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Communiqué
de Presse du 11 septembre 2025
Réunion publique du 8 septembre
2025 sur le projet d’aménagement du Bréau :
Des assurances politiques qui masquent un manque d’études préalables et des risques financiers sous-estimés
L’association Fontainebleau Patrimoine, engagée depuis 1996 dans la protection du patrimoine culturel, environnemental et du cadre de vie de Fontainebleau et de ses environs, réagit à la réunion publique du 8 septembre 2025, organisée par la Communauté d’Agglomération du Pays de Fontainebleau (CAPF), la Ville de Fontainebleau et Grand Paris Aménagement (GPA), concernant l’aménagement des friches militaires du Bréau. Cette réunion, tenue au Cinéparadis de Fontainebleau, visait à restituer les résultats de la concertation initiale et à présenter un diagnostic préliminaire.
Bien que nous saluions l’ouverture au dialogue public, nous regrettons un processus qui avance sans fondations solides, exposant le projet à des dérapages potentiels aux conséquences irréversibles pour le territoire. Alors que les responsables n’ont cessé de GPA, la Ville ou la CAPF de dire que rien n’était "ficelé", comme l’a souligné notre président, Guillaume BRICKER, lors de son intervention, les lignes directrices présentées arrivent prématurément, sans que les études essentielles n’aient été achevées ni rendues publiques. Conformément aux exigences légales, une concertation publique doit s’appuyer sur des données objectives et transparentes pour évaluer la compatibilité du projet avec les enjeux.
I. Effets socio-économiques mal évalués : une saturation des infrastructures ignorée
Les lignes directrices incluent des pistes programmatiques telles que des logements, des équipements publics, des pôles économiques ou touristiques, mais celles-ci manquent de fondations solides. Les priorités issues de la concertation (équipements animés, emploi local, convivialité) sont avancées par les élus, mais non étayées par une enquête socio-économique fine. Si M. Gondard parle d’intuition ou de convictions, il renvoie aux élections pour le débat final, alors qu'une partie de la société civile ne se politise pas sur le Bréau.
Les craintes d’un "quartier dortoir" ou d’une densification excessive, exprimées par les habitants du Bréau et le public, soulignent un paradoxe : répondre aux besoins sans saturer les infrastructures et les services disponibles, qui sont déjà sous tension.
Les intervenants ont admis la saturation actuelle des infrastructures (chemin de fer, centre ville, fréquences bus limitées, engorgement des voiries avonnaises). Une étude de circulation (salutaire) est en cours et n’a donc pas encore été présentée, malgré des conclusions antérieures pointant une saturation existante. L’absence d’analyse d’impact sur l'absorption des nouveaux habitants envisagés est la démonstration même de ces insuffisantes d'études.
La mise en avant par les élus des besoins du public, prétextés mais jamais étudiés, sert trop souvent de paravents à des velléités de réaliser des équipements publics (sportifs ou culturels) comme prétexte de la bétonisation du site, mode de financement unique dans leur esprit. Les besoins sociaux ne sont jamais mis en avant alors qu'il est visible que la CAPF est dans un désert médical !
Quant aux besoins économiques que la création de bureaux pourraient satisfaire, les élus sont restés au niveau d'un discours mille fois répété mais sans jamais fournir de preuve de leurs assertions.
Ces lacunes vont à l'encontre de l’esprit de la concertation : des conclusions sont tirées sans bases factuelles, exposant le projet à des contestations potentielles pour insuffisance d’information préalable.
II. Impact environnemental et patrimonial : un site menacé par l’absence d’études
C'est donc l'environnement qui est menacé par cette insuffisance de prévision des impacts.
Selon le visionnaire décret Carnot de 1891, à la fin de son usage militaire, ce site forestier aurait dû être reboisé pour rejoindre la forêt de Fontainebleau, classée réserve de biosphère et site UNESCO. Ce retour à la forêt se manifeste aujourd’hui par un processus spontané de renaturation, avec 23 % du site boisé et 9 % en prairie, témoignant de sa résilience écologique. Cette dynamique naturelle constitue une opportunité unique pour préserver un poumon vert à la lisière de la ville, dans un contexte de crise climatique. Ce processus de renaturation mérite d’être étudié en détails et de trouver des financements adéquats sur le plan régional, national et européen pour répondre aux enjeux écologiques.
Concernant l’environnement, la gestion de l’eau pose des défis majeurs : le diagnostic évoque des contraintes topographiques et hydrologiques (ruisseaux historiques, cuvette naturelle), mais sans étude approfondie sur la raréfaction de la ressource, les risques d’inondations ou la gestion des eaux pluviales. La proximité de la forêt de Fontainebleau (site Natura 2000) impose une évaluation rigoureuse.
