.

 

Renforcement de l’offre culturelle : accueil d’une infrastructure couverte polyvalente et modulable destinée au spectacle, à l’expression artistique, aux activités associatives

 

Renforcement des infrastructures sportives, avec un complexe couvert pour répondre aux besoins de Fontainebleau et d’Avon

 

Accueil de professionnels de santé : aménagement de locaux adaptés

En la matière ce ne sont pas les locaux qui manquent le plus…

Offre de services publics à l’échelle du quartier : annexes, compléments de services publics

 

Création d’espaces publics multifonctions pour événements de rue, marchés, brocantes, vie de quartier

 

Mixité fonctionnelle ; accueil d’entreprises par la dévolution de m2 au profit du développement économique territorial, destinations adaptées à l’implantation d’entreprises de type artisanal (volumes, accessibilité, travail en synergie entre prestataires ou métiers)

 

Offre de surfaces dédiées à l’immobilier tertiaire

 

Maintien d’une part congrue et adaptée de nature en ville ponctuée d’aires de jeux et de sports pour tous, y compris pour les jeunes du quartier (aire de jeux, city stade, plateau de basket 3X3, etc...)

L'expression de "réduire à la portion congrue" (dont l'origine religieuse démontrait déjà des méthodes regrettables pour le clergé séculier) convient parfaitement au dessein de la collectivité, c'est à dire laisser moins que le nécessaire.

 

 

La méthode

La méthode nous paraît que trop imparfaitement esquissé pour être opératoire. Nous suggérons à l'autorité de lire la charte de la concertation du Ministère de l'environnement de 1996 (https://i-cpc.org/wp-content/uploads/2013/04/Minist%C3%A8re-environnement-1996-Charte-de-la-concertation.pdf) .

Réussir ce pari demande une prise de conscience générale de la nécessité de coopération permanente. La Ville de Fontainebleau ne peut pas être en dehors des processus de décisions pour le devenir de ce périmètre compris au sein de ses limites communales mais doit en être au cœur.

Mais, ni les associations ni le public ne souhaitent non plus continuer à être mis en dehors du processionnel décisionnel, comme cela l'a été de longue date.

Les divers contentieux du passé comme en cours démontrent que la méthodologie d'exclusion ne fonctionne jamais et se brise sur le principe de réalité.

Enfin, alors que la Ville de Fontainebleau propose que ce quartier devienne une signature exemplaire pour le Pays de Fontainebleau, il est évident que tous les projets urbains déployés sur la ville voisine d’Avon doivent entrer dans une même logique de co-définition des enjeux. On ne peut plus avoir d’opposition de principes à des projets selon qu’ils sont situés de part ou d’autre d’une limite communale, ceci est le fondement et la raison d’être de l’intercommunalité. Nous devons parvenir à créer au Bréau un espace de ville commun qui sera profitable à l’ensemble de l’agglomération par le modèle qu’il donnera à voir et à vivre

S'il s'agit de dénier à la Ville d'Avon son droit de critiquer l'impact des opérations que la Ville de Fontainebleau ou l'intercommunalité croient de leur seul ressort (cf. Héronnières, Bréau, maison forestière dite d'Avon, bunker…), nous ne pouvons y souscrire .

S'il s'agit au contraire de dire à la Ville d'Avon que ses projets d'urbanisme sont inacceptables, sur l'axe de la gare ou ailleurs (ZAC de la gare, intervention de l'EPFIF, diverses promotions sur les avenues F.D0 Roosevelt et de Gaule…), en raison de l'impact sur l'agglomération, nous sommes alors parfaitement d'accord.

Bref, contrairement à la réflexion sous-jacente qui consistera à faire croire que l'opposition aux projets relève d'une simple et purement formelle querelle de clochers entre deux municipalités, il y a en réalité des motifs plus profonds et opposables aux deux collectivités. La mise en accord pour bétonner plus ne serait que plus désastreuse et resterait tout aussi critiquable.

La gouvernance de ce projet exige transparence, exigence et co-responsabilité permanente.

Elles seront donc à mettre à l'essai dès maintenant. La CAPF, comme la Ville de Fontainebleau, ont jusqu'à présent conserver par-devers elles leurs projets...

 


 

En conclusion rapide de nos observations :

 

Nous invitons la collectivité à hiérarchiser dans ses invariants :

- la protection réelle du patrimoine naturel et culturel, ce qui implique de se doter d'un architecte-conseil qui soit à même de faire respecter la Ville d'Art et d'Histoire (et imposer, y compris et surtout pour le neuf, une densité, des hauteurs, des matériaux, des styles de façades qui soient compatibles avec le site historique et le respect du cadre de vie) pour éviter de revenir sur les récents projets inadaptés, hors sols ou sans aucun lien avec la Ville; mais aussi de réfléchir à conserver de véritables espaces verts source de biodiversité et de fraîcheur en ville;

- la proportionnalité entre les capacités des services publics et notamment des transports dont la saturation est avérée (en particulier ferroviaire) et le développement éventuel de l'immobilier;

- la priorité absolue qui doit être donner à la rénovation des logements vacants ou en mauvais état (respectueuse du cadre de vie) sur le neuf;

- pour ce qui est d'un éventuel programme, prioriser la santé, la formation et la recherche, les affaires économiques, le secteur social ou le tourisme raisonnable avant le logement, non pas en pensant en terme de charge foncière (c'est à dire uniquement le placement de surface de plancher) mais en terme de ce qui est possible et réellement réalisable, et surtout utiles d'abord aux habitants de la Ville ; cela suppose une étude de marché complète pour ne pas gâcher la dernière réserve foncière de l'agglomération.

 

En terme de méthode, et sans développer plus avant, nous invitons la commune à

- se doter d'une expertise en matière de patrimoine, d'architecture, de programmation qui ne visera plus à faire du simple placement de masse mais à inscrire sincèrement et sans arrière pensée l'extension de la Ville dans la continuité de celle-ci, sur le plan historique, architectural, urbain et paysager plutôt qu'à vouloir créer une ville nouvelle de banlieue sans lien et avec une programmation hors sol;

- mettre en œuvre un véritable débat public avec les associations et les citoyens habitants la collectivité qui doivent être au cœur de la décision, ce sont eux qui doivent contribuer à définir ce qu'ils veulent pour notre agglomération (tout en tenant compte de l'avis des résidents de la Ville d'Avon qui sont aussi concernés). 

 

C'est comme cela que Fontainebleau pourra garder sa place, sa différence, sa spécificité patrimoniale et environnementale plutôt que se fondre dans la banalité et le béton.