jeudi 1 novembre 2018

lundi 29 octobre 2018

Communiqué de presse du 17 octobre 2018 : Fontainebleau Patrimoine demande la révision du projet la Caserne Chataux



 

Fontainebleau Patrimoine

Association loi 1901 n° 9741 déclarée  au JORF du 11 décembre 1996 p. 5454
Siège : 24, Bd Thiers 77300 Fontainebleau  Site internet  : fontainebleau-patrimoine.blogspot.fr  Courriel : echosbleau@gmail.com Tel : 01 60 74 80 33

Communiqué de presse du 17 octobre 2018
Fontainebleau Patrimoine demande la révision du projet  la Caserne Chataux



La Caserne Chataux et son quartier mérite mieux que le projet qui actuellement proposé.

La programmation comporte, selon les informations qui nous été communiquées aimablement par l’architecte Nicolas JAN AILLERET : 115 logements ; 202 places de parking, intégré en sous-sol. Le nombre de logements et de voitures induites par le projet apparaissent comme disproportionnés par rapport à un quartier composé de maisons de ville.
La circulation risque d’être plus importante dans une zone en mutation, sans compter les besoins des populations nouvelles (transports, services scolaires...).

S’il y a lieu de souligner l’effort de l’architecte, qui a des capacités réelles, dans sa volonté de conserver l’hémicycle d’entrée et les deux pavillons qui le flanquent, si l’on remarque ses recherches sur le bâtiment central historique, les nouvelles constructions montrent une dysharmonie importante avec le style traditionnel des bâtiments subsistants et l’environnement urbain.

En premier lieu, les dimensions des immeubles écraseront la rue Clément Matry comme les immeubles avoisinants (R+3+attique = 5 niveaux). Le mal vient d’abord au plan local d’urbanisme modifié en 2014 à la demande du Maire de Fontainebleau pour assurer une super-densification.  Il est regrettable d’avoir introduit d’ailleurs un lourd plan masse obligatoire qui brise la symétrie du site originel, interdisant une meilleure répartition.
En second lieu, l’aspect général relève du style international, qui est daté paradoxalement des années 20, et a pour caractéristique principale des bâtiments en rupture totale avec les traditions du passé, avec la mise en en valeur les volumes par des surfaces extérieures lisses, ici blanc cassé, et sans ornementation (pas de volets par exemple). Coiffant le tout, les toitures en acier laqué simili zinc, malgré une recherche de mouvements pour éviter la monotonie, tiennent plus de l’architecture industrielle.
En troisième lieu, le recours à de la tôle perforée pour symboliser les ombres de la forêt constitue non seulement un non-sens, mais un enlaidissement supplémentaire, comme d’ailleurs les garde-corps en verre. La brique est utilisée anecdotiquement pour certains rez-de-chaussée, au contraire de l’usage traditionnel qui la place en chaînes d’angle ou en bandeaux.

On ne peut que souligner la totale incohérence de l'ensemble et son manque d'unité : pas de lien entre la caserne conservée, les petits bâtiments côté propriétés et la barre (avec ses plaques métalliques). Malgré une recherche historique finalement inutilisée et un travail de la paysagiste qui mérite le détour, le projet est inacceptable et traduit une mauvaise compréhension de ce que l’on attend dans une ville d’art et d’histoire comme Fontainebleau qui attire plus par son esthétique traditionnelle que par des constructions anonymes que l’on peut retrouver dans n’importe quelle banlieue, à quelques enjolivures près.
Nous ne pouvons croire que le conseil de l’architecte des bâtiments de France, Isabelle MICHARD, aurait explicitement imposé une architecte « contemporaine », alors l’intégration architecturale est pourtant une des missions des services culturels de l’État. C’est une telle position de son prédécesseur qui avait conduit à l’échec du projet de cinéma Sélect place Napoléon Bonaparte, projet désavoué d’ailleurs par l’inspection générale du patrimoine.

Le tout forme un terrible contraste entre l’esthétique classique du bâtiment ancien, réussie et adaptée et une architecture sans aucun lien que l’on veut plaquer à toute force sans intégration aucune. Il faut revenir à une construction moins dense, à taille humaine, plus proche de l'architecture traditionnelle qui loin du pastiche conforte l'attractivité de notre territoire.
Fontainebleau Patrimoine espère que le promoteur de l’opération comme l’architecte entendront leurs intérêts comme ceux des habitants et réviseront un projet, qui, sinon, serait mal parti.

Pour le Directoire, Dr Guillaume Bricker, Président

Annexe : une interview de Jean Nouvel dans la revue sites et monuments


Patrimoine contre modernité : vaste débat si on l'aborde dans sa généralité, peut-il conserver encore un sens ?

Jean Nouvel : « Je suis un contextuel : toute la question actuelle oppose la proposition d'architecture parachutée à la proposition de ceux qui prennent mesure de celles qui les précèdent.
Je suis contre les objets célibataires.

Un acte architectural peut-il légitimement se déconnecter de tout tissu historique, social et environnemental ?

Ainsi le débat patrimoine contre modernité pourrait être considéré comme un simple non sens puisque la modernité ne peut elle-même débarquer tel un ovni exsangue de toute culture, culture dont le mot « Patrimoine » est synonyme.
Les villes anciennes présentent une grande unité due à l'unité des matériaux (à Fontainebleau, le grès est très présent).
Les lieux de mémoire doivent être préservés : c'est le cas des établissements religieux et militaires.

Les tracés urbains structurent une ville et constituent son ossature et sa mémoire. L'architecture doit être polie avec son environnement : le volume, la hauteur et les matériaux doivent respecter le paysage urbain. Les modifications de façades, les surélévations et les changements de fenêtres peuvent défigurer une façade en quelques heures
Le mobilier urbain permet d'embellir ou de défigurer une ville".

Sites et Monuments n°182.  

lundi 15 octobre 2018

lundi 11 juin 2018