Soulignons en particulier les impacts d’une urbanisation accrue pourrait aggraver les tensions actuelles concernant l’adduction d’eau potable, ce que le maire d’Avon et le Président de la CAPF (proposant un forage jugé critique, même sans nouvelle construction) ont affirmé d'ailleurs, ce qui traduit une inadéquation entre la construction et les besoins majeurs et vitaux.
Dans un contexte de réchauffement climatique (+4°C à l’horizon 2050), le projet doit prioriser la résilience. Le diagnostic mentionne une imperméabilisation à 50% du site et une zone boisée à 23% et en prairie à 9 %, mais sans étude environnementale exhaustive (biodiversité, carbone, renaturation). Nous insistons sur l’opportunité d’une piste "zéro construction" pour préserver cette lisière forestière, classée UNESCO, et éviter une dette environnementale future (comme des îlots de chaleur !).
Sur le plan patrimonial, proche du château de Fontainebleau (patrimoine UNESCO), le site exige une architecture exemplaire. En admettant des constructions, ce qui reste à établir, le risque d’une urbanisation anarchique – comme observée dans les politiques passées (ex maison forestière d’Avon, HLM trop dense et inadaptés au besoin des habitants) – menace l’harmonie patrimoniale sans réglementation précise et claire et sans rendre service au cadre de vie. Les bâtiments existants (halles vertes, stand de tir) méritent une expertise sur leur réemploi.
III. Risque de dérapage financier et urbain : une bétonisation pour équilibrer les comptes
Au-delà des études manquantes, nous alertons sur les risques financiers sous-estimés, qui pourraient contraindre à une densification excessive pour équilibrer les comptes. Les élus (Pascal Gouhoury, Julien Gondard) comme GPA (Stephan de Fay) assurent un contrôle public et une approche mesurée, mais les réalités budgétaires contredisent ces affirmations :
- les coûts de désimperméabilisation (50% du site bétonné, avec épaisseurs importantes dues à l’usage militaire) et de dépollution (friches post-OTAN) s’annoncent élevés, sans chiffrage précis présenté.
- La reprise potentielle du projet des Subsistances (511 logements à Avon, en contentieux devant le tribunal administratif suite à l’action du Comité de Défense de l’Action Sociale d’Avon – CDAS) pourrait alourdir la facture en voulant indemniser un promoteur dont le permis est douteux.
–Le coût même du terrain, propriété de la CAPF, qu’elle pourrait faire "flamber" à des fins purement budgétaires (ou pour pousser au béton !).
Il est donc clair que, ces charges – non quantifiées publiquement – pourraient n’être compensées que par la cession de terrains à des promoteurs privés, favorisant une bétonisation intensive. L’agglomération, propriétaire du site, risque ainsi de sacrifier l’équilibre environnemental et patrimonial pour un "équilibre financier", comme l’a évoqué M. Gouhoury, Président de la CAPF. Pire, il s’agirait de justifier un programme de bétonnage que la CAPF avait déjà étudié précédemment.
IV. Alternatives pour un projet durable : une vision respectueuse des habitants, de la nature et de l’histoire
L’association Fontainebleau Patrimoine tient à souligner les qualités exceptionnelles de la Ville, qui méritent une protection rigoureuse et une vision d’aménagement respectueuse de son histoire et de son potentiel.
Nous insistons sur la nécessité de répondre aux besoins des habitants du quartier du Bréau, en renforçant les réseaux de transport (bus, modes doux) et les commerces de proximité, sans ajouter de nouvelles constructions, ou à l’extrême rigueur celles uniquement nécessaires au quartier ou à la valorisation de l’environnement par un projet réellement d’intérêt écologique. On ajoutera que la réflexion doit porter sans doute sur des opérations de mise en valeur de la recherche et de l’enseignement ou de trouver des pistes pour la résilience alimentaire.
À la différence des approches des Foyers de Seine et Marne (FSM, gérant les logements sociaux) et de la Ville, qui ont privilégié des projets de densification, nous plaidons pour une approche préservant la qualité de vie et l’identité du quartier, en évitant une urbanisation supplémentaire qui aggraverait les saturations existantes (eau, mobilité, infrastructures). Sur un point, nous rejoignons Grand Paris Aménagement : la nécessité d’une vision globale et holistique, non seulement géographique, englobant les terrains militaires et les archives, mais aussi thématique, intégrant les enjeux environnementaux, sociaux et patrimoniaux. Cette approche est essentielle pour éviter une catastrophe urbaine, marquée par une bétonisation irréfléchie ou des projets déconnectés des réalités locales.
Ensemble, nous devons construire un projet exemplaire, respectueux du passé du site, de l’environnement, du patrimoine culturel et des aspirations des habitants. Fontainebleau Patrimoine appelle à suspendre toute avancée programmatique jusqu’à la réalisation et publication des études manquantes. Plusieurs associations (LPO, ANVL, APSAS, GNSA, FAPVS77…) proposent une piste de renaturation complète, alignée sur l’histoire du site et les impératifs climatiques, qui parait digne d’intérêt.